Le Menhir – Comment toucher
Les éditions théâtrales viennent de faire paraître deux textes de théâtre inédits. Le premier, Le Menhir, raconte une histoire de famille aussi atroce que douloureuse : un fils, devant le refus obstiné de son père de lui adresser la parole, décide de planter sa tente devant chez lui. Mais, à faire le menhir « en souvenir des vacances de famille en camping en Bretagne », il finit par se pétrifier. Sa mère disparaît avec lui : « avec toi par ici, je pars en morceaux ». Littéralement.
Cette parabole glaçante procède par touches surréalistes et fantastiques. Mais elle affiche également la vulgarité et la violence du quotidien, tant celles faites au corps qu’à l’esprit. Jean Cagnard, né en 1955, est déjà l’auteur de nombreuses pièces de théâtre, traduites en plusieurs langues.
Celle-ci est une forme courte pour deux personnages, à mi-chemin entre la poésie et la barbarie. Le dramaturge fait preuve d’une implacable lucidité psychologique : « Cet homme, my father, est dépendant de sa peur et de sa violence: un drogué ! ». Françoise Dolto n’a qu’à bien se tenir…
Le second texte est de Roland Fichet. Comment toucher , troisième pièce du triptyque « Anatomies », dont les deux premières ont été mises en scène au Congo et jouées dans plusieurs villes d’Afrique. Comment toucher ne déroge pas à la règle, puisque l’intrigue démarre à Maty-Ougourou au Congo, avant de se déplacer à Lagos , capitale du Nigeria.
L’auteur met en scène un groupe de rebelles de différentes nationalités, qui part en quête d’un disparu : Niang Saho, leur chef, dont ils ne savent s’il est mort ou vivant. Cette quête est le ressort essentiel de l’oeuvre , exploration charnelle autant que spirituelle. Roland Fichet aime s’aventurer dans ce continent très éloigné du nôtre et, dans ce décalage, il puise une perception originelle et mystérieuse des rapports humains. Une forme longue et 20 personnages pour les adeptes du voyage et de la langue peulh.
Barbara Petit
Jean Cagnard, Le Menhir, éditions théâtrales, 11 euros, 64 pages
Roland Fichet, Comment toucher, éditions théâtrales, 11,50 euros, 64 pages


C’est une histoire simple: Adrien est parti, et son père va réconforter sa belle-fille, Chloé (désormais seule avec deux enfants …que nous ne verrons pas). Il devient alors « un chic type » à ses yeux. Sans qu’il s’en rende compte, ce qu’il pointe le renvoie à sa propre histoire… Il a été incapable de vivre un grand amour, pour ne pas détruire une vie de famille bien rangée. Zabou Breitman en avait tiré un film avec notamment Daniel Auteuil; Patrice Leconte, lui, a réalisé une adaptation théâtrale du roman d’ Anna Gavalda , et, avec la complicité de son décorateur Ivan Maussion, a conçu l’intérieur d’une maison de montagne, ce qui contribue grandement au spectacle, et quelques bulles de rêve poétiques qui lui permettent de nous transporter à Hong-Kong ou à travers les halls d’un aéroport.
Le mythique Footsbarn Theatre a fait son retour pour un mois à la Cartoucherie, avec un spectacle à mi-chemin entre le cirque et le théâtre, intitulé : Sorry ! sous chapiteau, mais presque…
Kichinev, Kichina aujourd’hui, capitale de la Moldavie, autrefois en Bessarabie et dans l’empire russe, où Pouchkine fut exilé en 1920, fut le théâtre en 1903 puis en 1905 de terribles pogromes. Les habitants de Kichinev, pour venger un crime attribué à tort à des juifs, se déchaînèrent contre eux avec une sauvagerie incroyable sans que la police ni l’armée n’interviennent. Et en mai 1903, le poète Haïm Nahman Bialik, déjà reconnu comme le défenseur de la littérature hébraïque en Russie, fut envoyé par la Commission Historique Juive pour recueillir des témoignages auprès des survivants . Témoignages qu’il a transcrits en hébreu dans huit petits cahiers qui sont conservés dans les archives de la maison du poète à Tel-Aviv. Des extraits en seront publiés seulement en 1990.