2010 Médée(s)

2010 Médée(s) : tragi-comédie, texte et mise en scène de Clyde Chabot (La Communauté inavouable)

mede.jpgCette Médée n’est plus un sorcière ou une magicienne, ni la meurtrière vengeresse de ses propres enfants. Elle est la femme quittée. Parce que l’amour ne dure pas toujours, parce qu’elle est du côté du nid, qui emprisonne l’homme et ses désirs vagabonds. Parce que l’homme aurait besoin de se retremper dans la séduction pour se sentir homme…
Voici une Médée multiple : elles sont trois, face à deux Jason. La création du spectacle aussi est multiple : elle s’est faite en tranches de millefeuille, chaque étape apportant une sensibilité particulière, comme chaque regard. Gilles Ruard, auteur, a apporté son regard masculin sur le personnage de Jason, le chorégraphe Faustin Linyekula a « infiltré » la mise en scène en inspirant les marches et parcours des acteurs.
Musique, danse, vidéo : le spectacle embauche de multiples disciplines et styles, y compris dans le traitement du meurtre de l’enfant en comedia dell’arte – pas le meilleur moment, du reste, par manque de virtuosité-. Le spectateur subit une sorte de fascination, dans la lenteur, réveillée par quelques sourires, par l’entrée en scène de chansons populaires revisitées avec bonheur par le musicien Xavier Guerlin. Les comédiennes, Françoise Huguet, Aliénor de Mezamat et Anna Schmutz-Lacroix, donnent une juste énergie au texte, avec le charme de leurs différentes personnalités. Un « ancêtre » (Boris Lémant) crée une belle présence énigmatique. Avec tout ça, on n’est pas totalement emporté.
Le spectacle se joue sur le parquet de bal de la Ferme du bonheur, à Nanterre : on entend la rumeur de la circulation, le bruit des trains, le cri du paon de la ferme. Quelles belles métaphores sonores au service de cette Médée(s) moderne ! Dommage que le spectacle ne les écoute pas davantage. On sait bien que le théâtre est fragile, que les acteurs doivent tracer leur route envers et contre tout obstacle, et, après tout, c’est le travail du spectateur, de construire l’édifice des émotions et du sens. Mais quand même, on aurait aimé pouvoir rebondir sur l’énergie de ces intrusions.
Allez, il faut aller à la Ferme du bonheur, avec ses poiriers en fleurs, l’âne qui brait, la basse-cour, la cheminée où brûlent de grosses bûches, du vin rouge à la Jean Ferrat, et une Médée(s) moderne, femme d’aujourd’hui, de tous les quartiers, face à un double Jason (Xavier Guerlin et Stéphane Schoukroun) qui défend bien son morceau.
La tragédie est peut-être là : pas d’innocent, pas de coupable, la femme crée l’homme comme tel, l’homme la rend femme, et après… Après, il faut parfois se quitter.

 

Christine Friedel

 

A la Ferme du Bonheur 01 47 24 51 24 . Jusqu’au 11 avril

 

« mailto:contact@fermedubonheur.fr »

 

à suivre : les activités de la Ferme du bonheur, bals, pique-niques, jardinage, à cinq minutes du RER Nanterre Université.-

 

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