As you like it

As you like it de William Shakespeare, mis en scène de Sam Mendès

 

ayl.jpg  L’ histoire  de la construction de « The  Bridge Project » représente un pont entre deux continents, les Etats-Unis et l’Angleterre.
C’est le cinéaste Sam Mendès qui en est à l’origine. Diplômé de Cambridge, il se lance très tôt sur les planches. Engagé par la Royal Shakespeare Company, il travaille dans ce qui va devenir sa raison de vivre: le théâtre. Il devient le directeur du Donmar Warehouse Theater et rapidement ses productions ne se limitent plus alors à l’Angleterre.
Broadway lui ouvre ses portes et il met en scène quelques pièces comme: « The Blue Room » avec Nicole Kidman. Son adaptation de la célèbre comédie musicale: « Cabaret » attire l’attention de Steven Spielberg. Mendès lui propose alors le scénario « d’American Beauty » (film qui stigmatise les dérives de la société américaine et les fractures de la cellule familiale occidentale). Les Oscars du Meilleur film, Meilleur réalisateur, Meilleur Scénario et Meilleur acteur principal ( Kevin Spacey) récompensent ce premier film en 1999 et c’est le début de son amitié avec Spacey qui a débuté au théâtre en 1981; il passe par la télévision en 1986, c’est sa remarquable interprétation pour le rôle de Lester Burnhan, l’antihéros quadragénaire révolté contre « l’american way of life » qui le fera connaître de tous. De son propre aveu, « homme de théâtre avant tout », il est depuis 2003 le directeur artistique de L’Old Vic à Londres ( qui connu de grands jours sous Laurence Olivier et John Gielgud) où il interprètera avec succès le rôle éponyme de Richard II en 2005. Il donne en parallèle de nombreuses « master classes » et s’est fait l’ambassadeur du théâtre entre les deux rives. Il est depuis juin 2008, professeur d’art dramatique à l’Université d’Oxford.Désormais il vit entre Hollywood, New York et Londres et se partage entre sa passion pour le cinéma et le théâtre.Son militantisme pour la scène est impressionnant  et il entraîne alors Sam Mendès à bâtir « The Bridge Project« , ce pont entre les deux continents avec  un contrat:  deux pièces mise en scène par Mendès jouées à New York à la Broadway Academy of Music (BAM Harvey Theater) et coproduit par Kevin Spacey. La critique est unanime. La tournée mondiale a commencé en mars dernier en Asie.
Pierre Lescure, directeur du Théâtre Marigny, prend alors le  risque d’accueillir ce beau projet et nous offre en cadeau « As you like it » et « The Tempest » qui sont donc à l’affiche. Malgré le prix des places à 40, 60 et 90 euros qui est celui de Broadway!- la salle est comble.Tout d’abord, comédiens anglais et américains sont animés par cette même passion pour le jeu, et c’est un véritable travail de troupe que nous propose « As you like it »; cette comédie pastorale de Shakespeare devient alors un bonheur universel.
Les acteurs viennent des grandes scènes de Londres et de New York et ,sous la direction de Mendès, et ont une véritable présence, et leur  jeu fait preuve d’enthousiasme. Les costumes simples et intemporels. La poésie se ressent à travers le texte et les images: deux arbres, côté cour et côté jardin sont placés en avant-scène et contribuent à l’entrée du spectateur dans une nature omniprésente. Dès la première scène  dans un château, les arbres sont déjà là; puis on les retrouve comme élément constitutif de la forêt shakespearienne dans une réelle poésie visuelle (des poèmes y sont accrochés au début de la deuxième partie). Et les chants de cette troupe nous entraînent dans leur rêverie sur des mélodies inspirées de Paul Simon and Garfunkel au parfum musical des années soixante dix.
La compréhension du texte,  que ce soit en anglais ou en français (pour le surtitrage) est fidèle à la poésie de Shakespeare et paraît à la portée de tous. Un travail minutieux et précis de traduction révèle le texte; seul défaut:  le surtitrage détaillé est un peu rapide. De plus, à l’orchestre,  il est difficile de lire  le surtitrage placé au-dessus de la scène  qui est plus visible à la corbeille.Mais c’est tout de même une innovation pour une scène de théâtre privé parisienne.  La création lumière rend  ces images scéniques cinématographiques  qui sont d’une belle fluidité; la mise en scène de Sam Mendès fondée sur la philosophie de Shakespeare pour qui tout désordre de la nature a des conséquences sur l’humanité ,est un sujet plus que jamais d’actualité. »The Bridge Project » a été monté pour un public international, c’est un projet ambitieux à la hauteur de ses protagonistes, Sam Mendès et ses comédiens, pour notre plus grand plaisir.As you like it! 

 

Nathalie Markovics

 

Théâtre Marigny, du 14 au 17 avril, « As you like it », et du 20 au 24 avril, « The Tempest » ,et en tournée internationale

 

www.theatremarigny.fr
www.oldvictheatre.com

 

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Archive pour 22 avril, 2010

Don Giovanni

Don Giovanni, par les marionnettes de Prague

     Mille clochers, cent théâtres, des dizaines de marionnettes pendues dans les boutiques de souvenirs et plusieurs authentiques Don Giovanni par les marionnettes de Prague attendent le touriste dans l’une des plus belles villes d’Europe. Rançon de la beauté, de la richesse culturelle : ni voyageurs, ni visiteurs, il n’y a plus que des touristes, masse docile soumise aux impératifs de ce qu’il « faut voir ».
Nous avons donc vu, docilement, l’un des authentiques théâtres de marionnettes qui proposent aux touristes l’opéra de Mozart créé dans cette ville. 
Imaginez un petit théâtre, sombre, aux fauteuils de bois claquants, plein à craquer.
Un gracieux Mozart de 90cm de  haut prend la baguette, surgi de la fosse. Commence l’opéra, enregistré et diffusé sans grande subtilité, mais peu importe : le public chantonne les airs, et les mouvements des poupées. Celles que nous avons vues n’étaient pas toutes aussi jolies que le petit Mozart, mais parfois drôles et efficaces. Quelques gags, qui provoquent la joie d’une partie des spectateurs, comme l’intervention de plus en plus visible des manipulateurs. Que les mains gantées de noir des manipulateurs tombent « mortes » comme le père de Donna Anna, c’est une belle idée. Que la statue du commandeur prenne la forme du Golem que le même public a forcément vu dans son parcours touristique, bon… Qu’un manipulateur vienne sur scène – où il paraît un géant – montrer que la pièce s’éternise, qu’on a compris, que les vociférations du quatuor final sont de trop : c’est drôle un moment, mais  ça s’use vite. Timide coup de pied à la tradition : il y a là un peu de démagogie, et il y manque l’engagement de l’art. Hommage aux manipulateurs, habiles et même virtuoses.
Manque la grâce de la marionnette, faute d’exigence artistique, dans la réalisation des poupées, dans la conduite de la mise en scène. Mais ne nous plaignons pas, c’est assez bon pour des touristes…

Christine Friedel

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