Don Giovanni
Don Giovanni, par les marionnettes de Prague
Mille clochers, cent théâtres, des dizaines de marionnettes pendues dans les boutiques de souvenirs et plusieurs authentiques Don Giovanni par les marionnettes de Prague attendent le touriste dans l’une des plus belles villes d’Europe. Rançon de la beauté, de la richesse culturelle : ni voyageurs, ni visiteurs, il n’y a plus que des touristes, masse docile soumise aux impératifs de ce qu’il « faut voir ».
Nous avons donc vu, docilement, l’un des authentiques théâtres de marionnettes qui proposent aux touristes l’opéra de Mozart créé dans cette ville.
Imaginez un petit théâtre, sombre, aux fauteuils de bois claquants, plein à craquer.
Un gracieux Mozart de 90cm de haut prend la baguette, surgi de la fosse. Commence l’opéra, enregistré et diffusé sans grande subtilité, mais peu importe : le public chantonne les airs, et les mouvements des poupées. Celles que nous avons vues n’étaient pas toutes aussi jolies que le petit Mozart, mais parfois drôles et efficaces. Quelques gags, qui provoquent la joie d’une partie des spectateurs, comme l’intervention de plus en plus visible des manipulateurs. Que les mains gantées de noir des manipulateurs tombent « mortes » comme le père de Donna Anna, c’est une belle idée. Que la statue du commandeur prenne la forme du Golem que le même public a forcément vu dans son parcours touristique, bon… Qu’un manipulateur vienne sur scène – où il paraît un géant – montrer que la pièce s’éternise, qu’on a compris, que les vociférations du quatuor final sont de trop : c’est drôle un moment, mais ça s’use vite. Timide coup de pied à la tradition : il y a là un peu de démagogie, et il y manque l’engagement de l’art. Hommage aux manipulateurs, habiles et même virtuoses.
Manque la grâce de la marionnette, faute d’exigence artistique, dans la réalisation des poupées, dans la conduite de la mise en scène. Mais ne nous plaignons pas, c’est assez bon pour des touristes…
Christine Friedel
Où se donnait ce spectacle, je n’ai pas trouvé ?