La 24 ème nuit des Molières

 La 24 ème nuit des Molières à la Maison des Arts de Créteil.

  molieres.jpg  D’abord soulignons l’organisation impeccable de la soirée: navettes depuis Paris à l’aller comme au retour en pleine nuit, accueil rigoureux malgré le millier d’invités, places marqués à chaque  nom, etc…La soirée a commencé avec , petite innovation, en ouverture de la retransmission télévisée par France 2,  de Feu la mère de madame, de Feydeau, mise en scène pour la circonstance par Jean-Luc Moreau. Avec Emmanuelle Devos, Patrick Chesnais, Chrstine Murillo et Sébastien Thiéry. Cette courte pièce, un peu légère, qui repose essentiellement sur la chute avec le décor de colonnes blanches légèrement transformé de la remise des Trophées,  semblait perdue sur ce grand plateau. Et le jeu, presque intimiste et sans beaucoup de rythme, semblait davantage destiné au petit écran, puisque destinée à être retransmises dans toutes les chaumières du Cantal Nord comme du cantal Sud, sans oublier l’Aveyron et la Lozère.Bref, pas de la grande mise en scène.
  Puis la soirée , animée par l’inoxydable Michel Drucker et sa nièce Marie, commença avec quelques phrases de Line Renaud, présidente d’honneur, qui rappela,  avec l’humour et la générosité qu’on lui connaît, comment elle passa du music-hall au théâtre, la cinquantaine passée. Ovation debout immédiate de la salle toute entière.
   Puis,  ce fut la remise des trophées qui s’égrena avec, cette fois et sur un rythme un peu plus maîtrisé, tout au long de la soirée. On ne va pas vous les énumérer tous, d’autant que l’on s’y perd parfois dans les catégories forcément un peu artificielles de ces prix et cette distinction qui n’en finit pas de perdurer  entre théâtre public et théâtre privé, avec chacun leur Molière. Le commentaire en serait trop long à faire mais nous y reviendrons.
  Il y eut un formidable moment un peu inattendu: celui où Michel Galabru, Molère 2008 , est venu évoquer, avec beaucoup d’intelligence et d’humour,  Jean Anouilh décédé en 87… En revanche, rien -et c’est plus ennuyeux-sur Vitez mort il y a déjà vingt ans et sans lequel le théâtre contemporain ne serait pas celui qu’il est actuellement.
La page du
programme qui évoque celles et ceux qui nous ont quitté  cette année- dont le metteur en scène Roger Planchon, Jean-Paul Roussillon, l’émouvant  vieux Firs de la Cerisaie dont on se  disait que l’on ne le verrait plus jamais sur scène. Raymonde Temkine qui était la doyenne des critiques et qui continua à aller au théâtre jusqu’à quelques années avant sa disparition. André Benedetto, écrivain et metteur en scène avignonnais, l’un des créateurs du off.
  52860.jpgMais, sans doute une maudite faute de frappe dans le programme !!!! La grande Madeleine Marion, décédée il y a un mois,  est devenue Martine Marion, sosie de Claude François et qui passe régulièrement à la télévision. Aïe!
  En gros, chaque récompense était sans aucun doute méritée, même si,  dans chaque cas de figure, on ne voit pas bien la différence de qualité de jeu entre les quatre, cinq ou six nommés, et que la différence  de voix  a  dû être infime. Mais c’est bien que Laurent Terzieff ( photo plus haut) ait été remarqué pour L’Habilleur et Philoctète,  que la jeune Alice Belaïdi ait été distinguée, tout comme  comme Dominique Blanc; il est bien aussi qu’Alain Françon, visiblement très ému,  ait eu un prix pour sa Cerisaie, comme Joël Pommerat pour Cercles/ Fictions ( voir Le Théâtre du Blog ).
  En revanche, Guillaume Gallienne, acteur confirmé et bien connu de la Comédie-Française, Révélation théâtrale masculine pour son très remarquable solo dans  Guillaume et les garçons à table? Sans doute aurait-il mieux valu décerner le prix à  quelqu’un de moins connu comme Maxime d’Aboville ou  Alexandre Zambeaux. Pourquoi dans certains cas- vu le foisonnement des spectacles et le nombre de très bons acteurs qui les servent, ne pas dédoubler certains prix?
Mais ainsi va la vie d’une remise de trophées que ce soit dans un domaine artistique ou un autre… Forcément pas très équitable!  Michel Fagadau, directeur de la Comédie des Champs-Elysées, s’est plaint d’un manque de transparence quant à l’attribution des prix qui selon lui, n’est pas régie par des règles tout à fait exemplaires, du fait du trop faible nombre de membres du jury qui aient vu un spectacle . Sans doute n’a-t-il pas entièrement tort quand il dénonce cet état des choses.
Mais comment établir une juste répartition quand il y a tellement de productions chaque année. Irène Ajer, la Présidente  a déjà pas mal fait progresser ce qui est devenu, en un quart de siècle, une institution qui reste , malgré toutes les critiques, un formidable soutien de l’Etat et de la profession  toutes catégories confondues,  au théâtre, et au théâtre bien vivant, celui qui se fait parfois difficilement, et pas toujours dans les institutions reconnues…
Le Molière du Théâtre Public, ainsi  que celui du Créateur costumes, a été attribué aux Naufragés du Fol espoir, spectacle du Théâtre du Soleil, ( et sur lequel nos avions émis beaucoup de réserves)- en l’absence d’Ariane Mnouchkine, les dieux pourquoi mais quelques uns des comédiens étaient là.
Par ailleurs, Nicolas Bouchaud , comédiens, a dénoncé, avec juste raison, la mise à mal des droits sociaux dans la profession du spectacle, en partie à cause de la réforme des collectivités territoriales et de la suppression de la taxe professionnelle. Sa prise de parole intelligente et précise fut l’objet de nombreux applaudissements mais n’eut pas l’heur de plaire à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture  qui n’apprécia pas du tout ce rappel aux réalités. Monsieur le ministre,  visiblement furieux, se leva , demanda un micro et dit qu’il ne pouvait pas être d’accord avec ce qui venait d’être dit et que les portes de son bureau étaient toujours ouvertes, puis se rassit parmi les huées. Celui qu’on entend assez peu d’habitude, avait perdu  ici une belle occasion de se taire, et sa petite leçon de morale a été ressentie comme une claque par les comédiens et metteurs en scène présents.

   Les portes d’un ministre toujours ouvertes? On peut se permettre d’en douter; de toute façon, l’on vous tiendra au courant. Bilan de cette remise des trophées: c’est bien que la cérémonie ait quitté le centre de Paris pour Créteil, même si l’on a l’impression, à part la présence significative du député-maire, que cela se soit passé en dehors de la population locale…
   C’est bien aussi que la soirée ait été plus brève, et globalement, un peu moins compassée que les années précédentes-on aurait très bien pu se passer de ce  Feydeau conventionnel  qui  donnait une image assez vieillotte du théâtre- même si la pièce était jouée en costumes contemporains . Rappelons que l’auteur est mort il y a presque cent ans…
  Et quitte à décentraliser les choses, pourquoi ne pas organiser la cérémonie dans une grande ville ,capitale de région? Ce serait rappeler que le théâtre existe aussi ailleurs qu’à Paris, avec des créateurs et des comédiens remarquables…Enfin, c’est déjà un premier pas, le prix du  Spectacle Jeune Public a été remis à Villeneuve-les-Magulonne à Oh! Boy mise en scène d’Olivier Letellier. Donc affaire à suivre….

 

Philippe du Vignal


Archive pour 27 avril, 2010

La 24 ème nuit des Molières

 La 24 ème nuit des Molières à la Maison des Arts de Créteil.

  molieres.jpg  D’abord soulignons l’organisation impeccable de la soirée: navettes depuis Paris à l’aller comme au retour en pleine nuit, accueil rigoureux malgré le millier d’invités, places marqués à chaque  nom, etc…La soirée a commencé avec , petite innovation, en ouverture de la retransmission télévisée par France 2,  de Feu la mère de madame, de Feydeau, mise en scène pour la circonstance par Jean-Luc Moreau. Avec Emmanuelle Devos, Patrick Chesnais, Chrstine Murillo et Sébastien Thiéry. Cette courte pièce, un peu légère, qui repose essentiellement sur la chute avec le décor de colonnes blanches légèrement transformé de la remise des Trophées,  semblait perdue sur ce grand plateau. Et le jeu, presque intimiste et sans beaucoup de rythme, semblait davantage destiné au petit écran, puisque destinée à être retransmises dans toutes les chaumières du Cantal Nord comme du cantal Sud, sans oublier l’Aveyron et la Lozère.Bref, pas de la grande mise en scène.
  Puis la soirée , animée par l’inoxydable Michel Drucker et sa nièce Marie, commença avec quelques phrases de Line Renaud, présidente d’honneur, qui rappela,  avec l’humour et la générosité qu’on lui connaît, comment elle passa du music-hall au théâtre, la cinquantaine passée. Ovation debout immédiate de la salle toute entière.
   Puis,  ce fut la remise des trophées qui s’égrena avec, cette fois et sur un rythme un peu plus maîtrisé, tout au long de la soirée. On ne va pas vous les énumérer tous, d’autant que l’on s’y perd parfois dans les catégories forcément un peu artificielles de ces prix et cette distinction qui n’en finit pas de perdurer  entre théâtre public et théâtre privé, avec chacun leur Molière. Le commentaire en serait trop long à faire mais nous y reviendrons.
  Il y eut un formidable moment un peu inattendu: celui où Michel Galabru, Molère 2008 , est venu évoquer, avec beaucoup d’intelligence et d’humour,  Jean Anouilh décédé en 87… En revanche, rien -et c’est plus ennuyeux-sur Vitez mort il y a déjà vingt ans et sans lequel le théâtre contemporain ne serait pas celui qu’il est actuellement.
La page du
programme qui évoque celles et ceux qui nous ont quitté  cette année- dont le metteur en scène Roger Planchon, Jean-Paul Roussillon, l’émouvant  vieux Firs de la Cerisaie dont on se  disait que l’on ne le verrait plus jamais sur scène. Raymonde Temkine qui était la doyenne des critiques et qui continua à aller au théâtre jusqu’à quelques années avant sa disparition. André Benedetto, écrivain et metteur en scène avignonnais, l’un des créateurs du off.
  52860.jpgMais, sans doute une maudite faute de frappe dans le programme !!!! La grande Madeleine Marion, décédée il y a un mois,  est devenue Martine Marion, sosie de Claude François et qui passe régulièrement à la télévision. Aïe!
  En gros, chaque récompense était sans aucun doute méritée, même si,  dans chaque cas de figure, on ne voit pas bien la différence de qualité de jeu entre les quatre, cinq ou six nommés, et que la différence  de voix  a  dû être infime. Mais c’est bien que Laurent Terzieff ( photo plus haut) ait été remarqué pour L’Habilleur et Philoctète,  que la jeune Alice Belaïdi ait été distinguée, tout comme  comme Dominique Blanc; il est bien aussi qu’Alain Françon, visiblement très ému,  ait eu un prix pour sa Cerisaie, comme Joël Pommerat pour Cercles/ Fictions ( voir Le Théâtre du Blog ).
  En revanche, Guillaume Gallienne, acteur confirmé et bien connu de la Comédie-Française, Révélation théâtrale masculine pour son très remarquable solo dans  Guillaume et les garçons à table? Sans doute aurait-il mieux valu décerner le prix à  quelqu’un de moins connu comme Maxime d’Aboville ou  Alexandre Zambeaux. Pourquoi dans certains cas- vu le foisonnement des spectacles et le nombre de très bons acteurs qui les servent, ne pas dédoubler certains prix?
Mais ainsi va la vie d’une remise de trophées que ce soit dans un domaine artistique ou un autre… Forcément pas très équitable!  Michel Fagadau, directeur de la Comédie des Champs-Elysées, s’est plaint d’un manque de transparence quant à l’attribution des prix qui selon lui, n’est pas régie par des règles tout à fait exemplaires, du fait du trop faible nombre de membres du jury qui aient vu un spectacle . Sans doute n’a-t-il pas entièrement tort quand il dénonce cet état des choses.
Mais comment établir une juste répartition quand il y a tellement de productions chaque année. Irène Ajer, la Présidente  a déjà pas mal fait progresser ce qui est devenu, en un quart de siècle, une institution qui reste , malgré toutes les critiques, un formidable soutien de l’Etat et de la profession  toutes catégories confondues,  au théâtre, et au théâtre bien vivant, celui qui se fait parfois difficilement, et pas toujours dans les institutions reconnues…
Le Molière du Théâtre Public, ainsi  que celui du Créateur costumes, a été attribué aux Naufragés du Fol espoir, spectacle du Théâtre du Soleil, ( et sur lequel nos avions émis beaucoup de réserves)- en l’absence d’Ariane Mnouchkine, les dieux pourquoi mais quelques uns des comédiens étaient là.
Par ailleurs, Nicolas Bouchaud , comédiens, a dénoncé, avec juste raison, la mise à mal des droits sociaux dans la profession du spectacle, en partie à cause de la réforme des collectivités territoriales et de la suppression de la taxe professionnelle. Sa prise de parole intelligente et précise fut l’objet de nombreux applaudissements mais n’eut pas l’heur de plaire à Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture  qui n’apprécia pas du tout ce rappel aux réalités. Monsieur le ministre,  visiblement furieux, se leva , demanda un micro et dit qu’il ne pouvait pas être d’accord avec ce qui venait d’être dit et que les portes de son bureau étaient toujours ouvertes, puis se rassit parmi les huées. Celui qu’on entend assez peu d’habitude, avait perdu  ici une belle occasion de se taire, et sa petite leçon de morale a été ressentie comme une claque par les comédiens et metteurs en scène présents.

   Les portes d’un ministre toujours ouvertes? On peut se permettre d’en douter; de toute façon, l’on vous tiendra au courant. Bilan de cette remise des trophées: c’est bien que la cérémonie ait quitté le centre de Paris pour Créteil, même si l’on a l’impression, à part la présence significative du député-maire, que cela se soit passé en dehors de la population locale…
   C’est bien aussi que la soirée ait été plus brève, et globalement, un peu moins compassée que les années précédentes-on aurait très bien pu se passer de ce  Feydeau conventionnel  qui  donnait une image assez vieillotte du théâtre- même si la pièce était jouée en costumes contemporains . Rappelons que l’auteur est mort il y a presque cent ans…
  Et quitte à décentraliser les choses, pourquoi ne pas organiser la cérémonie dans une grande ville ,capitale de région? Ce serait rappeler que le théâtre existe aussi ailleurs qu’à Paris, avec des créateurs et des comédiens remarquables…Enfin, c’est déjà un premier pas, le prix du  Spectacle Jeune Public a été remis à Villeneuve-les-Magulonne à Oh! Boy mise en scène d’Olivier Letellier. Donc affaire à suivre….

 

Philippe du Vignal

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