ANNA POLITOVKAÏA : NON RÉÉDUCABLE

 

Anna Politkovskaia : non rééducable, d’après le texte de Stefano Massini, adaptation de Mireille Perrier.

 

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  À l’heure où la liberté de la presse est chaque jour davantage menacée −deux reporters de France 3 sont retenus en otage depuis décembre 2009 en Afghanistan pour avoir voulu y mener une enquête −, exhiber sur scène le combat d’une journaliste assassinée pour avoir fait son métier était presque une nécessité.
Pratiquer son métier, pour Anna Politkovskaia, c’était dire la vérité dans un pays où le mensonge est roi, où tous ceux qui ne se font pas les serviteurs zélés de la règle étatique, constituant une menace pour l’ordre établi, sont éliminés.
C’est ainsi que pendant une heure quinze, Mireille Perrier se glisse dans la peau de cette femme courageuse et déterminée, guidée par son seul désir de savoir et de faire savoir, et relate les crimes militaires et les mystifications du Kremlin envers la Tchétchénie. Mais, Tchétchénie ou Russie, nul vainqueur : partout, c’est la même monstruosité, la même barbarie, le même mépris pour la vie humaine.
Bien plus qu’une enquête composée de témoignages de soldats ou d’habitants en terrain miné, ou du récit d’expériences vécues comme la prise d’otages de Beslan ou le bombardement de Grozny, la pièce se fait la chronique des années Poutine et de sa négation des droits de l’homme.
Pour servir un théâtre du désastre, une scénographie minimaliste : aucun décor ou mobilier. Seuls les jeux de lumières et les bruitages évoquent les déflagrations des bombes. Quant à Mireille Perrier, elle porte, comme certainement Anna, un simple pardessus et un foulard. Malgré l’opportune idée de porter sur scène la lutte pour la liberté d’une femme qui lui a sacrifié sa vie,  le spectacle n’est pas à la hauteur de nos attentes : est-ce dû à un défaut de mise en scène ?
Malgré la bonne volonté de Mireille Perrier, l’émotion peine à passer. On garde ses distances, sans parvenir à être capté par ces aventures hors du commun et révoltantes. Certes, un monologue de cette durée demande non seulement de l’énergie, du rythme, mais encore un renouvellement constant des propositions dramaturgiques, que ce spectacle ne possède pas vraiment. Dommage!
Un spectacle bien faible en comparaison avec la pièce sur Svetlana Alexievitch, très persuasive, que nous avions vue récemment à Montreuil (voir article dans Le Théâtre du  Blog).Toutefois, pour ceux que la liberté d’expression, la liberté de la presse et du théâtre engagé intéressent, notez que les représentations sont suivies de rencontres qui prolongent le débat, avec des invités : journalistes, écrivains, metteurs en scène, cinéastes… 

 

Barbara Petit

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  Nous avions noté depuis longtemps ce spectacle dans notre agenda, après avoir dévoré Le Journal d’Anna Politovkaïa acheté à Nanterre à la sortie d’un spectacle de Lars Noren mais  qui ne parlait pas directement de cette journaliste hors du commun qui enquêtait  sur la répression coloniale féroce imposée en Tchétchénie par le Kremlin.   Mireille Perrier seule sur un plateau nu, est frêle, probablement comme Anna acharnée à dénoncer des crimes monstrueux.
Mais sa voix ne porte pas bien dans cette grande salle, notre  attente est déçue et on  décroche.  Cela dit, il y a de belles images, comme cette lumière rouge sur son manteau et son écharpe jetés à terre,  quand elle évoque les menaces terribles dont elle a fait l’objet, l’attentat “raté” qui a tué une femme lui ressemblant, l’évocation de ses enfants….Mais l’on reste un peu sur sa faim.

Edith Rappoport

 

Du 23 avril au 12 mai 2010 à la Maison des Métallos.

 

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