Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Zigg Stardust
Et puis j’ai demandé à Christian de jouer l’intro de Ziggy Stardust, conception, mise en scène, images de Renaud Cojo.
Imaginez une scène avec, au centre, la fameuse cabine rouge anglaise de téléphone que l’on trouve sur l’album de The Rise And Fall of Ziggy Stardust And The Spiders from Mars, une dizaine d’ écrans, une table métallique d’hôpital et un personnage chassé de grande bottes à semelles compensées joué par Renaud Cojo, coiffé d’une perruque rousse et armé d’une caméra stylo,deux fauteuils des années soixante. Renaud Cojo nous propose une sorte de réflexion artistique qui participe sans doute plus de la « performance » et du collage, plus que de l’acte théâtral.
A partir de l’admiration qu’il porte au chanteur David Bowie. Il y a sur scène un guitariste, et un jeune étudiant en théâtre à Bordeaux, (la ville de Cojo,) handicapé sur une chaise roulante qui dialogue avec Cojo, et un invité-surprise chaque soir; hier, c’était Jérôme Lecardeur, récemment nommé à la tête de la Scène nationale de Poitiers, qui lisait des extraits de livres de psychanalyse.
En fait, Renaud Cojo se propose aussi de parler de la fascination que peut exercer une vedette comme David Bowie jusqu’à susciter des vocations de gens qui veulent imiter à tout prix le célèbre chanteur, à partir d’une rencontre qu’il a faite avec un jeune homme rencontré au hasard d’une rue, et qui se disait son sosie officiel. Dédoublement de la personnalité, schizophrénie: c’est l’occasion pour Cojo de s’interroger sur la notion de travestissement et d’identité..
Et cela donne quoi? Un spectacle qui n’est pas sans intérêt, où l’on s’ennuie un peu comme dans toute performance: cela fait partie du jeu, puisqu’il n’y a pas de véritable scénario mais plutôt un ensemble d’actes/ évènements plus ou moins collés: lecture, petits dialogues minimaux en partie improvisés, images vidéo en direct avec grossissement, images vidéo où l’on peut voir Cojo marcher dans les rues de Londres, et, bien entendu, musique enregistré ou jouée sur scène. par le guitariste. On ne peut nier à Cojo un engagement certain et une sincérité manifeste, mais cette mise en abyme-un poil prétentieuse et un peu longuette – laisse quand même sur sa faim.
Cojo revendique le droit « de se délivrer du texte et de la dramaturgie, et de se rapprocher de pourquoi je fais du théâtre »: on veut bien mais pour le remplacer par quoi? Il y a malheureusement un certain conformisme, à la fois dans la mise en scène comme dans les images vidéo proposées, et on a déjà vu bien trop souvent ce genre de performance/spectacle. Alors, à voir? A vous de choisir…
Philippe du Vignal
Théâtre de la Cité Internationale jusqu’au 26 juin.