Une anthologie de l’optimisme
Une anthologie de l’optimisme, création et interprétation Pieter De Buysser et Jacob Wren.
Il y a Pieter qui est optimiste, et Jacob pessimiste. Les deux amis ont décidé de plancher sur cette disposition de l’esprit radicalement opposée. Leur cheminement les amène à envisager la possibilité d’un optimisme critique, sorte de praxis pour se hisser vers le haut dans un monde globalisé et dévoré par le capitalisme. Soit, comme Gramsci le préconisait, « allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ».
Durant une heure trente, les comparses vont donc nous faire part de leurs recherches, de l’avancée de leurs travaux, des contributions qu’ils ont reçues après avoir sollicité, à l’international, artistes, intellectuels, financiers et autres chefs d’entreprise dans le but de composer une véritable anthologie. Cette Anthologie de l’optimisme n’est donc pas une pièce de théâtre. C’est un work in progress, une espèce d’exposé de bon élève, une conférence magistrale. Un show à l’américaine où l’on interpelle le public et le fait réagir dans un esprit « participatif », avec force bons mots (le spectateur lui-même est invité à envoyer ses idées par courriel). Une performance, ce genre de spectacle à la mode.
Au cours de cette (longue) soirée, les propositions se suivent et ne se ressemblent pas : projections d’images et de vidéos, de textes qui passent le relais à de la musique, à des saynètes faussement improvisées (servir un thé dans des conditions démentes, balancer un slogan optimiste quand on a reçu un tee-shirt sur la tête…) dont on cherche encore le sens et l’intérêt.
Leurs auteurs ne parviennent pas à assembler entre eux ces moments juxtaposés sans armature préalable, et totalement décousus. Le résultat est d’un ennui prodigieux. Le problème de la langue n’arrange rien : Jacob (canadien qui s’interroge à bon droit sur les problèmes de communication) se fait fort de ne s’exprimer qu’en anglais, et il faut constamment lire la traduction de ses propos en surtitrage (une phrase sur cinq environ).
Quant à Pieter (belge), s’il parle le français, c’est avec de grosses fautes de syntaxe et de vocabulaire. Des erreurs grammaticales également visibles sur les panneaux fluorescents où les compères écrivent des messages qui sont la substantifique moelle de leur propos, à l’attention de nos petites cervelles. Du coup, ça flaire un peu l’amateurisme, oscillant avec une certaine désinvolture.
Bref, une représentation décevante, où il ne se passe pas grand-chose sur scène. À se demander les raisons pour lesquelles le théâtre de la Bastille a programmé ce spectacle. Mais grâce à Pieter et Jacob, nous pouvons sortir du théâtre sereins, et optimistes comme un Gramsci: nous savons désormais qu’il est possible de trouver mieux…
Barbara Petit
Théâtre de la Bastille jusqu’au 11 juin.