Les Enfants perdus


Les Enfants perdus
, texte de D’ de Kabal, mise en scène et chorégraphie de D’ de Kabla et Farid Berki.

   L’ an dernier, le  groupe R.I.P.O.S.T.E ( Réactions Inspirées par Les Propos Outrageux et Sécuritaires Théorisés chez l’Elite) était passé aux rencontres de la Villette mais nous avait échappé; cette année, après Chelles, Saint- Gratien, Le Blanc-Mesnil, Montreuil,  et à Paris, à La maison des Métallos , le spectacle s’est retrouvé pour un soir au Centre Pompidou, les Dieux savent comment! Dans la petite salle du sous-sol où la scène  malheureusement tient plutôt du placard à balais.
 Les Enfants perdus, c’est d’abord et surtout un texte formidable de finesse et d’intelligence , au langage acéré où D’ de Kabal raconte la vie des banlieues:  » C’est une culture, dit-il, qui s’est construite dans la rue, dans un univers de tours et de béton, à partir de presque rien dans ces endroits relégués des banlieues où habite une partie de la population qu’on ne veut pas entendre, qu’on ne veut pas écouter, qu’on ne veut pas prendre en compte et dont on dénigre régulièrement la culture d’origine ».
Ce n’est pas vraiment un spectacle de théâtre mais une sorte de slam dit par une excellent acteur/rappeur Karim Ammour avec une belle précision et que D’ de Kabal a très bien su diriger. (Il n’est pas vraiment un novice dans le domaine théâtral puisqu’on avait déjà pu le voir jour avec Mohamed Rouabhi). Sur le côté, un DJ : Fab , dont le savoir-faire et la gestuelle sont assez étonnants,  et deux danseurs de hip hop: Olivier Lefrançois et Johny Martinage tout aussi convaincants. Aucune frime
mais une véritable performance physique et chorégraphique.
  Cela a un côté brut de décoffrage mais, en même temps, tout est extrêmement soigné dans la mise en scène, le son et les lumières. et puis il y a les paroles de ce texte  d’une violence inouïe qui n’a  guère d’équivalent  dans le théâtre contemporain. Avec une élégance orale et une beauté poétique dans  la langue vraiment rares. Exemple:  » Il a fallu qu’on se redresse pour dire et redire que nous étions à nouveau debout et droits. Que nous ne croyons ni en leurs prêches ni en leurs tables de bois. Dangereusement motivés, décidés à en découdre, chacun de nos membres se crispe comme touché par la foudre ».
   Il y a une telle énergie, une telle volonté de proclamer son identité que l’on est vite touché par ce que dit Karim Ammour. C’est un peu, et même très,  dommage que Pompidou n’ait pas offert  à D’ de Kabal, une scène plus adaptée à la danse!
Mais tel qu’il est, l’ensemble fonctionne déjà remarquablement.  Si vous avez l’occasion , même si l’univers du slam, du rap et du hip  hop est  loin de vos préoccupations, il y a là quelque chose d’exceptionnel. Les banlieues ont par le passé donné maint exemples de leur vitalité mais ce spectacle le confirme une fois de plus.
En un peu plus d’une heure,  tout est dit, et bien dit. Allez  1) Daniel Mesguich devrait faire appel à lui pour un enseignement au Conservatoire : une grande bouffée d’air frais, cela ne se refuse jamais 2) Ne rêvons pas trop, mais Carlita ou un conseiller d’un de ses conseillers escorté par Tonton Fred, ministre de la Culture, pourrait aller voir le spectacle et en parler à son petit mari: cela lui éviterait -peut-être? -de dire des bêtises sur les banlieues.
Ce spectacle black/ blanc /beur dit bien des choses et pas n’importe lesquelles: il suffit d’écouter et de les entendre…

Philippe du Vignal

Prochaine date: le 2 juillet à Epinay-sous-Sénart.


Archive pour 14 juin, 2010

Flowers in the mirror

Flowers in the mirror, de Li Ju Chen, par l’opéra chinois du Sichuan. Mise en scène et scénographie de Charles et Vincent Tordjman. Les Digitales vagabondes, par la Station Miao

       fleurs.jpg Querelle parmi les immortels : la fée des Cent Fleurs a laissé l’Impératrice fleurir son jardin en plein hiver, à contre-saison. Punition : elle devra se réincarner en fille de l’érudit Tang Ao, jusqu’à ce que sa peine soit levée.
La voilà partie : son « père », chassé de la cour, se consacre à son art et à ses études de Lettré ? Elle va en faire autant, ce qui est rare pour une femme chinoise, que ce soit à l’époque de l’écriture (fin du XVIIIe siècle, début du XIXe) ou à celle de la fiction (VIIe-VIIIe siècle). Mais tout a commencé par une histoire entre femmes… L’auteur se délecte de ce renversement, jusqu’à inventer un royaume utopique et carnavalesque où les hommes prennent la place des femmes et réciproquement. Ainsi, le brave beau-frère de Tang Ao, commerçant sûr de son esprit pratique et de sa maîtrise des situations, sorte de Sancho Panza de notre Lettré rêveur, se trouve contraint à se bander les pieds pour plaire à son « époux »…
Le tout donne un spectacle (surtitré en français) souvent drôle, populaire malgré l’immense pont culturel à passer, et farci de prouesses spectaculaires – acrobates, cracheurs de feu, virtuoses du « double visage » consistant à ôter et à remettre un masque en une seconde -, de musique rythmée et de ce chant dont l’émission nasillarde – on n’ose pas dire miaulante – surprend.
La mise en scène de Charles et Vincent Tordjman ne bouscule pas le jeu traditionnel de l’opéra. Elle l’installe sur le grand plateau de Nanterre, avec ce que cela change nécessairement dans les « entrées ». Elle lui apporte ce qu’il faut de sonorisation, lasers et autres outils, et un décor contemporain – dont de contestables alvéoles suspendues figurant forêts ou montagnes – avec quelques rideaux de paillettes, inévitable hommage au « kitsch » chinois d’aujourd’hui. Elle le « fait passer ». Du coup l’étonnement s’émousse, et l’étrange s’apprivoise. C’est comme ça, fraternisation culturelle, sourire mondial.
Les Digitales vagabondes raconte également une histoire de fleurs et de Chine, mais d’un point de vue à peu près opposé : Laurence Hertenstein et Stéphanie Barbarou ne sont pas allée en Chine. Mais elles ont suivi l’histoire, la géographie, la botanique, les grandes lignes de commerce « qui ruine les populations qu’elles traversent » pour arriver à leur « conférence » en cinq « stations ». Elles nous obligent à mettre des guillemets partout, parce qu’elles ne font rien comme tout le monde ; donc, aucune catégorie adéquate. Parce que leur projet est né d’une histoire d’amour – les femmes Miao (minorité de Chine) chantent pour leurs prétendants du sommet des montagnes- , elles se sont prises d’amour pour les Miao, et pour les minorités menacées -même si ce ne sont que des plantes- . Elles chantent, trouvant des sons inouïs,  dessinent des cartes de géographie où tout redevient « terra incognita », elles investissent les lieux, parcs, jardins, terrains vagues : vrai voyage, qui ne détruit pas son objet. Le 13 juin, vous avez manqué la Station 1 : Avancer tout en restant là, Périphérique.
Mais la Ferme du Bonheur accueille tous les dimanches à 15h jusqu’au 11 juillet chacune des quatre dernières stations : que leurs titres vous invitent et vous inspirent ! 20 juin, Station 2 : Zig-zag, Caucase. 27 juin, Station 3 : Estomper la carte, Bosphore.4 juillet, Station 4 : Relier à l’oreille le sommet des montagnes, Asie centrale.11 juillet, Station 5 : Surgir dans le Far-est chinois.


Christine Friedel

 Théâtre des  Amandiers- Nanterre jusqu’au 20 juin ; 01 46 14 70 00 La Ferme du Bonheur 220 avenue de la République Nanterre: 01 47 24 51 01  24  contact@lafermedubonheur.fr

le Festival du Conservatoire

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JOURNÉES DE JUIN

Le « festival » du Conservatoire

Depuis des dizaines d’années, le mois de juin est, dans la vie théâtrale parisienne, le mois du Conservatoire. Le concours de sortie, auquel se pressait déjà le Tout-Paris il y un siècle et plus, a été, avec sa dérisoire idée que les artistes de théâtre se comparent entre eux comme des sauteurs à la perche, heureusement supprimé il y a trente ans.
Mais les « Journées de juin », qui lui ont succédé, en ont gardé l’efferves­cence ensoleillée, l’éclat estival et festif, celui d’une efflorescence annuelle de l’avenir. «Estival et festif»: un festival, en effet. Car ce n’est pas autre chose que ce mois où chacune des six classes dites à juste titre d’« interprétation» vient à son tour – pour certaines, en deux ou trois programmes – présen­ter le travail de recherche et de création théâtrales effectué par les élèves sous la direction de leurs professeurs. Un festival des venues au monde – celles autant de moments artistiques intenses que celles des artistes eux-mêmes, pour quelques-uns d’entre eux arpentant pour la première fois les planches, emportés par ce maelstrom de langue, de voix, de corps et de pensée. Mais: «classe», «élèves», «professeur»? Certes, certes. Cependant, aussi bien, en l’occurrence, doit-on dire : « troupe », « ac­teurs », « metteur en scène »… Car, soudain, pour ces quelques semaines, le Conservatoire n’est plus du tout une école, mais, tout simplement, un théâtre. À la fois «stagione» et d’alternance, de création et de répertoire, d’avant-garde et de patrimoine, un théâtre où ce qui se « conserve», à jamais, c’est l’irrépressible pen­chant à plonger «au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau».

Les journées se poursuivent  avec le programme suivant; l’on vous en reparlera dès demain…Après la classe de Dominique Valadié, commence cet après-midi celle du patron Daniel Mesguich.Le programme est copieux et les auteurs joués très alléchants… Même si ce la ressemble parfois à un super marché. Donc à  suivre… Mais quand même plutôt orienté vers les modernes et les contemporains, ce qui n’est pas un luxe!

Ph. du V.

 


Salle Louis-Jouvet Classe de Daniel Mesguich

Répertoire, 27

Camus, Copi, Feydeau, Fo, Hugo, Kalinoski, Musset, Norén, Penhall, Pinter, Ribes, Shakespeare, Sperr, Tardieu, Tchekhov, Wedekind

LUNDI 14 ET MARDI 15 JUIN À 15 H 00

La Fiancée aux yeux bandés

de Hélène Cixous

LUNDI 14 ET MARDI 15 JUIN À 20 H 00

avec

Daria Appolonova Moustafa Benaïbout Barbara Bolotner Julien Campani Morgane Choupay Johann Cuny William Edimo Sophie Fontaine Chorik Grigoryan Sterenn Guirriec Fehmi Karaarslan Sofian Khammes Marie Marquis Clara Noël Aurélie Nuzillard Fannie Outeiro Alix Riemer Zoé Schellenberg Pierre Yvon

Théâtre du Conservatoire Classe de Nada Strancar

La Troade

de Robert Garnier

JEUDI 17 JUIN À 14 H 30 ET VENDREDI 18 JUIN À 19 H 30

Homère, Iliade

de Alessandro Baricco

JEUDI 17 JUIN À 19 H 30 ET VENDREDI 18 JUIN À 14 H 30

avec

Joris Avodo Julien Barret Julien Bouanich Sigrid Bouaziz Hadrien Bouvier Manon Combes Florent Dorin Marie Kauffmann Yannik Landrein Étienne Lefoulon Barthélémy Meridjen Yasmine Nadifi Pierre Niney Mélodie Richard Fanny Santer Laure-Lucile Simon Tamaïti Torlasco

Salle Louis-Jouvet

Classe de Jean-Damien Barbin

Régates, scènes du répertoire

Adonis, Aragon, Bond, Caragiale, Claudel, Darwich, Genet, Ionesco, Jeffreys, Kwahulé, Lautréamont, Lorca, Marivaux, Molière, Perse, Racine, Regnaut, Tchekhov

SAMEDI 19 ET DIMANCHE 20 JUIN À 15 H 00

Dans les royaumes de l’irréel

d’après l’œuvre de Henry J. Darger

SAMEDI 19 JUIN À 19 H 30 ET LUNDI 21 JUIN À 15 H 00

Lars Norén, traversée

DIMANCHE 20 ET LUNDI 21 JUIN À 19 H 30

avec

Juliette Allain Anthony Audoux Nadine Baier Claire Chastel Bénédicte Choisnet Ludmilla Dabo Maxime Dambrin Matthieu Dessertine David Houri Thibault Mullot Lena Paugam Clara Ponsot Fanny Sintès Sylvie Thiénot Élie Triffault Mathurin Voltz Benjamin Wangermée Stanley Weber Lorena Zabrautanu

Théâtre du Conservatoire Classe de Philippe Duclos

Passage(s)

Albee, Beckett, Claudel, Gabily, Hugo, Marivaux, Mrozek, Shakespeare, Sophocle, Strindberg, Tchekhov

VENDREDI 25 ET SAMEDI 26 JUIN À 15 H 00 ET 19 H 30

avec

Muriel Corneille-Lanneau Victoire Du Bois Quentin Faure Romain Francisco Thierry Françoise India Hair Daria Kapralska Jean-Christophe Legendre Marine Liquard Martin Loizillon Leslie Menu Julie Moulier Jean-René Oudot Charlotte Van Bervessellès

Salle Louis-Jouvet Classe de Sandy Ouvrier

Tribus intimes

Lagarce, Racine, Tchekhov

«… parce que celui que j’ai aimé aima cet autre, qui t’aima, toi… »

Andromaque, Bérénice, Le Pays lointain, Juste la fin du monde

SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 JUIN À 16 H 00

Platonov

SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 JUIN À 20 H 30

avec

Yacine Aït Benhassi Flore Babled Astrid Bayiha Leslie Bouchet Valentin de Carbonnières Vanessa Fonte Yordan Goldwaser Manon Kneusé Sylvain Levitte Yohan Lopez Clara Mayer Julien Oliveri Marc Plas Guillaume Ravoire Camille Rutherford Anna Lena Strasse Manon Vincent

Théâtre du Conservatoire

MERCREDI 9 JUIN À 14 H 30 MERCREDI 9 JUIN À 19 H 30 JEUDI 10 JUIN À 14 H 30 JEUDI 10 JUIN À 19 H 30

LUNDI 14 JUIN À 15 H 00 LUNDI 14 JUIN À 20 H 00 MARDI 15 JUIN À 15 H 00 MARDI 15 JUIN À 20 H 00

JEUDI 17 JUIN À 14 H 30 JEUDI 17 JUIN À 19 H 30 VENDREDI 18 JUIN À 14 H 30 VENDREDI 18 JUIN À 19 H 30

SAMEDI 19 JUIN À 15 H 00 SAMEDI 19 JUIN À 19 H 30 DIMANCHE 20 JUIN À 15 H 00 DIMANCHE 20 JUIN À 19 H 30 LUNDI 21 JUIN À 15 H 00 LUNDI 21 JUIN À 19 H 30

VENDREDI 25 JUIN À 15 H 00 VENDREDI 25 JUIN À 19 H 30 SAMEDI 26 JUIN À 15 H 00 SAMEDI 26 JUIN À 19 H 30

SAMEDI 26 JUIN À 16 H 00 SAMEDI 26 JUIN À 20 H 30 DIMANCHE 27 JUIN À 16 H 00 DIMANCHE 27 JUIN À 20 H 30

Travaux Classe de Dominique Valadié Travaux «  » Travaux «  » Travaux «  »

 

La Troade Classe de Nada Strancar Homère, Iliade «  » Homère, Iliade «  » La Troade «  »

Régates, 1 Classe de Jean-Damien Barbin Dans les royaumes de l’irréel «  » Régates, 2 «  » Lars Norén, traversée «  » Dans les royaumes de l’irréel «  » Lars Norén, traversée «  »

Passage(s) Classe de Philippe Duclos Passage(s) «  » Passage(s) «  » Passage(s) «  »

Tribus intimes, 1 Classe de Sandy Ouvrier Tribus intimes, 2 «  » Tribus intimes, 1 «  » Tribus intimes, 2 «  »

Entrée libre dans la limite des places disponibles

RÉSERVATION INDISPENSABLE AU 01 53 24 90 16

à partir du 31 mai 2010 du lundi au vendredi de 14 h 00 à 18 h 00

OU SUR WWW.CNSAD.FR

Salle Louis-Jouvet

 

Théâtre du Conservatoire «  » «  » «  »

Salle Louis-Jouvet «  » «  » «  »

Théâtre du Conservatoire «  » «  » «  » «  » «  »

Salle Louis-Jouvet «  » «  » «  »

Théâtre du Conservatoire «  » «  » «  »

 

Entrée libre dans la limite des places disponibles

RÉSERVATION INDISPENSABLE AU 01 53 24 90 16

à partir du 31 mai 2010 du lundi au vendredi de 14 h 00 à 18 h 00

OU SUR WWW.CNSAD.FR

2bis, rue du Conservatoire 75009 Paris
téléphone 01 42 46 12 91 télécopie 01 48 00 94 02 www.cnsad.fr

 

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