THREE SOLOS AND A DUET

THREE SOLOS AND A DUET d’ Ana Laguna & Mikhail Baryshnikov

image0011.jpgC’est la manifestation d’ouverture des Etés de la Danse qui affiche complet au Théâtre de la Ville : uniquement pour la première, le spectacle commence par Sarabande , un hommage sobre à Jerome Robbins sur une musique de J.S. Bach. Puis, projection du film d’un cours de Jerome Robbins en 1995 à Mihkail Baryshnikov qui, ensuite, reproduit sur scène les pas de danse initiés par son maître qu’il développe à sa manière. Court moment qui se termine par la projection d’une photo de J. Robbins qui disparaît en fondu dans le noir.
Dans Valse-Fantaisie, la chorégraphie d’Alexeï Ratmansky accompagnée d’une musique de Mikhaïl Glinka commence le programme. Baryshnikov entre en silence et s’observe dans un miroir imaginaire, une voix off raconte une histoire d’amour entre Glinka et Yekaterina Kern, une jeune fille de la haute société russe à l’époque napoléonienne. Il doit alors quitter cet amour et quand il revient, il se rend compte qu’il n’a plus de sentiments pour elle. C’est un ballet que Baryshnikov nous offre rythmé par les fragments de musique émouvante de Glinka. Gestes d’empathie et jeu doté d’une point d’humour qui nous entraîne avec lui dans cette danse teintée de désir d’un amour perdu.
C’est Mats Ek qui a chorégraphié ce Solo For Two, au titre contradictoire sur une musique d’Arvo Pärt. Décor minimaliste : un mur seul sert à cacher Baryshnikov qui apparaît furtivement et magnétise la danse de la muse de Mats Ek, Ana Laguna. Ses mouvements sont charnels, le jeu avec sa robe rend la danse légère et le style non figuratif évoque l’incompréhension entre les hommes et les femmes, et la difficulté de vivre à deux. Ce Solo for two transmet, à travers le mouvement et la musique, une émotion profonde : vivre à deux et se sentir seul, et illustre la tentation de la rencontre manquée : Mats Ek nous dit sa vision pessimiste du couple.
Dans Years Later , Baryshnikov revient seul sur scène; la chorégraphie est de Benjamin Millepied, la musique de Philip Glass et d’Akira Rabelais, la vidéo d’Asa Mader. On y voit Misha dansant au Kirov à 17 ans: technique est pure et éblouissante, et en même temps, trace d’une époque. Baryshnikov devient alors l’ombre de lui-même et reproduit certaines postures classiques, les mouvements sont vifs et fluides et il garde la décontraction propre à Robbins: l’interprète d’aujourd’hui regarde sa virtuosité d’hier sur l’écran géant. Outrage du temps: le jeune danseur exécute une série de pas qu’il regarde et qu’il ne peut plus faire. L’insolence de la jeunesse est bien présente et Baryshnikov lui répond par un bras d’honneur. Years est un face à face avec lui-même et avec le temps.
Place est le dernier tableau dont la chorégraphie est de Mats Ek et la musique de Fläskkvartetten. Ana Laguna et Mikhaïl Baryshnikov dansent le parcours d’une vie à deux : ses joies, ses peines, ses illusions et ses retrouvailles. Mats Ek nous donne ainsi plusieurs tableaux avec des musiques de tonalité très différente : gaies puis nostalgiques, parfois proches du jazz . Le couple est représenté comme des enfant s qui jouent: ils se séduisent autour d’une table… La table et le tapis, sont le lien permanent entre les deux danseurs qui les sépare et les réunit. Deux mondes cohabitent, celui de l’homme représenté par une chorégraphie autiste et répétitive, et celui de la femme, à terre, masquée par le tapis qui la recouvre. Joies et disputes se succèdent, ils jouent sur cette table recouverte du tapis et courent vers une destination inconnue.
La dynamique d’Ana Laguna entraîne son complice dans la danse. Ses mouvements à elle sont d’une fluidité extrême et donnent au couple une certaine allégresse. La lumière accompagne la métamorphose de chaque objet et donne une intimité aux deux danseurs . Le public a applaudi debout les deux danseurs. Complicité, tendresse et amitié lient les deux protagonistes et leurs chorégraphes et on sent que l’envie de travailler ensemble les guide plus que jamais.

Nathalie Markovics

Théâtre de la Ville jusqu’ au 20 juin

UNRELATED SOLOS

Au BAC, Baryshnikov Arts Center, en février dernier, a été inauguré le Jerome Robbins Theater où ont été dansés ces solos indépendants dont deux font partie du spectacle donné actuellement au Théâtre de la Ville. Mikhaïl Baryshnikov y a dansé trois solos dont Years later et Valse-Fantaisie et y a ajouté une belle performance avec For You.
On a pu voir aussi The Beast chorégraphié et dansé par Steve Paxton. Fondateur du « contact improvisation « , il a cofondé en 62 le Judson Dance Theater avec Yvonne Rainer . C’est sans doute le solo le moins accessible. Debout sous un cercle de lumière sombre, il est en conversation interne avec lui-même. Son corps s’exprime de temps à autre par de petits bruits et par son visage en mouvement, reflet des années qui passent: Paxton a 71 ans… Ses pieds sont parallèles et, seul, son torse se tourne de temps en temps. Paxton, anti-virtuose du mouvement où rien n’est suggéré…
Quant à David Neumann, il danse un solo qu’il a chorégraphié sur une musique de Tom Waits.qu’il théâtralise avec et autour d’une chaise. Il illustre les mots et parfois s’en détache avec beaucoup d’humour : l’expression de son visage est proche du mime. Ses pas de danse s’enchaînent et s’équilibrent avec le jeu de la chaise comme seul support. Puis, il interprète Though the Though, en costume noir et chapeau. Allure décontractée et élégante.Récit de la journée d’un homme par une voix off: on l’appelle « Steve » ou un autre dérivé de ce prénom. Cet homme doit prendre des décisions : celles de sa vie qu’il met en danse. Indécis et maladroit, il nous montre les folies de l’humanité. David Neumann manie ironie et humour dans sa danse et dans son jeu. Un jeu prévisible où il ne prendra pas aucune décision et reviendra à son quotidien.
Ces Unrelated Solos se terminent sur celui de Mikhaïl Baryshnikov For You où il commence simplement par quelques pas. Mais avec le but de danser pour quelqu’un : il choisit alors une personne dans le public, l’invite sur scène à s’asseoir sur une chaise et danse devant elle. Trois spectateurs vont être tour à tour choisies pour le rejoindre et il dansera devant chacun d’eux avec une expression de gratitude. Il sont différents et il doit donc trouver une écoute différente à chaque fois pour trouver de nouveaux aspects de lui-même. Une intimité se crée alors, et c’est fascinant de voir Baryshnikov les déplacer et jouer avec eux. Il sourit et le monde le suit.

Nathalie Markovics

Barysnhnikov Arts Center, du 19 au 22 mai 2010.

 

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