Toby ou le Saut du Chien
Toby ou le Saut du Chien, texte et mise en scène de Frédéric Sonntag.
Frédéric Sonntag n’est pas inconnu au bataillon des jeunes auteurs-metteurs en scène, puisque Nous étions jeunes alors, a déjà été jouée à Théâtre Ouvert ( voir Le Théâtre du Blog/ Christine Friedel) et que ce Toby ou Le Saut du chien a déjà été jouée à plusieurs reprises.
Plateau nu avec, de chaque côté, et dans le fond des sièges coques en plastique anonymes et gris comme on en voir dans n’importe quelle salle d’attente…
Il s’agit des aventures d’un jeune homme, plutôt beau garçon, costume noir et chemise blanche, et du genre star internationale qui s’en va dans une sorte de quête identitaire d’abord dans un club de nuit, puis dans un hôpital et enfin sur un plateau de télévision. Mais ce qu’il vit ressemble à une fuite en avant, désespérée où il essaye d’échapper à son destin. Les rencontres avec de nombreuses jeunes femmes se soldent à chaque fois par un échec. Jusqu’à la rencontre avec son double- un assez beau moment dramatique -jusqu’à la mort de Toby.
Frédéric Sonntag dirige ses comédiens de façon très sûre mais on ne voit pas très bien où il veut nous emmener; il a l’art et la technique de réaliser de belles images avec peu de moyens, mais il tombe dans les stéréotypes à la mode: jet de fumigènes et, bien entendu, un petit coup de vidéo avec la retransmission en noir et blanc du visage de Toby, puis de sa loge, intervention d’une chorale de jeunes femmes pendant quelques minutes… Tout cela sent le déjà mille fois vu!
Mais il y a une certain ton, une certaine envie de prendre le théâtre à bras le corps qui suscite curiosité et sympathie, d’autant plus que les acteurs savent ce qu’est un plateau et s’en servent avec beaucoup d’ habileté. Et ce ballet presque permanent- soutenu par deux musiciens- de ces douze jeunes comédiens, autour de Toby harcelé par son destin, ne laisse pas indifférent.
Mais le spectacle qui tient à la fois du théâtre, du chant et de la musique dure deux heures! Et aurait mérité un sérieux élagage; en fait, tout se passe comme si l’auteur/ metteur en scène avait voulu d’abord se faire plaisir à lui-même. Et l’éternité, c’est un peu long surtout vers la fin: il faudrait que Frédéric Sonntag ait davantage le sens de la mesure et de la dramaturgie, ce qu’on ne lui a peut-être pas suffisamment enseigné au Conservatoire: ce qu’il dit en deux heures, avec une-petite-cuiller de prétention, aurait pu l’être en soixante minutes sans difficulté.
L’exemple de Made in Italy, qui a ouvert le festival Impatience suffirait à le prouver; cela éviterait aux jeunes comédiens de Sonntag de voir des spectateurs s’enfuir au bout d’une heure, ce qui n’est jamais bon signe… Alors à voir, oui par curiosité mais bon… C’est dommage qu’un jeune metteur en scène doué comme l’est Sonntag ne maîtrise pas suffisamment les choses… Donc à suivre.
Philippe du Vignal
Ateliers Berthier, ce spectacle y a encore lieu aujourd’hui vendredi seulement à 21 heures.
Ce soir et samedi à l’Odéon à 19 heures: Les Souffrances de Job; enfin aux Ateliers Berthier, Les Nôtres samedi à 21 heures et dimanche à 15 heures.