ERNESTO CHE GUEVARA m e s Gérard Gélas Théâtre du chêne noir
Ernesto Che Guevara, la dernière nuit de José Pablo Feinmann
C’est mon premier spectacle de ce 44e festival d’Avignon auquel j’assiste. La grande salle du Chêne Noir est bourrée, nous sommes accueillis par le maître des lieux qui a conçu la mise en scène, la scénographie et les lumières du spectacle, il nous reçoit chaleureusement. Cette pièce d’un auteur argentin met en scène la dernière nuit du Che, le 8 octobre 1967 dans une petite école de la Higuera en Bolivie, avant son exécution. C’est un dialogue imaginaire entre le héros charismatique des luttes de libération des peuples d’Amérique du sud et un journaliste américain Matthews, Andrès Cabreira et Fidel Castro, trois personnages interprétés par le même acteur Jacques Frantz. Olivier Sitruk incarne Guevara, il ressemble étrangement à l’icône populaire. Malgré quelques longueurs, ce dialogue parfois musclé entre ces protagonistes d’un histoire sanglante des affrontements entre le monde “libre” du capitalisme égoïste qui laisse au bord du chemin la grande majorité des peuples (on ne prononce d’ailleurs plus ce mot), et celui de la lutte armée révolutionnaire qui ne recule pas devant les exécutions, reste théâtral. Le public ne s’y trompe pas avec de belles acclamations.
Edith Rappoport
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Ernesto Che Guevara, la dernière nuit de José Pablo Feinmann, traduction et adaptation de Marion Loran, mise en scène de Gérard Gelas.
On est en octobre 67, (l’année où Gérard Gélas fonda son Théâtre du Chêne noir!). Dans une petite école d’un village bolivien, Che Guevara, retenu prisonnier et qui sait qu’il va être exécuté, rencontre un journaliste qui veut savoir qui est vraiment ce El Commandante, personnage complexe aussi bien qu’ authentique révolutionnaire, dont les relations avec Fidel Castro furent pour le moins difficiles.
Le texte du romancier et scénariste argentin José Pablo Feinmann est sans doute trop long ( deux heures) et la dramaturgie du genre souvent maladroit, mais il parle avec beaucoup de sensibilité et d’intelligence le rapport de l’homme à la violence,la valeur réelle des sacrifices à consentir, la haine comme support de la lutte politique tout comme l’insoluble devoir d’en arriver à tuer des innocents pour appliquer les consignes: autant de questions auxquelles en fait, malgré toutes les proclamations, aucun révolutionnaire ne peut vraiment échapper.
La dernière nuit de Che Guevara lui semble bien longue, et le climat pesant mais les deux hommes qui se respectent, semblent, malgré leurs différences idéologiques, quand même se comprendre. Et il y a quelques belles scènes avec un vrai dialogue; sans esbrouffe, sans effets inutiles mais avec rigueur et efficacité, Gérard Gelas arrive à emmener le public avec lui. Loin de l’image quelque peu stéréotypée du fameux El Commandante qui règne toujours en Europe.
Feinmann a aussi introduit par moments le personnage de Fidel Castro que joue le même acteur- ce qui brouille un peu les pistes, et l’épouse de Che Guevara. Ces scènes, du genre conventionnel, n’apportent, à vrai dire, pas grand chose à la pièce et la rallongent inutilement… Mais comme la mise en scène de Gérard Gelas est sobre et efficace, et comme Olivier Sitruk et Jacques Frantz sont bien dirigés, ils arrivent à imposer des personnages du Che et du journaliste tout à fait crédibles. Mieux vaut oublier l’interprétation des autres personnages, en particulier les deux gardiens de Che Guevara ),mais Gérard Gelas arrive à faire passer le meilleur de la pièce. Alors à voir?
Oui, pour la mise en scène de Gelas et malgré les défauts de la pièce…
Philippe du Vignal
Théâtre du Chêne noir à Avignon, jusqu’au 30 juillet.