Chalon dans la rue juillet 2010
Festival de Chalon dans la rue
LES LIVREURS de Carole Prieur, mise en scène Hocine Chabira
Une immense camionnette arrive, on ouvre l’auvent et une actrice débite sur un ton monocorde des propositions d’histoires à raconter au public. Aucun charme, on s’ennuie ferme et le dispositif semble totalement disproportionné.
LE PETIT CIRQUE DES TRIBUNS Théâtre de rue bucolique d’Hervé Péjaudier et Anne-Lou Steininger, mise en scène Sébastien Foutoyet
On arrive plein de sympathie pour ce spectacle commandé par le Théâtre de Dijon Bourgogne, qui se joue depuis un an dans les villages de la région. Une jolie installation, de jeunes acteurs arrivant en mobylette, beaucoup de pêche mais mise malheureusement au service d’un texte décousu, sans véritables situations, qui s’enlise.
Il est question d’une reine des mouches, d’un roi fou, on s’y perdrait complètement sans le charme des acteurs et cette volonté de reprendre un flambeau abandonné depuis longtemps par nos institutions les mieux dotées. Mais la pluie tenace qui s’est abattue au milieu du spectacle n’a pas découragé les spectateurs qui ont pu déguster le vin limé offert à la fin .
OBSESSION Krache théâtre Obsession, la jungle nue, performance sexo-théâtrale conçue par Marjorie Heinrich.
Marjorie Heinrich se délecte de sujets qui sentent le soufre. Elle va d’abord chercher une victime mâle dans le public (elle en élimine plusieurs) , jusqu’à choisir un compère assis silencieusement au fond du plateau. Et elle lit un texte terrifiant sur une sexualité sado-masochiste, pendant qu’une jolie jeune femme court vêtue de satin noir aguichant, talons aiguilles, exhibe son anatomie intime.
Puis à son tour, Marjorie Henrich, elle aussi vêtue de satin noir, mais dotée d’une nature qui n’aurait pas déplu à Rembrandt, se dénude et se fait fouetter par le “spectateur” qui s’est masqué. Obsession n’est encore qu’un ébauche imparfaite, les textes sont tirés d’illuminations érotiques prélevées sur Internet et dans Mein kampf ! Et mieux vaudrait supprimer la présence inutile d’une caméra qui ne retransmet rien, et continuer le travail sur ce projet insolite et sulfureux sans pour autant en allonger la durée.
TICKET Cie du bonheur intérieur brut, conception Jack Souvant, scénographie d’Eric Soyer.
En 2009, on dénombrait 214 millions de migrants dans le monde, 42 millions déplacés de force en raison de conflits ou de catastrophes naturelles, et 16 millions réfugiés ou demandeurs d’asile. Jack Souvant nous fait revivre l’épreuve de l’émigration clandestine en nous entassant dans un camion sous la conduite d’un méchant passeur qui nous arrache nos cartes d’identité et nous boucle dans une obscurité complète, gardés par des kapos qui aboient en russe.
On entend gronder le moteur, une jeune noire se fait brutaliser et arracher son argent . On nous débarque un peu sonnés ! Ticket avait été créé voilà deux ans dans le cadre des premiers pas des Enfants de troupe à la Cartoucherie de Vincennes, la nuit rendait cette épreuve initiatique plus émouvante.
IL PLEUT DANS L’OMELETTE cie Humains Gauches
Cette compagnie de quatre clowns a été créée il y a cinq ans à Poitiers. L’omelette qu’ils préparent est un peu baveuse devant la roulotte qui leur sert de coulisses, et où est perchée leur poule Adélaïde, clou du spectacle. Le spectacle peine au démarrage avec une accumulation de gags faciles qui réjouissent tout de même le public libéré de la pluie paralysant le festival. Mais les quatre clowns font tout de même preuve d’un savoir-faire musical, et l’accordéoniste entonne des goualantes rigolotes….
Edith Rappoport