LE CONTE ABRACADABRANT

LE CONTE ABRACADABRANT  Les batteurs de pavé Festival des Mômes Montbéliard 29

Manu Moser et Laurent Lecoultre qui jouaient Princesse Courage à Chalon dans la rue (voir ci-dessous), ont plus d’un tour dans leur sac. Ce conte abracadabrant part du même principe, on attendait les comédiens qui ne sont pas venus, les deux compères doivent donc faire jouer leurs personnages par des enfants. Manu trouve une adorable princesse qu’il revêt d’une robe blanche et d’une couronne, emprisonnées elle doit lever les bras et crier au secours dès qu’on prononce son nom. Ensuite c’est un chevalier bronzé qu’il revêt d’une cotte, il doit crier Taïaut, ce qu’il oublie régulièrement de faire et enfin une hydre jouée par trois enfants coiffés de ridicules bonnets verts.
Ne pas oublier le peuple, c’est nous le public qui doit lever le bras à la mention de son nom ! L’énergie déployée par les deux meneurs de jeu emporte encore une fois l’adhésion des spectateurs, il y a du théâtre et du vrai, malgré les costumes de bric et de broc, dans un rapport au public oublié de tant de nos scènes institutionnelles.

Edith Rappoport


Archive pour août, 2010

Blood Brothers

Blood Brothers (Frères de sang) de Willy Russell.

 

circlebb.jpg  Créé en 1988 au Abery Théâtre à Liverpool, où, selon l’auteur dramatique Willy Russell,  le jeu a toujours été associé au  chant et à la danse,  ce spectacle n’a pas cessé d’attirer des foules depuis sa première apparition sur les scènes du fameux quartier de théâtre londonien, le « West End »  à Charring Cross,  il y a au  moins 20 ans.

 

Je l’a vu récemment, assise derrière une rangée d’adolescentes  qui  connaissaient toutes les paroles et les moindres nuances de l’intrigue après avoir visionné le spectacle au moins six fois. Le statut de « spectacle culte » est intéressant surtout puisque la production  ressemble plutôt  à un film à petit budget, un des drames de l’époque  des « jeunes homes en colère » des années 1950 (ce mouvement théâtral étant bel et bien originaire de Liverpool). Les origines sont semblables puisque  Blood Brothers repose sur un  conflit de classe dans le contexte des déchirements de l’amour maternel et le  résultat est si explosif qu’on comprend la réaction de ces jeunes demoiselles!

 

Mrs Johnson,  une maman célibataire d’origine ouvrière qui ressemblait à Marilyn Monroe dans sa jeunesse, selon la chanson, vient de donner naissance à  deux jumeaux – Mickey et Eddie. Incapable de garder les deux  puisqu’elle a déjà sept enfants, elle est obligée de céder un des petits à Mme Lyon, la dame chez qui elle fait le ménage. Jalousie, superstition, la mauvaise chance et un ensemble de circonstances se conjuguent pour que les deux frères qui s’ignorent, grandissent, se croisent et finissent par s’anéantir dans une rencontre tragique.  « Tell me it’s not true- dites-moi ce n’est pas vrai » chante maman qui s’effondre de douleur à la fin alors qu’un  parfum de Shakespeare  est légèrement persceptible dans les derniers moments.

 

Une partition fabuleuse, des paroles qui entretiennent la tension dramatique, des performances individuelle excellentes,  une chorégraphie qui est à la fois danse et mime et qui vous prend par les tripes produisent un spectacle à la fois larmoyant et très émouvant sans que le côté sentimental dérange. Au contraire. Les expériences fortes comme celles-ci peuvent libérer l’âme. En revanche, ce spectacle est aussi  très clairement inspiré de Brecht par sa structure épisodique,  par sa préoccupation avec les conflits de classe et les techniques d’aliénation, telle que la présence des musiciens sur scène et  des décors stylisés qui évoquent une forme de misère quasi-réaliste sans vraiment  l’imiter.

 

Le récit est raconté par  un personnage masculin qui paraît à la fois narrateur et symbole  inquiétant d’un destin tragique, dont la voix superbe plane par-dessus l’ensemble et confère à ce spectacle une aire de légende populaire.

 

En effet ce sont les voix, la chorégraphie  et la musique qui m’ont surtout impressionnée parce que j’avais vu une production de Blood Brothers à  Ottawa cette année, dans une  mise en scène, extrêmement modeste étant donné les moyens techniques limités de la troupe canadienne. J’étais donc très curieuse de voir la version d’origine. Il faut dire que l’expérience m’a coupé le souffle.

 

bloodbrothers.jpgLa production canadienne  était surtout une œuvre théâtrale avec des chansons intercalées.  Les  cinq musiciens avec leurs instruments acoustiques,  se trouvaient sur scène, coté jardin et le décor  ressemblait surtout à un échafaudage qui, grâce à l’éclairage et quelques accessoires, se transformaient en  un quartier populaire de Liverpool, une salle d’école, un autobus, une maison des riches et j’en passe.  Étant donné les moyens, le décor était tout à fait acceptable et surtout, les deux productions ont assuré la rapidité des passages d’une scène à l’autre. Toutefois, certains renvois à la réalité anglaise manquaient au spectacle à Ottawa et les Canadiens ont dû changer le contenu pour s’en accommoder.

 

À Londres, l’arrière plan était un rideau peint, où  nous voyions l’horizon  de la ville de Liverpool, une image parfaitement reconnaissable pour un public britannique mais sans la moindre signification pour un public  canadien. Donc, le décor canadien avait remplacé cette image par un éclairage plus abstrait.  Autre signe de Liverpool, l’accent régional que le acteurs canadiens n’ont pas pu reproduire. Pour remédier à l’absence de ces références géographiques, la production canadienne a dû ajouter  des détails concernant le lieu dans le dialogue même.

 

La plus grande différence cependant était le fait que la production anglaise était surtout un grand spectacle musical, une partition qui comportaient non seulement des chansons, mais des intermèdes et  une musique de fond  qui créaient des multiples ambiances. Les voix puissantes de ces chanteurs britanniques,  accompagnés d’un orchestre équipé des appareils électroniques très sophistiqués, ont assuré  la qualité des chansons qui  parfois se rapprochaient à de grandes envolées d’opéra.  Les Anglais sont devenus  (avec les Américains) de grands maîtres de ce genre de théâtre musical qui ne se fait pas en France, surtout  si on pense aux créations de Anthony Lloyd Webber  tels que le Phantôme de l’Opéra, et Cats.  (Les Misérables est sans doute une exception).

 

Certains des comédiens canadiens, surtout celle qui a  joué  la mère et celui qui a interprété le  jeune Mickey, le fils qu’elle a gardé,  étaient  excellents mais si on considère la qualité de la mise en scène, la musique, la chorégraphie et le décor, force est de constater la supériorité du spectacle britannique. En effet, nous avons assisté à Londres, à un événement de très grande envergure et  la comparaison nous a incité à qualifier la production canadienne, sans doute injustement,  d’ « artisanale », voir à la  limite du théâtre professionnel.

Alvina Ruprecht

Blood Brothers;  texte, paroles, et musique de Willy Russell. Phoenix Théâtre à Charring Cross Road, London.
Le spectacle joue depuis 1988 et sera au Phoenix jusqu’au 29 août.  Téléphone :  +44 (1)1865 318831

 

 

La cuisine d’Elvis

 

La cuisine d’Elvis
Texte Lee Hall
Mise en scène Régis Mardon


visuelcuisine11300x259.jpgPrenez quatre comédiens pleins d’allant, ajoutez un scénario à la Ken Loach, assaisonnez le tout d’une bonne dose d’humour et de cynisme, parsemez des plus grands succès du King, vous êtes sûrs de réussir la Cuisine d’Elvis. Une comédie qui se termine mal, sur le thème : « Famille, je vous aime, famille je vous hais ». Et cette famille-ci n’est pas triste : à la suite d’un accident, le père n’est plus qu’un « légume » cloué dans son fauteuil. Habillé comme Elvis Presley, son idole, il lui prend parfois de se prendre pour l’artiste de Graceland, et de raconter des histoires aussi abracadabrantesques que délicieuses. La mère, la quarantaine anxieuse, est nymphomane : ivre du matin au soir et du soir au matin, elle se réfugie dans les bras de jeunes hommes, leur demandant inlassablement s’ils la trouvent attirante. Son unique désir désormais : « boire, baiser, vivre ». La fille, adolescente rebelle et boulimique, tente de prendre soin de ses parents, aimerait que tout soit comme avant…

Engueulades, coups bas et règlements de compte à OK Corral rythment la vie de la petite famille où finalement tout le monde est malheureux. Chacun tour à tour se découvre pervers et bourreau, en même temps que victime imprégnée de culpabilité. Chacun traîne son ressentiment, sa rancune et son besoin d’amour comme un boulet.

La situation s’envenime avec l’arrivée de Stuart, gigolo de 26 ans qui n’a pas inventé l’eau chaude, nouvel amant notoire de la mère. Non content d’avoir l’épouse, il séduit et prend la fille et finit même par masturber le père ! Sa bêtise et sa malhonnêteté agiront comme un révélateur et accéléreront une fin sordide, que nous ne révélerons pas ici.

À l’aide d’un décor minimal : une cuisine en trompe l’œil, une table et trois chaises, la petite troupe nous sert un excellent moment de théâtre, assez drôle pour ne pas être complètement tragique ou sinistre, et suffisamment subtil et fin pour ne pas verser dans le stéréotype ou la niaiserie. Un spectacle bien relevé en cette fin de mois d’août, et revigorant pour affronter la rentrée !

Barbara Petit

Théâtre Le Lucernaire jusqu’au 25 septembre à 18h30.

Pyrame et Thisbé. Festival d’Aurillac

 Pyrame et Thisbé par la Compagnie Gérard Gérard.

C’est une petite forme , comme aurait dit le cher Antoine Vitez sur une petite place du vieil Aurillac pour une petite jauge ( 100 personnes maximum). C’est , sur le thème de la fameuse histoire d’amour reprise par Shakespeare dans Le Songe d’une nuit d’été, joué par deux jeunes acteurs, Julien Bleitrach et Alexandre Moisescot. Quelques bouts de costume, une grande malle, quatre accessoires et quelques compères dissimulés dans le public: c’est tout et une demi-heure à peine, un petit moment de théâtre aussi  bête que jubilatoire,  c’est à dire intelligent et fin. Diction et gestuelle impeccable, sens du rythme et de la parodie; même si le travestissement a beaucoup servi, les deux compères savent s’y prendre pour que ce ne soit jamais vulgaire, même si c’est gros comme une ficelle, et  c’est surtout terriblement efficace…La Compagnie Jolie Môme joue aussi à une vingtaine de mètres: c’est dire que la concurrence vocale des chansons est là mais le public restait très attentif et  était visiblement heureux de cette bouffée d’air frais.
La Compagnie jouait aussi  dans la soirée son remarquable Roméo et Juliette qui l’a lancée il y a quelques années mais que nous n’avons pas pu revoir. Dans les centaines de compagnies dites « invitées », les Gérard Gérard qui résident à Perpignan ont su marquer leur territoire. Après tout, le Festival d’Aurillac , malgré la médiocrité de plupart des spectacles du off sert aussi à celà…Et chacun sait que le Théâtre du rue est une des plus rudes écoles qui soient!

Philippe du Vignal

25 et  26 aout à PARIS.Festival Les Arenes de Montmartre, Belleville, à PARIS.le 25 aout : 17h30 et 19h30le 26 aout : 17h30 et 20h »

le 29 aout à Herve (Belgique).Festival Rue du Bocage à 14h30 et 17h30.

Le Goût de l’Opéra

Le Goût de l’Opéra

Textes choisis et présentés par Sandrine Fillipetti

opera.jpgQu’est-ce que l’opéra ? « L’art de corrompre les cœurs par des chants lascifs et par des spectacles agréables : (…) Les spectacles de l’opéra sont bien contraires à ceux de l’Église, pernicieux aux bonnes mœurs et féconds en mauvais exemples : ou sous prétexte de représentations et de musiques, on excite les passions les plus dangereuses, et par des récits profanes et des manières indécentes, on offense la vertu des uns et l’on corrompt celle des autres ». Voilà qui est lancé. Et Richard Wagner ? « L’artiste de la décadence (…), une névrose (…) qui rend malade tout ce qu’il touche. (…) Dans son art, on trouve mêlé de la manière de la manière la plus troublante ce que le monde recherche le plus ardemment aujourd’hui : ces trois grands stimulants des épuisés que sont la brutalité, l’artifice et la naïveté (l’idiotie). » Ces jugements impitoyables de Louis Ladvocat et Friedrich Nietzsche montrent à quel point l’opéra suscite des réactions passionnées.

Tempéraments à fleur de peau, fins connaisseurs aux opinions tranchées, sensibilités exacerbées, fous furieux enflammés ou simples amateurs enthousiastes, tous se retrouvent dans cette petite mais riche et précieuse anthologie intitulée bien à propos Le Goût de l’Opéra. Oui, c’est bien de goût dont il s’agit, dans ces spectacles sollicitant les sens pour les délecter… ou les décevoir, parfois.

L’ouvrage regroupe des textes de compositeurs, d’écrivains (dramaturges), librettistes, musicologues, organisés de manière chronologique : « âge classique », « âge d’or », « époque moderne ». Ainsi verra-t-on s’exprimer tour à tour Rousseau, Bellini, Berlioz, Saint-Saëns, Proust, Schoenberg, et bien d’autres, jusqu’au jeune Pascal Dusapin, qui a travaillé avec Olivier Cadiot. Parti pris, récit d’échecs ou de succès, vindicte personnelle ou fait divers, propos mûrement réfléchi, les petits passages ici rassemblés sont aussi variés dans leur forme que sur le fond. Mais tous ont pour point commun cette affection pour l’opéra, qui s’exprime comme un bouillonnement intérieur ou une fièvre ardente.

D’ailleurs, hier comme aujourd’hui, les problématiques sont les mêmes : au XVIIIe siècle déjà, le poète Francesco Algarotti parle de « sujet inféodé à l’économie du spectacle », une considération qui n’est pas sans nous rappeler la fameuse « rentabilité » tristement assénée par notre ministère de la Culture. Le spectacle est-il ennuyeux ? Beaumarchais pense que « de la part du public, il n’y a point d’erreur dans ses jugements au spectacle, et qu’il ne peut y en avoir. Déterminé par le plaisir, il le cherche, il le suit partout.(…) Le spectateur a raison ; c’est le spectacle qui a tort. » 

Un petit recueil pour les amoureux non seulement de l’opéra mais aussi du théâtre et de la musique. Une plongée dans tout un héritage littéraire et artistique, auprès de spécialistes exaltés.

Barbara Petit

Mercure de France, collection « Le Petit Mercure », 128 pages, 6,50 euros.

 

 

 

 

Satellites Quand la lune se lève Part 2. Festival d’Aurillac

  Satellites  Quand la lune se lève Part 2. Illimitrof’ Company

satellites.jpgCela se passe dans le haras d’Aurillac, à la périphérie de la ville, tout près du Géant Casino , du magasin But et du Centre médico-chirurgical, survolé par une ligne à haute tension et pas très loin de l’ aéroport. Comme de plus, les bâtiments contemporains du haras sont d’une laideur à couper le souffle, vous comprenez vite qu’il ne s’agit pas d’une endroit idyllique. A l’entrée, de charmantes hôtesse chinoises remettent à chaque spectateur, un casque audio avec un visière représentant un visage à l’envers photographié en noir et blanc. Par politesse, on ne pose pas de questions. On vous invite  ensuite à pénétrer dans le haras.
Il s’agit  « d’un parcours, performance vivante, plastique et déambulatoire occidentalo-chinois » ( sic). » A travers un parcours émotionnel, soutenu par un effet de concentration auditive ( auido-guidé) vous serez propulsés dans une tentative de rencontre profonde entre deux cultures duettistes. Bertrand Dessane cherche inlassablement depuis vingt ans à nous faire sentir cette urgence de rapprochement culturel. Ici dans satellites 2 il pousse l’expérience à l’extrême, avec un acteur chinois face à un acteur occidental qui va tenter de se comprendre et de s’identifier » ( sic). En fait, si l’on résume: quelques petits textes insignifiants  dits dans le casque qui, au bout d’un quart d’heure , commence à faire mal à la tête, quelques passages dans des tentes regroupées où il ne se passe strictement rien. Un petite carte que l’on vous remet et avec laquelle vous devez vous retrouver un idéogramme de traits inscrits avec de la farine blanche sur un cercle de terre dans le manège. Mais comme on ne  donne aucune explication, tout le monde se trompe sur le sens envers/endroit du cercle et l’exercice tourne court… Ensuite le groupe de quarante personnes est scindé en deux, et celui auquel j’ai l’honneur et l’avantage d’appartenir est prié d’assister à une sorte de rituel auquel se livre l’acteur chinois dans une tente où il est enfermé. Rituel qui est la copie conforme ou presque d’une performance dans un jardin public l’après-midi du même jour; comme c’était gratuit, le public n’a rien dit mais s’était enfui vite fait dès la fin. On est prié d’entendre quelques uns des célèbres versets bibliques:  » Il y eut un soir, il y eut un matin… dits par l’acteur occidental;  on ne voit que l’ ombre de l’acteur chinois jusqu’au moment où il déchire des cloisons de papier. Quelques petites promenades toujours guidées par les hôtesses chinoises plus loin, nous nous retrouvons devant deux  hexagones de tissu blanc seulement éclairées par deux lampes de poches où l’acteur chinois effectue une danse. C’est bien le seul instant où il se passe quelque chose!  Après un nouveau  passage dans une tente, devant une table où deux couverts sont disposés sur une table nappée de rouge: une assiette avec des couverts  et en face, un bol avec des baguettes. Un Bible ficelée et en face Le livre du Li Jing. On vous donne une enveloppe rouge avec un petit message identique pour tous les spectateurs. Bonjour les symboles…. Et tous aux abris! Plus vain, plus prétentieux, plus inutile, malgré les moyens techniques mis en œuvre.
On peut se demander pourquoi et comment des choses aussi navrantes ont lieu dans le cadre du Festival officiel.Reste à comprendre comment et pourquoi la chose a réussi à atterrir jusqu’à Aurillac.
En tout cas, si vous la trouvez sur votre chemin, fuyez, fuyez: cela vous évitera de perdre une heure et demi de votre précieuse vie! Même si l’on vous propose de changer d’identité, puisque le spectacle se présente comme l’histoire d’un homme qui partage sa vie entre Occident et Chine, ce que l’on vous montre tient de la supercherie. Heureusement, le public- aucun jeune ou presque- n’a pas l’air dupe! C’est plutôt rassurant.

 

Philippe du Vignal

Spectacle  vu le 20 août au Haras national d’Aurillac
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PAPA, MAMAN, LE CHAT ET MOI. Festival d’Aurillac

PAPA, MAMAN, LE CHAT ET MOI  Jean-Louis Costes Aurillac 21 août 2010 a

Action et chansons en direct sur musique préenregistrée
Pour ce 25e festival d’Aurillac, Jean-Marie Songy retourne à des sources anciennes du théâtre de rue en convoquant une quinzaine de performances données comme il se doit pour une unique représentation.
Jean-Louis Costes, connu depuis une vingtaine d’années pour ses outrances musicales, verbales et scatologiques s’exhibe dans une nudité répugnante, se livrant aux pires excès en doublant son membre d’un long pénis, brandissant des effigies de Papa, se réjouissant du meurtre de Maman, s’enduisant de déchets merdeux, se réjouissant de la violence du chat, hurlant sa déchéance rêvée…Je n’ai pu rester dans la salle qu’en fermant les yeux aux pires moments de ce spectacle qui me semble très daté et sans rapport avec l’art…
Mais je retarde sans doute, car l’organisation de ces performances donne du sel à ce festival, en particulier la mise à nu de milliers de volontaires photographiés par Spencer Tunick. Voir la video sur face book,  et consulter l’excellent article de Jean-Pierre Thibaudat sur Balagan, rue 89.

Edith Rappoport

rue 89

 

 

Eternal in/out, Festival d’Aurillac

eternal4.jpgEternal in/out par Materia Prima
Écriture et mise en scène ODM

C’est une histoire sans fin, une spirale infernale, l’éternel recommencement… La compagnie originaire de Nancy mêle performance, installations vidéo, danse et musique pour nous parler de la perte, de la quête d’identité, de la soif de vivre, dans un spectacle à la lisière de la science-fiction  mais si proche de la triste réalité… Eternal in/out est en effet le troisième volet d’une trilogie sur le thème de l’ange et de la chute, dans les villes tentaculaires contemporaines.
Des corps inanimés sur des tables d’opération se réveillent dans une transe, avant d’être projetés dans la vie. Passant par différentes phases d’évolution, ces êtres vont découvrir le sexe, la violence dans les rapports humains, la débauche… mais surtout baigner dans une absence de repères totale, et finalement goûter assez peu de bonheur.
À la fin, cette destinée trépidante mais sans contact ni partage réels finit par les tuer, sauf qu’ils retourneront à la table d’opération. C’est reparti pour un tour…
La troupe Materia Prima fait preuve d’une belle énergie et maîtrise les images comme les déplacements dans l’espace. Restent quelques longueurs dans certaines scènes et un enjeu à définir plus précisément.

Barbara Petit

jusqu’au 21 août, place des Carmes

El nino, festival d’Aurillac

El nino, par Teatr A part

scénario et mise en scène Marcin Herich

 

Avez-vous le cœur bien accroché ? Il vaudrait mieux si vous tenez à assister à El nino, deuxième volet d’une trilogie sur l’existence humaine, tragédie moderne réglée au cordeau par la petite troupe polonaise Teatr A part.

Sur le parking du château Saint-Etienne, dans un décor dépouillé évoquant une friche industrielle post-apocalyptique, des personnages vont nous faire ressentir les affres et les désastres du monde technologique. De petites scènes s’enchaînent, faisant défiler une galerie de personnages tous plus lugubres les uns que les autres : des mâles autoritaires en pantalons militaires et rangers, torse nu, portant un masque de protection, semblent les gardiens d’un territoire interdit. Des hommes et des femmes revêtus de pardessus évoquant la Gestapo vont se livrer à des jeux érotiques, obscènes et violents. D’étranges individus sur échasses vont jouir à mettre le feu au sol… Les tableaux sinistres confinent même à une ignoble atrocité, comme lorsque des cadavres sont traînés dans des sacs plastiques, ou qu’un gentil couple se déshabille avant d’aller prendre une douche et de partir en fumée. Ou encore qu’un malheureux au corps supplicié, écartelé, est soumis à la torture avant d’être achevé par des bourreaux revêtus de blouses blanches et de masques.

La mise en scène est impeccable : les comédiens sont en tension, l’espace est bien exploité par les dispositifs techniques et mobiles. Musique et jeux de lumière soutiennent parfaitement la gestuelle de ce spectacle sans paroles, mais pas sans émotions.

Toutefois, on peut regretter l’absence d’une définition plus claire du contexte : de quels désastres nous parle-t-on précisément ? Épidémie, pollution, guerre ? Situer l’enjeu laisserait moins le spectateur sur sa faim. Nous avons le thème mais il nous manque encore le propos. À suivre.


Barbara Petit

jusqu’au 21 août au château Saint-Etienne

L’IDEAL CLUB Festival d’Aurillac

L’IDEAL CLUB  26000 couverts Aurillac 20 août 2010 

Mise en scène Philippe Nicolle assisté de Sarah Douhaire
ideal6.jpgPour cet Idéal club, on s’arrachait déjà les billets à Chalon dans la rue, on se sent privilégié d’être enfin accueillis dans cette salle bourrée de la Vidalie à Arpajon sur Cère. Après tant d’étonnantes surprises concoctées depuis 1995 par ces champions du vraiment faux, Le sens de la visite, La poddémie, Le championnat de France de n’importe quoi, Le grand bal des 26000, on arrive avec l’eau à la bouche

Las, cette douzaine d’acteurs inventifs rompus à un humour revigorant se livre à une étrange anamorphose en prétendant se livrer à une séance de répétition pour un spectacle à créer dans un mois. Aucun cliché ne manque, une présentatrice abrutie, un duo de clowns débile, des numéros ratés, le tout sous la direction du metteur en scène expliquant que le spectacle ne doit pas dépasser une heure un quart, alors que cet Idéal club dépasse les deux heures et demie. Les seuls moments de grâce sont le strip-tease de Pierre Dumur en cow-boy équilibriste et le concert de scies musicales et électrique. Le final auto-critique à l’américaine ne parvient pas à sauver le spectacle.

Qu’importe, cet Idéal club connaît un beau succès public, une belle carrière lui est assurée, on pourra le voir au Théâtre Monfort à Paris à la rentrée.

 

Edith Rappoport

www.26000couverts.org

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L’Idéal Club par la Compagnie des 26.000 couverts.
`

Les 26.000 couverts, on connaît la compagnie depuis presque vingt ans et le dernier opus, sur fond de parodie moyen-âgeuse, accueilli par le Théâtre de l’Athénée, était du genre  réussi. L’Idéal Club est, lui,  fondé sur le music-hall , ses paillettes et sur une parodie de ses numéros aussi insolites que ringards. Après tout, pourquoi pas ?
Dans la salle polyvalente d’Arpajon-sur-Cère bourrée à craquer, commune limitrophe d’Aurillac, dans une chaleur aoûtienne des plus torrides, il y a une petite scène avec des pendrillons rouges volontairement fanés à coup de peinture noire, et un metteur en scène qui dirige une soi-disant répétition d’un spectacle de music-hall. Côté cour,  un petit orchestre de rock. Cela commence plutôt mal: le théâtre dans le théâtre, désolé Philippe Nicolle ( directeur des 26.000 couverts) mais 1) Cela date quand même du 16 ème siècle on depuis quelque temps beaucoup donné, 2) on a comme l’impression d’avoir vu cela des dizaines de fois, depuis Shakespeare, Corneille, Molière et beaucoup d’autres, y compris nombre de comédies musicales américaines qui se sont aussi engouffrées dans la brèche…
Même si les sketches sont parfois brillants comme ce magnifique équilibriste qui réussit à se déshabiller entièrement en restant sur son rouleau. Ou cet orchestre de flûtistes dont l’un persiste à jouer faux au grand désespoir de ses compagnons. Ou encore cette présentatrice ringarde au vocabulaire des plus confus qui s’emmêle les pinceaux quand elle annonce les numéros.
De temps en temps, l’orchestre joue un morceau, et c’est la plupart du temps assez brillant: indéniablement ces acteurs/ musiciens/ jongleurs/ danseurs  savent tout faire ou presque…Il y a aussi une formidable parodie de poésie sonore- très en vogue pendant ce dernier festival…
Mais pourtant l’ensemble ne tient pas vraiment pas la route. La faute à quoi ? A un manque de dramaturgie d’abord ,de rythme et de véritable mise en scène: si bien qu’on a l’impression désagréable que les comédiens semblent se faire plaisir  mais les spectateurs un peu moins!
L’entracte une fois passé, la parodie de répétition reprend – et c’est plutôt pas très légers, avec cependant quelques petits bonheurs de temps à autre, sans que  l’ensemble soit bien convaincant. Philippe Nicolle a beau appeler Deleuze  à la rescousse avec quelques citations, cela n’en finit pas de finir, puisque le spectacle dure deux heures et demi, entracte compris…
Il y a une fausse fin- toujours redoutables les fausses fins!- et on repart encore pour un tour avec un bureau des réclamations des comédiens devenus spectateurs mécontents du genre: « Pour avoir des idées, ils en ont mais elles sont toutes mauvaises ». Cela pourrait être drôle mais cela ne l’est pas vraiment, même si encore une fois les comédiens sont tous remarquables.
Il est déjà presque 23 heures 30, et le moins que l’on puisse dire, c’est que le spectacle traîne sérieusement en longueur. Que faudrait-il faire ? Sans doute élaguer sérieusement d’une heure, mais aucun metteur en scène n’a vraiment le coeur de l’envisager, une fois le spectacle construit: trop de travail en perspective et… trop de mécontentements dans la compagnie! L’Idéal Club, c’est juste pour se faire du bien dit le programme… Mais du bien à qui? Aux acteurs ou au public?
Alors, à voir? Oui, si vous n’êtes pas trop difficile mais, à l’évidence, on est loin du compte: le public a applaudi poliment sans doute par respect du travail mais ne semblait pas y avoir pris un plaisir extrême. Voilà, vous êtes prévenus mais après tout, il y aura peut-être des modifications et y trouverez-vous votre compte, mais, pour le moment,  quelle déception!

Philippe du Vignal

Spectacle vu le 20 août à la salle de la Vidalie à Arpajon-sur-Cère. Pour les prochaines dates, voir le site de la Compagnie des 26.000 couverts..www.26000couverts.org

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