Ligne de front. Festival d’Aurillac

Ligne de front de Paul Bloas et Serge Teyssot-Gay.

paulbloaspaulbloas.jpgLe Festival de cette année a donné la part belle à des artistes auteurs de performances comme Jöel Hubaut, Michel Giroud ou Spencer Tunik, connu pour ses installations de corps nus…Imaginez la gare d’ Aurillac, petite gare aimable située à une centaine de mètres de belles prairies parsemées de bosquets de châtaigniers mais dépourvue de tout train, comme de tout personnel de la SNCF,  puisqu’il y a des travaux sur les deux lignes menant à Clermont-Ferrand comme à Brive. Bref, une belle petite gare silencieuse avec ses feux de signalisation tous bloqués au rouge. Un vrai décor, mais sans scène ni aucun projecteur où, sur le dernier quai,  Paul Bloas, artiste peintre qui travaille essentiellement dehors sur de grandes surfaces de papier et, à ses côtés, Serge Teyssot-Gay, son complice depuis longtemps, mais aussi guitariste du groupe Noir Désir.

 Sur le quai donc,  pas grand chose: deux grands panneaux verticaux couverts de papier, un escalier en bois sur roulettes pour atteindre le haut, et un autre panneau de papier en longueur pour recevoir quelques phrases. Sur les voies, un praticable avec les pots de couleur et les pinceaux du peintre. Teyssot-gay joue en permanence, et il y a parfois de singuliers vrombissements et des phrases musicales qui rappellent les accents d’un violoncelle. Pendant tout le temps de cette performance, Paul Bloas, comme électrisé par la musique va parfaire deux silhouettes d’homme à coup de fusain et de balafres de peinture, avec de temps en temps, comme des sortes de repentirs quand l’artiste reprend certaines parties avec quelques touches d’ocre léger ou à la fin de grands traits de bleu. cela ne manque pas d’allure et les quelque deux cent personnes sagement assises sur le bord de l’autre quai regardent se faire devant eux ce qu’il faut bien appeler une œuvre picturale. 

Les petites phrases écrites au feutre par Paul Bloas sur des feuilles de papier sont sans doute moins convaincantes mais il y a, dans cette fluidité du temps comme de la musique, quelque chose qui passe auprès du public, le temps  d’une heure ponctuée à la fin par les sept coups de 19 heures au clocher d’une église voisine. Comme si la peinture-éphémère aussi-de  ces deux grandes silhouettes rencontrait l’éphémère d’un acte théâtral et surtout musical.

Et, pour une fois, il y avait beaucoup de jeunes gens dans le public…
Jean-Marie Songy, le directeur du Festival, avait l’air heureux-  et avec raison- de son coup, d’autant plus que cette création restera unique et ne pourra plus être renouvelée l’an prochain, puisque la circulation des trains aura repris…

Philippe du Vignal

Performance vue à la gare d’Aurillac le 18 août, reprise le 19 à 11 heures et à 18 heures.

 


Archive pour 20 août, 2010

Ligne de front. Festival d’Aurillac

Ligne de front de Paul Bloas et Serge Teyssot-Gay.

paulbloaspaulbloas.jpgLe Festival de cette année a donné la part belle à des artistes auteurs de performances comme Jöel Hubaut, Michel Giroud ou Spencer Tunik, connu pour ses installations de corps nus…Imaginez la gare d’ Aurillac, petite gare aimable située à une centaine de mètres de belles prairies parsemées de bosquets de châtaigniers mais dépourvue de tout train, comme de tout personnel de la SNCF,  puisqu’il y a des travaux sur les deux lignes menant à Clermont-Ferrand comme à Brive. Bref, une belle petite gare silencieuse avec ses feux de signalisation tous bloqués au rouge. Un vrai décor, mais sans scène ni aucun projecteur où, sur le dernier quai,  Paul Bloas, artiste peintre qui travaille essentiellement dehors sur de grandes surfaces de papier et, à ses côtés, Serge Teyssot-Gay, son complice depuis longtemps, mais aussi guitariste du groupe Noir Désir.

 Sur le quai donc,  pas grand chose: deux grands panneaux verticaux couverts de papier, un escalier en bois sur roulettes pour atteindre le haut, et un autre panneau de papier en longueur pour recevoir quelques phrases. Sur les voies, un praticable avec les pots de couleur et les pinceaux du peintre. Teyssot-gay joue en permanence, et il y a parfois de singuliers vrombissements et des phrases musicales qui rappellent les accents d’un violoncelle. Pendant tout le temps de cette performance, Paul Bloas, comme électrisé par la musique va parfaire deux silhouettes d’homme à coup de fusain et de balafres de peinture, avec de temps en temps, comme des sortes de repentirs quand l’artiste reprend certaines parties avec quelques touches d’ocre léger ou à la fin de grands traits de bleu. cela ne manque pas d’allure et les quelque deux cent personnes sagement assises sur le bord de l’autre quai regardent se faire devant eux ce qu’il faut bien appeler une œuvre picturale. 

Les petites phrases écrites au feutre par Paul Bloas sur des feuilles de papier sont sans doute moins convaincantes mais il y a, dans cette fluidité du temps comme de la musique, quelque chose qui passe auprès du public, le temps  d’une heure ponctuée à la fin par les sept coups de 19 heures au clocher d’une église voisine. Comme si la peinture-éphémère aussi-de  ces deux grandes silhouettes rencontrait l’éphémère d’un acte théâtral et surtout musical.

Et, pour une fois, il y avait beaucoup de jeunes gens dans le public…
Jean-Marie Songy, le directeur du Festival, avait l’air heureux-  et avec raison- de son coup, d’autant plus que cette création restera unique et ne pourra plus être renouvelée l’an prochain, puisque la circulation des trains aura repris…

Philippe du Vignal

Performance vue à la gare d’Aurillac le 18 août, reprise le 19 à 11 heures et à 18 heures.

 

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