Récits de femme
Récits de femme, textes de Franca Rame et de Dario Fo, mise en scène de Dimitri Dubreucq.
Le spectacle est composé de deux monologues de Franca Rame: Nous avons toutes la même histoire, Une femme seule, et du célèbre dialogue de Dario Fo: Couple ouvert à deux battants. Franca Rame raconte d’abord l’histoire de Gina- hélas trop souvent vécue en Europe, dans les années 70, d’une grossesse non désirée, quand une femme se retrouve bien seule, face à un mari qui panique à l’idée d’être père.
Dans Une femme seule, Marie raconte par la fenêtre à sa voisine son enfermement, puisque son mari verrouille la porte. Elle aussi est très seule, avec son bébé et un beau-frère dérangé qui la traite comme un objet sexuel.
A la fois, résignée et révoltée contre la vie qu’elle doit subir. Mais, quitte à passer pour un affreux anti féministe, il faut dire que les deux monologues de Franca Rame, quand elle les dit, elle, ont sans doute une saveur particulière comme en attestent le succès qu’elle rencontre partout en Italie…Mais pas ici! Cécile Leterme fait ce qu’elle peut pour tirer ces deux textes vers le haut mais on s’ennuie un peu.
Couple ouvert à deux battants, a une autre dimension: c’est un moment de l’histoire d’un couple, celui d’ Antonia et de Massimo, lequel ne ne se gêne pas pour afficher ses conquêtes, alors qu’elle se livre régulièrement à des tentatives de suicides… Massimo, un jour, lui conseille de de trouver vite fait un amant, ce qui lui ferait, dit-il, le plus grand bien…Puisqu’ils revendiquent tous les deux, la notion très soixante huitarde de couple ouvert. Aussitôt dit, aussitôt fait ou, du moins, elle lui dit qu’elle fait! C’est, dit-elle, un grand professeur de physique dont elle est folle amoureuse. Vrai, ou pas vrai comme elle le lui avouera par la suite: on ne saura pas vraiment. Mais, en tout cas, le moins que l’on puisse dire, c’est que Massimo apprécie fort peu la plaisanterie: la liberté sexuelle a quand même des limites, du moins quand on est son épouse…
Lou Torjman est particulièrement brillante et impose vite son personnage; Sylvain Savard est moins convaincant mais cette petite pièce savoureuse qui fait la joie des élèves de théâtre, reste l’un des classiques du théâtre contemporain. L’ensemble ne fait tout de même pas une soirée; enfin si le cœur vous dit d’aller jusque dans cet endroit dont les normes de sécurité ne sont pas, une fois de plus, respectées et que vous ne connaissez pas Couple ouvert, après tout pourquoi pas, mais la pièce a été et sera sans doute mieux montée.
Philippe du Vignal
Théâtre des Saules, 53 rue des Saules, les jeudis, vendredis et samedi à 21h 30; le dimanche à 17 heures.
Merci de votre commentaire mais avons-nous vu la même représentation ? Cela dit, je persiste et je signe: l’ensemble ne fait quand même pas une soirée fabuleuse…
J’ai trouvé au contraire que Sylvain Savard joue extrêmement bien, tout comme les autres comédiens. Ces trois pièces sont très bien mises en scènes, drôles et bien menées.