La Course
La Course
Texte et mise en scène par Colette Alexis Varini
Pierre disparaît dans l’enfer du théâtre – des opérations – indochinois en 1946, laissant derrière lui un frère jumeau, une famille et des pans de questions laissées sans réponse sur les motifs de son engagement. Figure d’un trauma familial métonymique de celui d’une génération de survivants, il revient, sous la forme d’une présence fantomatique pour décrypter les raisons de cet engagement autant que pour commenter les troubles mémoriels subis par la génération familiale qui lui a succédée.
Au-delà d’un propos présentant un indéniable intérêt mais dont le traitement est un peu confus, la mise en scène est précise et particulièrement léchée. La scénographie permet la mise en espace d’aires de jeux situés sur des plans à profondeurs distinctes (ce qui évite à l’œil de se lasser compte tenu du fait que les déplacements sont réduits). Elle offre aussi la possibilité de projections vidéos d’une très belle plasticité, qui non moins expressives servent aussi le propos. Les six comédiens tiennent parfaitement leurs rôles, même si les personnages manquent un tantinet de profondeur, peut-être est-ce du reste la conséquence d’un parti pris visant à ce que chacun puisse s’y projeter ? Les lumières découpent avec brio l’espace, le rendant là aussi plus vaste et plus riche tout en participant à la réussite du projet vu suivant un regard posé sur sa plastique.
On l’aura compris, cette première représentation (insistons sur cet aspect puisque les fragilités pointées viennent probablement de ce fait) laisse une impression nuancée, celle d’un travail très précis, d’une forme réussie mais d’un propos un peu en deçà de l’attente qu’on pouvait projeter au regard des enjeux soulevés par le sujet traité. Cette pièce mérite tout de même qu’on s’y arrête et qu’on lui permette de jouer pour qu’un rythme plus juste soit trouvé dans le jeu, afin que le spectateur se sente un peu moins contemplatif, davantage concerné par les ressentis des personnages.
Jérôme Robert
Création du Théâtre du Néon
au théâtre de L’Opprimé jusqu’au 31 octobre 2010
78 rue du Charolais 75012 Paris Tél : réservation 01 43 40 44 44
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La course
Nous confirmons avec sans doute… un peu moins d’indulgence. A cette sorte d’exorcisme familial d’un ascendant tombé comme beaucoup au champ d’horreur de la guerre d’Indochine comme on disait alors, dont, soit dit en passant, les hommes politiques de l’époque dans l’ensemble , qu’il soient de droite ou de gauche, ne s’émouvaient guère, manque une véritable écriture dramatique. Et cette petite suite de tableaux, aux arrières-goûts brechtiens laisse indifférente malgré l’horreur de cette tragédie rustico-familiale…
Pourtant, c’est plutôt bien joué – tous les comédiens font leur boulot-et très correctement mis en scène; on préférerait qu’il y a ait quelques erreurs pardonnables mais là c’est un ennui pesant qui ne tarde pas à s’installer, et comme ce qui nous est proposé dure quand même une heure et demi…
Malgré toutes les bonnes intentions de l’auteuse-metteuse en scène, c’est sec comme un coup de trique : pas un brin d’émotion ne passe. Par ailleurs, la scénographie pourtant simple: deux grands châssis de toile translucide ne fonctionne pas non plus : trop envahissante pour la petite scène du Théâtre de L’ Opprimé !
Que sauver de ce spectacle? Pas grand chose sinon , et bien qu’elles soient en décalage complet avec ce texte-récit, les images projetées: une petite route de campagne française en été puis couverte de neige, un gros plan de rayons de roue de vélo, un escarpin rouge vif. Comme si l’image plastique prenait miraculeusement le relais d’un texte qui n’en est pas vraiment un.
Y aller ou pas? Si vous avez vraiment d’excellentes raisons que nous ne connaissons pas, si vous avez envie de comprendre pourquoi faire du théâtre est vraiment très difficile, si… Mais la vie est courte et l’Oncle Vania au Théâtre de l’Athénée nous attend: encore un des paradoxes contemporains: les metteurs en scène préférent souvent s’en remettre à des valeurs plus sûres.
Au fait, saviez vous que le merveilleux Vania à la Campagne du Théâtre de l’Unité -qui se joue à la lumière du jour et sans autre décor qu’un pré, ou un jardin de grande propriété avec quelques dix sept comédiens, s’en va sur ses 80 représentations…
Philippe du Vignal