La coupe et les lèvres

La coupe et les lèvres, d’Alfred de Musset, mise en scène Jean-Pierre Garnier

 

   Musset a vingt-et-un ans quand il écrit cette longue ode dramatique qu’est La coupe et les lèvres. Et il bouillonne de la révolte, de la haine de l’ennui, du refus de l’intégration dans une société de brutes et d’épiciers (rappelons que l’épicier est l’ennemi emblématique du romantique), de l’espoir désespéré qu’on retrouve dans sa Confession d’un enfant du siècle et dans son théâtre. Franck, le héros – et son nom est porteur de liberté, « ce qui ne veut pas rien dire », comme dirait un autre enfant sublime -, décide de tout quitter pour se lancer à la découverte d’un monde peut-être possible. Sans retour : il brûle la maison paternelle, rompant avec tout lien social, toute tendresse.
Il abandonne son innocente et pure amoureuse pour une magnifique catin – et au passage Musset pose la dualité du féminin qui hante le romantisme et le XIXe siècle en général-, il cherche le bien dans le mal et l’apaisement dans la fureur… Jusqu’à retrouver le Bien. Mais, entre la coupe et les lèvres « il y a place pour le malheur » et pour les conséquences de ses actes. Ici : souffrance et solitude. On pense à un Peer Gynt sans rédemption, aux Brigands de Schiller… Jean-Pierre Garnier et sa troupe voient dans La coupe et les lèvres – et ils ont raison – une formidable interpellation collective de la jeunesse au monde dans lequel elle entre. Dans le chœur impeccablement réglé qu’ils nous proposent, les personnages, la parole, circulent de l’un à l’autre, se démultiplient, empruntent à la musique (en direct), dans un dispositif sans cesse en mouvement, dynamique, astucieux.

  Adresse directe au public, reprise du jeu dramatique, la machine tourne à fond, jusqu’à la saturation parfois. On a envie de faire taire ce sale gosse de Musset : Dieu, le vie, la mort, ça va ! On a aussi envie, parfois, de dire au metteur en scène : d’accord, c’est superbe, mais on a compris le système, il faudrait peut-être maintenant inventer un nouveau ressort. Mais, basta. L’important est ce que l’on reçoit. Et c’est fort.

 

Christine Friedel

 

Théâtre de la Tempête à 20h – 01 43 28 36 36 – jusqu’au 24 octobre

 

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