VÉRITÉ DE SOLDAT

VÉRITÉ DE SOLDAT BlonBa (Mali) Grand Parquet

Docufiction théâtral de Jean-Louis Sagot-Duvauroux inspiré du récit de Soungalo Samaké La vie de soldat, mise en scène de Patrick Le Mauff.


Trois personnages racontent l’épopée de l’indépendance du Mali depuis 1960, à la fois terrifiante et revigorante. Une jeune femme raconte le viol de sa mère morte à l’âge de treize ans qui lui a donné la vie, à Amadou Traoré, ancien responsable socialiste, ami personnel de Modibo Keita ,premier président du Mali. Son interlocuteur dialogue avec Soungalo Samaké, soldat engagé dans la répression menée par le nouveau président du Mali depuis 1968.
Le soldat a été condamné à dix ans du terrible bagne de Taoudenit, pour la répression anticoloniale française. Il a été impliqué dans les viols collectifs à Bamako, survit au régime du bagne, écrit un livre sur son parcours qui sera publié par son ancien tortionnaire étrangement devenu éditeur. Cette étrange conversation à trois est menée calmement par trois acteurs maliens, souligné par des documents d’époque projetés sur grand écran. Patrick Le Mauff, ancien directeur du Festival des francophonies en Limousin, grand amoureux de l’Afrique,  réalise ainsi sa troisième collaboration avec la compagnie BlonBa, après Nord-Sud à Choisy-le-Roi. On en sort étrangement bouleversé.

Edith Rappoport
Jusqu’au 28 novembre au Grand Parquet, en janvier 2011 à Bamako et du 8 au 12 mars au Centre National des Arts à Ottawa :jean-louis@blonba@culture.com


Archive pour 8 novembre, 2010

Interiors

Interiors au théâtre des Abbesses d’après Maurice Maeterlinck

interiors.jpg C’est à une représentation atypique que nous invite le metteur en scène écossais Matthew Lenton et son groupe Vanishing point, pour sa première venue en France . Cette œuvre, en coproduction avec Napoli Teatro Festival Italia, est inspirée de la pièce de Maeterlinck : Intérieur. Ce récit décrit un vieil homme et un étranger, à l’extérieur d’une maison isolée, qui regardent par une fenêtre, une famille réunis dans le salon. Ils doivent informer les parents de la mort brutale de leur fille noyée, et plus ils regardent cet heureux foyer familial, plus il est difficile d’annoncer la nouvelle. Ce principe du quatrième mur qui rend les deux personnages voyeurs est utilisé dans ce spectacle au profit du public.
L’action se situe lors de la plus longue nuit de l’année dans la salle à manger d’une maison isolée du grand Nord, entourée de neige et d’ours polaires…. Andrews, un homme âgé et sa petite fille Sarah, reçoivent des amis pour un rituel dîner annuel. Et l’on va assister au déroulement de cette soirée, sans entendre les voix et les sons, provenant de ce foyer humain, ( en dehors des musiques du lecteur CD).
Au fur et à mesure, les convives arrivent et s’installent autour de la table. Chacun de ces fragments de vie est mis à nu, devant nous, aidé en voix off, par une étrange narratrice. Cette personne va finir par rejoindre la scène, mais y reste extérieure et observe comme nous les personnages. Une ancienne habitante du lieu? Un fantôme?  Le symbole du destin? Un ange descendu du ciel, comme dans  Les Ailes du désir » de Wim Wenders? Elle va porter d’abord un regard ironique, puis tendre sur chacun d’eux, d’autant qu’elle a connaissance de leurs destinées futures.
Nous assistons à un théâtre intime du quotidien, à un « tragique du bonheur de la vie immobile » comme le dit Maeterlinck. Pour Matthew Lenton « nous projetons nos propres histoires rêvées sur les histoires qui surviennent dans le salon, les petites tragédies prennent des proportions épiques parce que, bien sur, nous les reconnaissons en nous ».
Cette mise en scène est réussie, aidée par une belle scénographie, qui transforme le plateau en maison de poupée pour humains. Les huit acteurs  font un travail d’une grande finesse, et ne tombent jamais dans la pantomime. Dans  Théâtres Intimes  Jean-Pierre Sarrazac évoque la pièce de Maeterlinck, qui « met fortement en résonance l’intérieur et l’extérieur, au point de provoquer un effondrement de l’intimité familiale. La maison est la cible d’un cyclone cosmique dont l’œil tranquille serait la mort et qui, aux derniers instants de la pièce, va la faire voler en éclats ».
Remercions Emmanuel Demarcy-Motta et son équipe d’avoir déniché cette perle noire, qui nous laisse un goût d’amertume quant à notre  destinée: à la fin du spectacle, la narratrice nous dit seulement:  à bientôt…

Jean Couturier

Spectacle présenté au Théâtre des Abbesses  www.vanishing-point.org

Le Malade imaginaire

Le Malade imaginaire de Molière, mise en scène d’Alain Gautré.

 

 « Nous sommes au bord du gouffre mais l’élégance, toujours, sera de vous divertir au prix de l’exigence et de la drôlerie. Jusqu’au bout », déclare Alain Gautré. Un challenge qui était aussi celui de Molière, lui qui mourut en scène lors de la quatrième représentation de ce Malade imaginaire. Si le dramaturge, affaibli et moribond à l’époque, a fait de la maladie et de la mort le thème de sa pièce en exhibant un Argan hypocondriaque, il ne propose pas pour autant une tragédie morbide.
Bien au contraire, pour mieux tordre le cou à ses angoisses, il offre un tableau saisissant et joyeux comme ces danses macabres du Moyen-Âge qui tentaient d’apprivoiser la mort. Son carnaval à lui est une comédie ballet avec intermèdes et passages chantés. Un aspect festif et débridé qui est le parti-pris d’Alain Gautré et de sa compagnie Tutti Troppo pour cette adaptation électrique et déjantée du Malade Imaginaire.
Théodore Adorno et  Rimbaud n’affirmaient-ils pas qu’il faut être résolument moderne ? Ici, contemporanéité rime avec rap, funk, soul music et rock. Les comédiens touchent du mime, du clown, de la danse et du chant, avec brio pour la plupart, ce qui n’est pas rien. Leur agilité et leur talent sont mis en valeur par des costumes seyants, tous plus originaux et fantasques les uns que les autres, et aux couleurs chatoyantes (Catherine Oliveira).

 

201009292222w350.jpgDes exemples ? Les domestiques en baskets sont des joyeux loustics qui, avec balais, chiffons et bruits de bouche, slament et rapent, d’improbables zigotos qui se trémoussent à travers des néons volants. Notre Argan se déplace sur un fauteuil électrique, son insolite bonnet de nuit n’a rien à envier à sa cravate démente ou à ses chaussures de plage en plastique. Revêtue d’un kimono bleu, Toinette, la servante, tient d’une actrice de théâtre Nô. Les comédiens, pleins d’une énergie à couper le souffle et avec un jeu très maîtrisé, passent allégrement d’un personnage à l’autre : Teddy Melis campe avec autant d’éclat un Polichinelle ridicule qu’un M. Bonnefoi imposteur et stupide, Maxime Nourissat incarne un Diafoirus bloqué du cou par une minerve ou un Béralde gentleman anglais, Caroline Espargilière l’Angélique amoureuse ou sa sœur Louison. Un vivat également à Sara Mangano pour la Béline sournoise et surtout à Pierre-Yves Massip dont le Thomas Diafoirus a remporté tous les suffrages auprès du public : louchant, le nez et les oreilles rouges, la bave au menton, la raie au milieu du crâne d’une coupe de cheveux à la Du Guesclin, la tête rentrée dans les épaules, la cravate et le pantalon trop courts, et bien sûr le cerveau comme un petit pois et l’élocution d’un enfant de 2 ans.
Point de vue scénographie, les paravents qui se déplacent seuls sont des portes magiques derrières lesquelles les personnages apparaissent, disparaissent ou se métamorphosent. Quant aux chorégraphies, on admirera une danse de sultan ou une célébration de messe noire qui finit en concert de métal rock. Ou une opérette entre Angéline et Cléante qui vire à la comédie musicale, sans oublier les one-man-shows impayables de Polichinelle ou de Purgon.
En somme, une dramaturgie burlesque et jubilatoire pour un Malade imaginaire impeccablement servi, fidèle à l’esprit de son créateur. À savourer sans modération si le spectacle passe près de chez vous.

 

Barbara Petit

À L’apostrophe – Scène Nationale de Cergy-Pontoise les 6 et 7 novembre dans le cadre du Festival Théâtral du Val d’Oise. En tournée au Théâtre de l’Ouest Parisien du 12 au 21 novembre, à l’Espace Charles Aznavour (Arnouville) le 3 décembre, à la Sucrerie(Coulommiers) le 20 janvier 2011, à l’Espace Saint Exupéry (Wissous) le 28 janvier 2011, au Théâtre de Rungis le 10 février 2011, à l’Espace Culturel Boris Vian (Les Ulis) le 10 mai 2011…

 

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