ET PUIS J’MEN FOUS, VAS-y

ET PUIS J’MEN FOUS, VAS-Y…ET PUIS J’MEN FOUS, VAS-Y, PRENDS MA BAGNOLE, texte et interprétation Olivier Sferlazza, mise en scène Laura Scozzi.

Un homme enfant en pyjama, coiffé d’un bicorne arpente un sol en terre battue dans sa chambre d’enfant dont la seule issue est la porte de l’armoire. Dyslexique, il réveille de vieux souvenirs d’école, où la maîtresse réprimait le calcul mental qu’il faisait à la vitesse de l’éclair pour le forcer à écrire péniblement sur le tableau. Il continue à rêver sa vie d’adulte solitaire en réveillant de vieux fantômes.
Ce monologue,  saisissant par instants,reste insolite mais assez  décevant de la part d’un danseur mis en scène par Laura Scozzi, chorégraphe originale découverte à Montbéliard voilà une dizaine d’années.

Edith Rappoport

Théâtre du Rond Point


Archive pour novembre, 2010

Déshabillez Mots


Déshabillez Mots  de et avec Léonore Chaix et Flor Lurienne, d’après les chroniques réalisées et produites par France Inter, mise en scène de Marina Tomé.

82559deshabillezune.jpg  Cela a été pendant trois étés un court rendez-vous ( trois minutes!   à 9 heures 30 les samedi et dimanche matin ) que les deux complices ont eu avec les auditeurs de France Inter. Léonor Chaix et Flor Lurienne , à l’invitation de Julien Bassouls, le directeur du Théâtre des  Trois Baudets, ont décidé d’adapter à la scène cette rencontre avec les mots.
Avec, à chaque représentation, un invité surprise soliste ou chanteur.
Hier soir, c’était impeccablement raté: un certain Tony Truand  dont on  entendait à peine la voix sourde à cause d’une très mauvaise  balance avec l’ampli de sa guitare électrique. Après deux réglages successifs par le technicien son, le résultat était toujours aussi déplorable, passons…
Ensuite,( nous sommes  dans un studio d’enregistrement avec deux fauteuils rouges et une table ronde), les deux  comédiennes s’interviewent à tour de rôle, en convoquant des mots incarnés par l’une ou l’autre. Il y a comme cela: la Légèreté, la Colère, l’Infidélité, L’Elégance, le Mensonge, la Paresse mais aussi la Décision, La Virilité (tiens pourquoi ce féminin? La langue française a de ces fantaisies! ) mais aussi La Pusillanimité, et pour finir l’Onanisme. C’est un procédé ancien que l’allégorie: chez Virgile déjà,  mais aussi dans l’art roman, le théâtre du Moyen-Age, et plus près de nous dans L’Ode à la joie de Schiller mis en musique dans la neuvième de Beethoven) mais que les deux jeunes femmes rajeunissent avec un humour provocateur et une volonté d’en découdre tout à fait exemplaires.
Après tout, et c’est bien ainsi, c’est toujours dans les vieilles marmites que l’on fait les meilleures daubes ( proverbe du Sud-Cantalien).
Tous les sketches ne sont pas à la même hauteur mais qu’importe, c’est un petit spectacle bourré d’intelligence et de fantaisie , où la poésie rencontre l’absurde, le délirant et le verbe bien cru. Il y a  à la fois du  Desnos, de l’Alphonse Allais, du Raymond Devos, une pointe de François Rabelais , de Roland Dubillard et de Ghérasim Luca: chacun y reconnaîtra les siens mais ce cocktail où elles questionnent et mettent en abyme le langage et l’expression orale -comme , entre autres ,ce rapport entre « ennuyant »et « ennuyeux »-est vraiment jubilatoire.
Et, comme les deux comédiennes ont à la fois un diction et une gestuelle  impeccable, on essaye d’oublier une mise en scène pour le moins approximative ( à revoir de toute urgence: la prestation initiale en première partie d’un chanteur qui n’a rien à faire là, des éléments de décor faiblards, des  costumes un peu vulgaires, un éclairage parfois violent et des plus douteux, des liaisons entre les sketches mal ficelées, deux fausses fins et  un manque de rythme dans la toute dernière partie).

 Mais le spectacle, même s’il est encore brut de décoffrage, revu et corrigé, devrait avoir un beau parcours.En tout cas, Léonore Chaix et Flor Lurienne le méritent.

Philippe du Vignal

Théâtre des trois Baudets 64 Boulevard de Clichy 75018. Métro Pigalle ou Blanche, Attention: c’est uniquement  les mardis et mercredi à 21 heures

Du théâtre anglo-saxon

Du théâtre anglo-saxon

  laonziemecapitalecouv.jpgAux Editions Théâtrales,  c’est par les Anglo-Saxons que se renouvelle et s’enrichit le répertoire dramaturgique contemporain. En collaboration avec la maison Antoine Vitez  paraissent en effet deux nouveaux textes…  La Onzième Capitale, de la Britannique Alexandra Wood, est une pièce étrange composée de six tableaux. Chacun d’entre eux met en scène un couple différent : une voisine et une femme de ménage, des voleurs, des fonctionnaires, une fille et un garçon, une femme et un chauffeur, etc. ..
Mais tous ces personnages parlent d’un même individu mystérieux dont le portrait est ainsi dessiné en creux, et tous ont pour point commun des échanges ambigus : les relations entre les personnages sont éminemment suspectes et viciées, minées par le pouvoir, la paranoïa et la peur. Aussi prennent-elles souvent l’allure de rapports de dominants à dominés, ou de victimes à bourreaux. L’univers suggéré est celui d’un ordre moral militarisé et hiérarchique, dont l’atmosphère est pour oppressante et inquiétante. Une immersion dans l’ère du soupçon et de la violence d’un pays qui n’est jamais nommé.
lacartedutempscouv.jpgDans La Carte du temps, l’Américaine Naomi Wallace déroule une partition en trois tableaux (qu’elle nomme « visions ») plantés au Moyen-Orient.  Un état d’innocence met en scène une rencontre entre une palestinienne mère de famille, un jeune soldat et un vieil architecte israéliens dans un zoo à Rafat en Palestine. Petit à petit, les liens entre les différents personnages sourdent et l’on apprend qu’en fait, le soldat est un mort vivant. À cet opus sombre et fantastique en succède un autre,  aussi noir et onirique, Entre ce souffle et toi. Dans une clinique de Tel-Aviv, un père palestinien vient déranger une aide-soignante israélienne dans son travail jusqu’à la limite du harcèlement, comme s’il perdait la tête. On découvre que Mourid, fou de chagrin, ne cherche qu’à retrouver en Tanya son fils. Cette jeune femme, également en sursis, est une transplantée pulmonaire réchappée de la mucoviscidose, or il se trouve que le donneur  est le fils de Mourid. Et dans  Un monde (qui) s’efface, Ali, un jeune Irakien de 25 ans, vient nous parler de sa passion, la colombophilie. Un prétexte pour évoquer métaphoriquement son douloureux passé, les vicissitudes de sa famille, en somme son destin tragique sous le signe de la guerre et de l’embargo.
Dans une langue  poétique et imagée, Naomi Wallace dessine des visions qui ont la fulgurance de nouvelles, à la chute vertigineuse. La dramaturge offre un théâtre politique et placé sous le signe de l’engagement, qui n’exclut pas l’interrogation sur la nature humaine et ses contradictions.

Collection Répertoire contemporain: 

Alexandra Wood, La Onzième Capitale, traduction de Sarah Vermande,  64 p., 11 €
Naomi Wallace,
La Carte du temps, Trois visions du Moyen-Orient, traduction de Dominique Hollier,  64 p., 11 €.

 

Barbara Petit

 

 

 

 

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