JAZ

Jaz de Koffi Kwahulé, mise en scène, conception du décor et costume Kristian Frédric

 jazmedia26.jpg Kristian Frédric devient un habitué de la scène de la région Montréal-Ottawa avec  Koltès (la Nuit juste avant les forêts où Denis Lavant hurlait sa douleur comme un fauve) et de Kwahulé (Big Shoot- une mise à mort livrée à une foule avide du spectacle de la souffrance). Ce metteur en scène qui livre des textes  peu rassurants  à un public habitué au divertissement, récidive avec Jaz, une pièce de Koffi Kwahulé qui déchire tous les voiles sur nos grandes collectivités urbaines.
Créé en 1998 dans une mise en scène de l’auteur, le texte est pris en charge cette fois-ci par une équipe de techniciens très au fait des moyens électroniques les plus perfectionnés de la mise en scène sonore et visuelle. Mais une technologie avancée ne garantit pas nécessairement la réussite au théâtre.

Jaz, par la sonorité de son titre, nous renvoie à la musique douce, sensuelle, rythmée et surtout improvisée, aux « riffs » des musiciens de jazz américains dont la diversité des sonorités rivalise avec les voix des chanteurs. Mu par une rythmique de jazz mais sous l’impulsion d’une émotion beaucoup plus violente, le personnage qui dit ce monologue, raconte, à un premier niveau, un récit presque insupportable qui dépasse de loin les plaintes existentielles des chanteurs de blues.
Il s‘agit du viol d’une femme dans une sanisette. Ainsi réduite à un déchet puant, elle raconte la trajectoire de son abjection, qui passe par l’expérience antérieure d’une amie qui n’a pas survécu à sa honte. Le metteur en scène Kristian Frédric accompagne ce cri de douleur et de colère d’un nouveau langage sonore, l’incarnation des bruitages de la vie urbaine actuelle : explosions visuelles et sonores produites par un équipement électronique dernier cri : écrans de télévisions, lumières stromboscopiques aveuglantes, appareils de sonorisation produisant tous les bruitages quotidiens des grandes villes industrielles.
Trois constructions métalliques en forme de croix, transforment l’espace du théâtre des Deux Mondes à Montréal en un Golgotha techno-industriel – un dispositif scénique presque « dangereux ». Crucifié sur un grand rectangle – en forme de civière métallique, grinçante et vrombissante, comme une grosse machine robotisée, le corps secoué et meurtri de cette femme attachée à la civière, tourne sur lui-même. Ce mouvement est accompagné de trois écrans allumés au fond de la scène dont les éclairs se succèdent à un rythme soutenu. Les images lumineuses projettent des « signes » hermétiques, des hiéroglyphes en folie, des bouts de phrase ou des fragments d’un monde en train de se désintégrer.
Ligotée sur la croix comme une figure crucifiée, le personnage hurle son texte. Elle nous dit qu’elle n’est pas là pour parler d’elle mais de Jaz. Pourtant, Jaz se trouve devant nous et la comédienne qui l’incarne, la puissante Amélie Cherubin-Soulières , raconte le calvaire de son ami Oridé mais aussi son propre calvaire, soit celui de Jaz, celle dont la narratrice ne plus assumer le nom, tellement ce rituel d’abjection et de honte l’ont aliénée de son être dans le monde.
Kristian Frédric qui connaît très bien les rituels de pouvoir symbolisé par le théâtre de Koffi Kwahulé (dont Big Shoot était exemplaire), inscrit cet espace de trauma dans une forme allégorique où la sacrifiée désacralisée assume la douleur de toutes les suppliciés de la terre,( victimes de génocides, de guerres, de honte et d’exterminations de toutes origines). Frédric cherche à créer un dialogue entre le récit quasi liturgique de cette rencontre entre un homme et une femme dans un monde en putréfaction, et un dispositif scénographique où les bruitages assourdissants crient la souffrance des exclus de la ville moderne. Le résultat est tout aussi fort  qu’insatisfaisant.
La comédienne incarne la résistance et la dignité de l’être humain, représentées par une femme plus grande que la vie, une force qui exsude une présence presque mythique devant la puissance de la machine. La richesse de sa voix, l’expressivité d’un corps deviennent ses armes devant l’envahissement déshumanisant de ces excréments laissés par la confrontation qui bouleversent les sociétés contemporaines.
L’auteur, par la bouche d’une femme qui vit dans ce qui ressemble à une cité des grands centres urbains, raconte dans le cadre d’une quasi parabole, l’horreur de cette vie vécue aux marges du développement industriel. Le texte évoque les êtres rampant dans ses déchets, une maison submergée de matière fécale ou la lèpre , les wc bouchés, les immondices et la crasse s’associent aux fonctions les plus intimes de ces corps qui s’enfoncent dans les jouissances fécales et sexuelles. Ces images d’un baroque contemporain agressent les spectateurs et donne envie de se boucher les oreilles :le bruit, comme les images , sont insupportables.
Le metteur en scène qui est aussi le concepteur du décor et qui a travaillé étroitement avec son équipe de techniciens québécois, ( Simon Laroche pour la robotique et la vidéo ;  Yves Dubé pour la vidéo;  Michel Robidoux pour la conception sonore et la musique s’est laissé emporter par la scénographie, trop souvent au détriment du jeu et du texte.
Pendant la moitié du spectacle, qui  dure 75 minutes, les paroles de la comédienne étaient presque incompréhensibles tant les bruits étaient assourdissants et les lumières aveuglantes. Nous avons donc perdu presque 40 % du texte. Le « mix » a mis en valeur les bruitages, les coups forts qui ponctuaient les mouvements soudains et violents de la civière tournante qui torturaient la femme, éclairée surtout par des flashes émanant des écrans de télévision. La visée première était sûrement la nature physique de cette douleur, cette souffrance et l’offrande « physique » que la comédienne faisait de son corps. Mais une telle intervention technologique a fait du tort au texte  bien assez  fort  pour exister tout seul: les images évoquaient une rencontre sordide et une honte qui allaient au -delà de tout ce que ces tremblements sonores et ces images pouvaient nous livrer. Le résultat était assez frustrant.
Sur la fin, au moment où la fonction rédemptrice de cette sacrifiée, reconnue par son bourreau, est mise en valeur par la réaction forcenée de son agresseur, le bruitage le volume sonore se réduit, les effets visuels se calment et nous avons pu enfin voir le visage de la comédienne et apprécier la grande force de son jeu, presque oblitérée dans la première partie du spectacle.
Le spectacle, tel qu’il a été présenté, doit être repensé. A cause d’un déséquilibre entre la technologie, la comédienne et le texte ; et cela met en cause la dramaturgie de ce grand écrivain qui est en passe de construire une œuvre théâtrale importante. Jaz va maintenant tourner en France. Reste à savoir comment le spectacle évoluera par la suite.

Alvina Ruprecht

 Création mondiale au Théâtre des Deux Mondes (Montréal) et la Cie Lézards qui bougent (France). Tournée en France en 2011 et d’abord à la Scène nationale de Bayonne du 24 au 18 janvier.T: 05 59 55 85 05

 


Archive pour décembre, 2010

Festival Dépayz’arts la Seine-et-Marne en festival

Festival Dépayz’arts la Seine-et-Marne en festival

slav1008.jpgDu 27 au 31 décembre le Conseil Général de Seine-et-Marne offre au public une série de spectacles gratuits, à travers son Festival Dépayz’arts pour sa seconde édition. Slava Polunin avec Snowshow ( voir article du 30 novembre 2009 ), est joué à la Ferme du Buisson. Slava offre une autre manifestation atypique aux spectateurs.

En 2002 sur les bords du Grand Morin, il fait l’acquisition d’un ancien moulin à l’abandon.  Avec ses artistes, il  transforme le lieu en résidence de vie et de création, et le baptise le «  moulin jaune » en référence au clown qui l’a créé. Trois nuits de suite le public a eu le privilège de découvrir ce lieu grâce à une visite guidée propice aux délires artistiques : le Slava’s Snowhome. Accueillis par une tempête de neige, les spectateurs déambulent dans le parc, des apparitions de personnages surréalistes les guident vers le lieu central entre les deux bâtiments du moulin où un concert est organisé.
Une intense émotion envahit le public quand une violoniste entame une musique nostalgique et envoûtante. Puis suivent des airs de balalaïka et trois guitaristes espagnols dont la musique est peu adaptée à la magie du lieu. Ensuite,  le public repart pour découvrir le Snowshow à Noisiel. A raison de deux séances par nuit, cette déambulation artistique a reçu 200 spectateurs environ par soir. Il faut souligner la remarquable organisation des volontaires du conseil général, des bénévoles de la région et des vingt  artistes de Slava qui a permis cette belle surprise en complète sécurité au bord de la rivière. L’esprit, la magie et la folie russe sont au rendez-vous.

Jean Couturier

Slava Snowshow  est retransmis à 20h45 sur Arte aujourd’hui 31 décembre.

 

www.depayzarts.com

Claire Lasne-Darcueil quitte la direction du Centre dramatique de Poitou-Charentes.

Claire Lasne-Darcueil quitte la direction du Centre dramatique de Poitou-Charentes.

   Cela fait plus de dix ans que Claire Lasne-Darcueil avait pris en main ce centre dramatique basé à Poitiers mais  elle avait réussi à étendre son action dans toute la région; elle va maintenant  diriger la Maison du comédien, maison que Maria Casarès avait léguée au petit village d’Alloue.
 Et c’est Yves Beaunesne qui lui succèdera en janvier prochain. Non sans quelques difficultés à prévoir avec l’équipe actuelle du centre dramatique, dans la mesure où, effectivement, on ne voit pas très bien Yves Beaunesne poursuivre la politique de Claire Lasne-Darcueil , attachée, elle,  à un travail de terrain. Alors que le nouveau directeur, qui est plutôt un bon metteur en scène,  a des projets artistiques un peu partout, mais pas nécessairement en Poitou-Charentes.
Reste à savoir si cette nomination, attendue  par le microcosme théâtral français , semble avoir bien avoir été décidée par le Ministre lui-même. .. Il y avait d’autre prétendants à cette succession comme Véronique Bellegarde, par exemple mais, en fin de compte, on a  l’impression une fois de plus – et cela ne date pas d’hier-que tout se fait selon un esprit de cour qui n’ a pas grand chose à voir avec les règles démocratiques.
 Les coups tordus et le manque de transparence des décisions  de la DGCA  direction générale de la création artistique( ex DMDTS), on les connaît depuis longtemps, et parmi les exemples récents:  l’éviction en dernière minute (malgré les dénégations d’un des Inspecteurs) de Guy Freixe pourtant choisi par une commission,  pour diriger le Centre Dramatique de Vire, puis la lamentable OPA de la Comédie-Française sur la MC 93 de Bobigny, sans même que son directeur Patrick Sommier en ait été averti… Les Comédiens français  s’étaient réveillés et avaient quand même trouvé un peu gros, le coup préparé par Muriel Mayette et la maire de Bobigny , en collaboration  avec le cabinet de la  Ministre. Devant  leur indignation, et celle de la profession comme du public de Bobigny, la Ministre de l’époque avait donc  rétropédalé en vitesse  avec des explications des plus confuses, et s’était empressée d’étouffer l’affaire. Depuis, bien entendu, le dossier  a  été « classé » comme on dit pudiquement.
  Il y a aussi- c’était en décembre 2009- la nomination de Jean-Marie Besset à le tête du Centre Dramatique de Montpellier qui avait  fait pas mal de vagues. Alors que la candidature de Georges Lavaudant (qui n’est quand même pas n’importe qui dans le paysage théâtral français! ) était soutenu par la Région Midi-Pyrénées. Lettres ouvertes au ministre, protestation du Syndeac qui parlait de « procédure simplifiée, précipitée et et inéquitable »,  et d’une partie des autres directeurs de centres dramatiques: rien n’y avait fait et Frédéric Mitterrand n’était pas revenu sur sa décision.
Décision d’autant plus curieuse – et c’était sûrement une coïncidence-que  le directeur adjoint de Besset n’est autre  que Gilbert Desveaux qui dirigea  à Tripoli les grandes fêtes en l’honneur des quarante ans de pouvoir de Kadhafi…Comme si la  décision  de Fredo, grand ami de la Carlita, ne ne lui avait pas complètement appartenu!
  Mais non, du Vignal, vous êtes complètement parano!
Il y a eu depuis  l’annonce discrète par la DGCA que la troupe du Puddding succèderait à celle du Théâtre de l’Unité à Audincourt. Là aussi, bien entendu sans concertation des intéressés. Petite cerise sur le pudding: on ne voit pas du tout de quoi se mêle la DGCA, puisque Audincourt est un lieu municipal! Cela n’a pas l’air de bouleverser Jacques Livchine, directeur avec Hervée de Lafond du Théâtre de l’Unité. Avec son pessimisme optimiste, il reste d’une lucidité dont le Ministère de la Culture  pourrait prendre de la graine:  » Mais rien ne se passe comme prévu, écrit-il , le 10 septembre 2001, qui aurait pu prévoir que cela allait péter le lendemain ».
En fait,  c’est tout le système des nominations qui manque singulièrement de transparence qui devrait être revu. Mais à partir du moment où l’Etat participe ua financement des centres dramatiques à hauteur de 50%, toutes les dérives sont permises En d’autres termes, faites ce que je dis, mais ne faites pas ce que je fais… Il serait bon que Frédéric Mitterrand veuille bien prendre la parole et s’explique mais il semble, de ce côté-là,  aussi  avare
de conférences de presse que notre cher Président de la République, … Bien entendu, nous vous tiendrons au courant.

Philippe du Vignal

Grand Ecart

Grand Ecart de Stephen Belder, traduction de Lucie Tiberghien mise en scène Benoit Lavigne.

La pièce traduite de l’auteur américain Stephen Belder ( qui est aussi scénariste de cinéma et de télévision) avait été créée à Broadway en 2004 sous le titre de Match. Avant qu’elle ne quitte l’affiche parisienne, cela valait quand même le coup d’y aller voir, histoire de ne pas oublier nos lecteurs de province ou comme on dit maintenant,  des régions.
Toby joué par Thierry Lhermitte est un chorégraphe américain reconnu , maintenant âgé qui a vécu les utopies artistiques et la libération sexuelle des années 60-70. Il a un genou en mauvais état et et ne danse plus, même s’il continue à donner des cours. Il reçoit chez lui Lisa ( Valérie Karsenti), et son mari Mike ( François Feroleto).
Elle est venue lui demander les informations dont elle a besoin ; elle prépare en effet une thèse sur la chorégraphie classique aux Etats-Unis; en fait, on va vite s’apercevoir que sa visite a un tout autre but et qu’elle est davantage intéressée par la sexualité et les mœurs des années 60-70 , et en particulier par la vie personnelle de Toby..
Sans dévoiler le véritable motif de cette rencontre qui constitue le nœud central de la pièce, du dialogue entre ces trois personnages, vont naître des réflexions sur la difficulté de combiner un engagement artistique de danseur et un engagement personnel dans sa vie privée. Faut-il vraiment réussir sa vie d’artiste au détriment de sa vie d’homme ? Benoit Lavigne qui avait mis en scène non sans talent Baby Doll de Tenessee Williams( voir Le Théâtre du Blog ) nous transporte sans effort dans un appartement new yorkais de vieux célibataire, et a su diriger ses comédiens, tout en leur laissant une belle liberté de jeu.
Thierry Lhermitte bien entouré, est tout à fait convaincant dans ce rôle d’artiste un peu désabusé et pas très à l’aise, qui est peut être passé à côté de sa vie. Tsilla Chelton, son professeur de théâtre – et celle des comédiens du Théâtre du Splendid- peut être fière de son élève qui a, à son actif,  plus d’une centaine de films ( dont le célébrissime Le Père Noël est une ordure ) et qui revient au théâtre ; la pièce n’est peut-être pas aussi merveilleuse et inspirée qu’il le prétend mais, en tout cas,il réussit à incarner ce chorégraphe âgé avec beaucoup de vérité et de nuances.
La pièce semble avoir été quelque peu rabotée pour tenir les quelques soixante dix minutes accordées avant la seconde pièce de la soirée mais bon, le spectacle est tout à fait visible!

Jean Couturier

Théâtre de la Madeleine à 19 heures jusqu’au 31 décembre ; la soirée de réveillon pour les meilleures places est à 62 euros ou si vous préférez le carré Or, c’est 77 euros ( soit un euro environ la minute) : voilà vous êtes prévenus mais  la pièce part en tournée un peu partout en France….

 

http://www.dailymotion.com/video/xfmd8n

L’homme qui donnait à boire aux papillons

 L’homme qui donnait à boire aux papillons par la Compagnie Tetrocinema Jaun Carlos Zagal / Laura Pizzaro.

  lhomme.jpgCette compagnie chilienne avait présenté l’an passé dans ce même théâtre Sin Sangre, adaptation du roman d’Allesandro Baricco qui évoquait les horreurs de la dictature, et les enlèvements d’enfants qui s’ensuivirent. (Voir le Théâtre du Blog *). mais cette fois, les deux créateurs reprennent à leur compte une ancienne légende: au tout dernier instant de sa vie, Filippo ressent le besoin d’accomplir un rite ancestral qui lui a été transmis par le dernier survivant d’un peuple ancien et oublié: donner à boire aux papillons qui sortent de leurs chrysalides pour les aider dans leur migration. Ainsi le vieil homme va disparaître et le papillon est en train de naître; Filippo va aussi faire quelques rencontres comme ce réalisateur de cinéma amoureux d’une femme qui est dans un profond coma , puis Franco et Elisa, comédiens, mais aussi la statue d’un Chevalier et de sa Dame.
  Mais c’est plus, si on a bien compris le scénario volontairement  un peu obscur, une sorte de voyage aussi bien physique que mental à travers des fragments d’existences à la fois réelles et virtuelles des personnages, dont l’un parcourt plusieurs fois un long couloir, métaphore évidente du passage de la vie  à la mort. « Et les histoires surgies de son imagination, disent les metteurs en scène, sont la représentation des infinies possibilités de vie qui existent en chacun d’entre nous et que nous sommes capables ou non de pressentir ». Tours de château qui s’écroulent, milliers de guerriers qui envahissent le très grand écran, immeubles et rues modernes comme dans un jeu vidéo: Jauna Carlos Zigal et Laura Pizzaro sont virtuoses en la matière: flash-back, gros plan, plongée, contre-plongée, incrustations de personnages réels sur scène dans des paysages fantastiques d’images de synthèse.  » Nous évoluons ainsi , précisent-ils, sur un mode vertigineux, instantané, dans le temps et dans l’espace, pas à la façon du cinéma mais comme le font les magiciens. La magie de l’action en direct, avec les outils du cinéma ».
  C’est vrai , au début du moins: nous sommes éblouis par cette espèce d’aller et retour permanent et cette mise en abyme vertigineuse de mondes et de réalités qui s’emboîtent presque à l’infini: mais, très vite, cette virtuosité et ces effets remarquablement imaginés par Mirko Petrovitch finissent par lasser. Ce style narratif, qui était quand même mieux maîtrisé  dans Sin  Sangre, n’ouvre pas la porte à notre subconscient, comme semble-t-il, c’était le but de cette entreprise dramaturgique .
Même si la mise en scène de Zagal est excellente comme les comédiens qui portent un demi-masque sur scène comme à l’écran, et qui font un travail d’une étonnante précision, nous n’avons pas été conquis, et ce PACS théâtre/cinéma ne fonctionne pas vraiment.
Il aurait fallu un scénario qui s’éparpille un peu moins.
Alors à voir? Pas si sûr, sinon pour les images, mais autant vous prévenir,  on est peut-être surpris quelques minutes , mais jamais vraiment émus par une aventure qui, finalement, c’est peut-être le défaut de la cuirasse, appartient davantage au monde du cinéma qu’à celui du théâtre. Qui trop embrasse, mal étreint…

 

Philippe du Vignal

* http://theatredublog.unblog.fr/2009/12/16/sin-sangre/

Théâtre des Abbesses jusqu’au 30 décembre

Jacqueline de Romilly.

jacquelinederomilly1.jpg En guise d’hommage à Jacqueline de Romilly.

C’est sans doute la dernière de nos  profs de  Sorbonne à nous avoir quittés. Nous la remercions simplement et  du fond du cœur pour ce qu’elle nous aura apporté.
Sans elle, la pensée de la Grèce antique ne serait pas ce qu’elle est . Comme nous ne sommes pas très forts pour les hommages,  nous préférons dédier ces quelques lignes d’elle où elle parle du théâtre grec à tous nos lecteurs.

Philippe du Vignal

 

 » La liberté de s’exprimer est revendiquée par Athènes pour la vie courante. Euripide le dit: « Le faible peut répondre à l’insulte du fort ». Ceci relève, on l’a vu, de la fameuse liberté de parole, ou « parrhésia« , qui se manifeste avant tout à l’Assemblée; mais cette liberté s’étend aussi au-delà. C’est même la seule liberté particulière dont se targue la démocratie athénienne. Elle est,  en fait,  sentie comme le privilège du citoyen, et comme le premier bien que l’on perd en exil. dans les Phéniciennes du même Euripide, Jocaste demande à son fils ce qui lui semble être le plus pénible pour l’exilé; la réponse est alors donnée sans hésitation:  » De tout, le pire est qu’il n’ a pas la liberté de parole »; et Jocaste:  » C’est le fait d’un esclave, que de ne pas dire ce que l’on pense ». ( 391-392)
Dans le cas des œuvres en général et du théâtre en particulier, cette liberté de parole confine à ce qui serait pour nous la liberté de la presse. Or celle-ci existait, à un point rare, dans la comédie. car Aristophane attaque tout: la démocratie, les juges, la politique extérieure, les individus. Et le fait que l’on a là un premier incident relatif à la liberté. Aristophane, en effet, ne cessait d’attaquer le démagogue Célon, avec une extrême violence, il déclare bientôt que sa soumission n’était qu’apparente; et il recommence ses coups de griffe. Sans texte et sans règle, la liberté d’expression se marquait donc dans les faits.

 

La Grèce antique à la découverte de la liberté. Editions de Fallois

Bouvard et Pécuchet

  Bouvard et Pécuchet, Le livre de l’inquiétude, adaptation théâtrale d’après Bouvard et Pécuchet  de Gustave Flaubert par  Brigitte Remer.

9782296128422j.jpg  Comme le dit dans la préface Eduardo Manet, qui lit ce roman de nos jours, à part les élèves des classes secondaires et universitaires? Et il  ajoute, non sans ironie: sauf si le programme l’exige… Effectivement, le texte  reste très ancré dans une époque qui n’est plus du tout la nôtre, malgré des dialogues savoureux qu’avait si bien mis en scène en 1989, le réalisateur Jean-Daniel Verhaeghe avec  Jean-Pierre Marielle et Jean Carmet.
    Ce roman, qui n’en est pas vraiment un,  est l’histoire de Bouvard et Pécuchet qui s’étaient rencontrés un jour de plein été près du canal Saint-Martin et s’étaient vite liés d’amitié. Drôle de couple que ces deux petits employés, copistes, un peu Laurel et Hardy, pas très finauds, dont la vie terne va basculer tout d’un coup: Bouvard  fait un héritage inattendu d’un oncle qui était en fait son véritable père, ce qui va lui permettre de vivre confortablement d’une rente le restant de sa vie!
Il décide alors d’embarquer Pécuchet dans une drôle d’aventure: l’achat d’une ferme dans le Calvados qu’ils vont exploiter , un peu comme Rimbaud et  Verlaine. Comme ils ne connaissent rien à l’agriculture et sont quand même assez prétentieux, ils vont aller d’échec en échec, de désillusion en désillusion, que ce soit pour l’élevage, la culture des melons,les arbres fruitiers, la plantation d’arbres comme Le lilas des Indes ou l’Eucalyptus inadaptés au climat, ou la mise en conserve, la distillation …avec un alambic qui explose! Naïfs, ils ne connaissent aucune limite et vont être la risée des paysans du coin! Ils vont même  jouer aux médecins en prescrivant des traitements farfelus.

   Ce qui ne les empêche pas de discuter sans arrêt politique, sentiments amoureux, spiritisme, religion,éducation et même esthétique: « Le beau est le beau et le sublime est le très beau  » déclare péremptoirement Bouvard.Ils comprendront,  mais un peu tard, que leur grande bêtise continuera à leur jouer des tours, s’ils ne jettent pas l’éponge et ils  décident alors d’aller retrouver leur travail de copiste…
Brigitte Remer s’est emparée du meilleur de ces dialogues et les a installés en dix courts chapitres, à partir du moment où ils se retrouvent à Chavignolles, et elle a bien su rendre le côté baba-cool avant la lettre de ces deux  Parisiens qui se sont aventurés dans un univers  qui n’est pas le leur et qui va leur révéler leur profonde bêtise. Flaubert lui avait déjà mâché le travail en écrivant des dialogues qui demandent un auditoire pour être  perçus à leur juste mesure. Mais elle a su resserrer les boulons d’un texte parfois un peu bavard comme le remarque Eduardo Manet, et les dialogues finement ciselés, deviennent souvent très durs,  à la limite de l’absurde. Et la dernière scène semble déjà préfigurer  En attendant Godot.

  Cette adaptation, qui s’attache à rendre la personnalité de ces deux petits employés assez pathétiques, devrait intéresser plus d’un metteur en scène. Reste à trouver des comédiens , de la trempe d’un François Morel ou d’un Olivier Saladin  ( des Deschiens) par exemple,  capables d’incarner toute cette sottise humaine.
  Petite remarque au passage:les éditions de l’Harmattan devraient faire appel à un relecteur: le texte est bourré de fautes de frappe…Et c’est dommage.

Philippe du Vignal

Editions de L’Harmattan, 11 euros.
 

Le Centaure et l’animal

Le Centaure et l’animal, conception et mise en scène de Bartabas, chorégraphie de Ko Murobushi et Bartabas, musique de Jean Schwarz, texte de Lautréamont extraits des Chants de Maldoror dits par Jean-Luc Debaticce.

 bartabas4.jpg Le grand plateau de la salle Jean Vilar est couvert d’une poudre noire, avec des pendrillons tout aussi noirs, et une longue allée de tissu blanc à l’avant-scène où avance lentement Ko Murobushi, 63 ans ,le grand maître de la danse butô dite « danse des ténèbres » qu’il a fait connaître en France avec Carlotta Ikeda il y a déjà quelque trente ans. Murobushi , d’abors installé sur un piano, absolument immobile comme une statue antique, semble ensuite dérouler son beau corps nu enduit d’un maquillage argenté, rampe ,se redresse avec une précision gestuelle absolue. Sur une musique faite de voix rauques, grognements et autre chants à bouche fermée.
  Et il y aussi les chevaux , que Bartabas, habillé d’une longue cape prolongée par une sorte de grande cagoule tenue par des bâtons, sans rênes, conduit avec une impeccable maîtrise. Ces chevaux, magnifiques, ont pour nom: Horizonte, Soutine, Pollock et Le Tintoret, référence évidente à la peinture que veut être avant tout ce spectacle.
Et il y a en effet des images fabuleuses, comme ce cheval qui tombe par deux fois sur le côté avec son cavalier, ou cet autre cheval, en fond de scène, absolument immobile, comme celui d’une statue équestre. Ou encore ces chutes de sable éclairées d’un pinceau lumineux sur le corps de Murobushi . Le plus souvent dans un silence complet. Rien à dire: la prestation est de toute beauté, et a dû demander un énorme travail…

  Il y a aussi ces extraits des fameux Chants de Maldoror de Lautréamont, dits en voix off,  qui occupent aussi  dans le spectacle une place importante et que l’on aime toujours retrouver, même si on ne les a pas lus depuis longtemps.
Reste maintenant à savoir si le rapport chorégraphie/ art équestre/ musique/ lecture de poème arrive à fonctionner… Sans doute, au début, surtout pour un public qui n’a jamais vu de danse buto, ni de danse butô associée à un spectacle équestre, et qui est visiblement impressionné par ces images poétiques construites avec beaucoup de calme et de sérénité.

  Mais assez vite, on a l’impression que Bartabas ne sait pas très bien où il veut nous emmener et l’ennui s’installe, irrémédiable, à cause de ce placage d’éléments artificiellement réunis.Le public est moins attentif, toussote souvent, bref on voit que cette beauté plastique évidente ne peut  tenir lieu de dramaturgie et le temps parait long , alors que le spectacle ne dure qu’une heure vingt.
  Alors à voir? Si vous êtes un fan absolu de Bartabas, vous y trouverez peut-être votre compte, mais nous sommes ressortis de Chaillot bien déçus…

Philippe du Vignal

Théâtre national de Chaillot jusqu’au 23 décembre inclus.

La folle épopée

La folle épopée de Stan Kokovitch, acteur, écrit et interprété par Renaud Danner, direction Rémi de Voos.

    lafolleepopeedestankokovitchacteur.jpgC’est quelques pages de la vie d’un acteur contemporain qui doit jouer une bactérie dans  Le passager du Théorème, une création de Marc Lucas, metteur en scène très branchouille et adepte du non-jeu. Stan comprend très vite que cela  va le mener droit dans le mur ( on l’aurait deviné!) et il accepte une nouvelle aventure en rejoignant Le Collectif, une petite compagnie de théâtre basée dans le Tarn, où il va donc faire connaissance de  Rémy Martino, le directeur fort en gueule, de Pierre, Paul et Djack, comédiens, et de Rachida, une belle jeune femme qui s’offre à lui dès le premier jour mais qui , en fait, comme il s’en apercevra plus tard , couche aussi avec les autres garçons.
Il comprend  qu’en fait, ici, on s’occupe davantage de cultiver la terre que de faire du théâtre révolutionnaire, comme on le lui avait signifié au départ… Il quittera donc le Tarn et ses illusions, et rencontrera  deux autres metteurs en scène  tout aussi foutracs mais  et satisfaits d’eux-même: Kurt fashioned et Théo Bronx de Van, créateur belge.Et , dégoûté, il repartira dans le Tarn.
Il y a aussi au bout de leurs portables sa mère russe et volubile et son frère qui lui sert de confident. Stan doute de tout, de la vie, des autres et surtout de lui; c’est en fait une victime qui alimente lui-même, par sa naïveté pour ne pas dire sa bêtise, les guet-apens où il va se fourrer. Renaud Danner, semble surtout avoir écrit ce texte qui tient parfois d’une logorrhée pour donner matière à un jeu où il se fait plaisir à interpréter chaque personnage avec son accent, son rythme et ses mimiques. Et, comme c’est un bon comédien, d’une grande précision verbale et gestuelle, on  sourit parfois…
Mais le texte est malheureusement trop facile et fait, sans aucun scrupule d’écriture, la part belle aux facilités et aux stéréotypes! Comment croire un instant , même au second degré, à cette histoire dans le Tarn qui semble dater des années 70, et encore! Reste un bon travail d’acteur qu’on aimerait beaucoup voir, mieux costumé que dans ce collant au graphisme qu’il dit surréaliste mais  vraiment très laid, et  dans un vrai monologue théâtral.  Renaud Danner en a la carrure.
Mais il faut qu’il comprenne que l’exigence, la véritable exigence quant au texte, qu’on le choisisse ou qu’on l’écrive, cela fait partie du travail théâtral, c’en est même un « fondamental », comme on dit maintenant, que l’on apprend dans toutes les bonnes écoles de théâtre. Remi de Voos, très bon dramaturge, qui l’a dirigé, ferait bien de le lui rappeler… Et ce n’est sûrement pas un hasard si Laurence Février, excellente comédienne ,  fait, elle, un tabac chaque soir dans ce même théâtre avec La Passion corsetée* d’après La Princesse de Clèves, un des livres de prédilection, comme chacun sait , de notre cher Président…
Alors à voir? Ces soixante minutes passent vite mais ne sont pas du tout indispensables.

 

Philippe du Vignal

Théâtre du Lucernaire jusqu’au 29 janvier du mardi au samedi à 18h 30.
* Voir Le Théâtre du Blog de novembre:

Phi-Phi

Phi-Phi, opérette d’Henri Christiné, livret d’Albert Willemetz et Fabien Solar, direction musicale Christophe Grapperon, mise en scène de Johanny Bert.

Les Dieux savent si grands-parents et parents nous avaient rebattu les oreilles avec ce très fameux Phi-Phi, créé le 12 novembre 1918- ce genre de date qui ne s’oublie pas, à un moment où la France entière entière sortait d’un cauchemar- mais que nous n’avions jamais vu.
p925449.jpg  L’opérette fut jouée trois années de suite aux Bouffes-Parisiens, ensuite un peu partout des dizaines de milliers de fois et traduite en 12 langues… Donc historiquement ce n’est pas rien.
Cela valait donc le coup d’aller voir comment cette dame presque centenaire se portait, surtout montée par la Compagnie Les Brigands venue jouer dans ce même théâtre Geneviève de Brabant de Jacques Offenbach, et experte en la matière.

  Phi-Phi, c’est une sorte de cocktail assez bien vu ( musique légère comme on dit, livret fondé sur la parodie et le fantasme d’un passé merveilleux en l’occurrence, la Grèce du 5 ème siècle et sur des dialogues truffés de plaisanteries du genre pas toujours légères:  » Comme il manque les bras (de la Vénus de Milo), on vous fait un rabais », et  de jeux de mots faciles du genre « Un homme inverti en vaut deux ». Sans compter ceux sur l’affaire Bettencourt. Bon…
  L’argument en vaut un autre! Le grand Phidias a reçu de l’Etat athénien la  commande d’un groupe « L’Amour et la Vertu fondent le bonheur domestique « et il choisit pour modèle Aspasie qu’il drague sans scrupules, et,pour se défendre , la « gamine charmante » se défend avec son ombrelle, si bien qu’elle casse les bras de la Vénus commandée par M. Milo et la tête de La Victoire commandée elle par un certain M. Samothrace.  D’accord, ce n’est pas dans le genre léger, léger!
Quand arrive madame Phidias , épouse fidèle qui vient d’éconduire un certain Ardimédon que son mari va engager pour modèle de l’Amour.
Périclès arrive et, vous ne le devinerez jamais, tombe amoureux fou d’Aspasie. Si, si! Madame Phidias renvoie alors Aspasie et la remplace comme modèle, après être quand même être allée faire un tour dans son lit avec le bel Ardimédon. Ce que Phidias, au retour d’une nuit avec la belle Aspasie, découvrira… sans grand étonnement quand même!
  Mais Aspasie révèle alors à son Phidias qu’elle vient, vite fait, d’épouser Périclès qui exigera cependant qu’Aspasie fasse partie du groupe sculpté . Elle y représentera l’ Economie,  et l’œuvre s’appellera « L’ Amour et la Vertu, aidés par l’Economie, fondent le bonheur conjugal ». Soit le bonheur à cinq: les deux maris et leurs épouses et, comme petit piment d’Espelette, Ardimédon l’amant qui fera partie du quintette amoureux.
  Johanny Bert a vite compris tout ce que l’on pouvait tirer , et de cet argument , et de la musique, pour peu que l’on veuille bien y mettre toute l’ironie et en même temps la sensualité du livret initial d’ Albert Willemetz. Et le résultat est furieusement intelligent dans la mesure où il fait appel à des techniques du fond des âges, et remis au goût du jour depuis quelque quarante ans, comme le théâtre d’ombres, les marionnettes, le récit, etc….
   Il y a bien,  en effet, cinq chanteurs/ acteurs qui disent le texte et, sur une scène au-dessus, les marionnettes des personnages principaux mais dont les bras, jambes et tête ne sont pas attachés, manipulées à vue chacune comme dans le théâtre bunraku japonais par trois jeunes femmes du chœur en tunique noire. Et parfois, ces cinq chanteurs/acteurs dialoguent entre eux ou s’adressent au public.
   Qu’est-ce qu’ on dit, Johanny Bert,  à Monsieur Bertold Brecht , à madame Mnouchkine, et à M. Recoing le grand marionnettiste? Merci beaucoup  pour ces idées dont nous avons héritées et dont nous avons, avec une grande intelligence scénique, fait un miel digne de celui que devait déguster Phidias après ses nuits avec Aspasie, cette jeune femme qui, selon Plutarque, était prostituée et avait même ouvert un bordel, avant d’être passionnément aimée par Périclès.
   Pourquoi cela marche-t-il si bien? D’abord, Johanny Bert n’a pas cherché à nous refourguer une antiquité de pacotille qui n’aurait jamais pu être crédible  mais , avec l’aide  de la très belle scénographie  d’Audrey Vuong et des marionnettes d’Einat Landais, il a redonné un souffle et une dynamique à quelque chose qui aurait pu assez vite tomber dans un insupportable néo-folklore.
   Au second degré d’ Albert Willemetz et d’Henri Christiné qui, comme Offenbach, avait bien compris tout le parti comique que l’on pouvait tirer des héros et célébrités de la Grèce ancienne*, il a su en rajouter un troisième en jouant à merveille des rapports entre les corps sculptés que l’on devine en ombres, celui des marionnettes et enfin celui des chanteurs/acteurs. Et Johanny Bert sait créer  de formidables images comme cette scène d’amour avec ces membres de corps mélangés sur un canapé ou cet orgasme figuré par un explosion de confettis. Ce sont de belles idées au sens étymologique grec: » eidon  » (voir)
   Il y a aussi  ce chœur de neuf jeunes femmes en collant bleu céruléen qui danse mais qui manipule aussi les marionnettes avec beaucoup, de savoir-faire. Comme l’orchestre dirigé par Christophe Grapperon est aussi excellent et qu’ il s’est emparé avec  drôlerie de ces refrains, même s’il couvre parfois les chants et le récit, on se laisse embarquer, comme des enfants, dans cette histoire farfelue, qui a parfois quelques longueurs.
  Enfin, c’est bizarre qu’il faille, en 2010, aller chercher une une opérette- genre le plus souvent honni par les metteurs en scène contemporains- centenaire ou presque, pour réjouir et faire rire un public mais en tout cas, le résultat est là: un petit cocktail raffiné et savoureux d’images, de chansons et de de dialogues… Que demande le peuple? Et surtout qu’en pense Carlita?

 

Philippe du Vignal

* Un très grand merci au passage , mais on vous en reparlera, plus longuement  à Jacqueline de Romilly qui, hier, a rejoint les enfers et qui nous a si bien conduit sur les chemins d’Homère et de Thucydide.

 

Théâtre de l’Athénée jusqu’au 9 janvier.
 

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