PHILIPPE AVRON
PHILIPPE AVRON
Nous avions par hasard eu le bonheur d’assister à la dernière représentation de Philippe Avron, artiste d’exception, humaniste amoureux de la poésie comme il en existe si peu, le 20 juillet 2010 au Théâtre des Halles d’Avignon.
Jean-Gabriel Carasso, vieux compagnon de route qui a filmé ses derniers instants sur scène*, a organisé avec ses amis, une émouvante soirée au Théâtre du Soleil qui nous a reçus avec une simple munificence.« Montaigne a dit : tous les jours mènent à la mort, le dernier y arrive”. Philippe Avron nous promène dans ses amours littéraires, dans son enfance auprès de son grand-père sur la plage de Calais, nous parle de son père qui lui avait laissé pour tout héritage ce volume de Montaigne qu’il tient en main.
Fragile, fatigué, émouvant, parfois malicieux, ce très grand et très bel acteur était une personne généreuse qui se donnait sans compter au public qui se pressait aux portes. Philippe Avron ,après le jour de relâche prévu le lendemain, n’avait pu jouer la semaine suivante. Mort quelques jours plus tard , il a été enterré dans le Vexin, auprès de Jacques Lecoq, son grand ami.
Plusieurs centaines de personnes étaient arrivées dans la grande nef du Théâtre du Soleil et l’ on y croisait des compagnons de route: Sonia Debauvais, Roland Monod, Jacques Téphany, Jean Digne, Bernard Grosjean, Catherine Tasca et bien d’autres. Après un apéritif, on nous convie à l’intérieur du théâtre pour voir un montage de photos collectées par Carasso. On peut ainsi embrasser toute la carrière de Philippe Avron depuis ses débuts avec Jean Vilar (L’avare et L’Alcalde de Zalamea entre autres) et Le Cercle de craie caucasien et Dom Juan avec Benno Besson (qui le distribua dans le rôle titre puis dans Sganarelle ).
Il y avait aussi ses inénarrables duos avec Claude Évrard, puis tous ses solos de Dom Juan 2000 (que j’avais invité au Théâtre 71 pour un cachet bien modeste ; il se donnait sans compter, avec un vrai plaisir dans les animations scolaires), jusqu’à cette ultime représentation d’Avignon.
Puis il y eut un film sur un numéro de trapèze exécuté en 1969 pour le Gala de l’Union, par un tout jeune Philippe, comme toujours malicieux et souriant, mais pas très rassuré, sans filet avec sa jolie partenaire. À la sortie, on nous a distribué un joli petit livret conçu par Philippe Avron en juillet 1997, Le comédien et ses métamorphoses illustré par la Maison Jean Vilar. Il était encore parmi nous .
Edith Rappoport
Théâtre du Soleil
*Le savoureux livret du spectacle est en vente en tapuscrit et Jean-Gabriel Carasso prépare un DVD. »