Bouvard et Pécuchet

  Bouvard et Pécuchet, Le livre de l’inquiétude, adaptation théâtrale d’après Bouvard et Pécuchet  de Gustave Flaubert par  Brigitte Remer.

9782296128422j.jpg  Comme le dit dans la préface Eduardo Manet, qui lit ce roman de nos jours, à part les élèves des classes secondaires et universitaires? Et il  ajoute, non sans ironie: sauf si le programme l’exige… Effectivement, le texte  reste très ancré dans une époque qui n’est plus du tout la nôtre, malgré des dialogues savoureux qu’avait si bien mis en scène en 1989, le réalisateur Jean-Daniel Verhaeghe avec  Jean-Pierre Marielle et Jean Carmet.
    Ce roman, qui n’en est pas vraiment un,  est l’histoire de Bouvard et Pécuchet qui s’étaient rencontrés un jour de plein été près du canal Saint-Martin et s’étaient vite liés d’amitié. Drôle de couple que ces deux petits employés, copistes, un peu Laurel et Hardy, pas très finauds, dont la vie terne va basculer tout d’un coup: Bouvard  fait un héritage inattendu d’un oncle qui était en fait son véritable père, ce qui va lui permettre de vivre confortablement d’une rente le restant de sa vie!
Il décide alors d’embarquer Pécuchet dans une drôle d’aventure: l’achat d’une ferme dans le Calvados qu’ils vont exploiter , un peu comme Rimbaud et  Verlaine. Comme ils ne connaissent rien à l’agriculture et sont quand même assez prétentieux, ils vont aller d’échec en échec, de désillusion en désillusion, que ce soit pour l’élevage, la culture des melons,les arbres fruitiers, la plantation d’arbres comme Le lilas des Indes ou l’Eucalyptus inadaptés au climat, ou la mise en conserve, la distillation …avec un alambic qui explose! Naïfs, ils ne connaissent aucune limite et vont être la risée des paysans du coin! Ils vont même  jouer aux médecins en prescrivant des traitements farfelus.

   Ce qui ne les empêche pas de discuter sans arrêt politique, sentiments amoureux, spiritisme, religion,éducation et même esthétique: « Le beau est le beau et le sublime est le très beau  » déclare péremptoirement Bouvard.Ils comprendront,  mais un peu tard, que leur grande bêtise continuera à leur jouer des tours, s’ils ne jettent pas l’éponge et ils  décident alors d’aller retrouver leur travail de copiste…
Brigitte Remer s’est emparée du meilleur de ces dialogues et les a installés en dix courts chapitres, à partir du moment où ils se retrouvent à Chavignolles, et elle a bien su rendre le côté baba-cool avant la lettre de ces deux  Parisiens qui se sont aventurés dans un univers  qui n’est pas le leur et qui va leur révéler leur profonde bêtise. Flaubert lui avait déjà mâché le travail en écrivant des dialogues qui demandent un auditoire pour être  perçus à leur juste mesure. Mais elle a su resserrer les boulons d’un texte parfois un peu bavard comme le remarque Eduardo Manet, et les dialogues finement ciselés, deviennent souvent très durs,  à la limite de l’absurde. Et la dernière scène semble déjà préfigurer  En attendant Godot.

  Cette adaptation, qui s’attache à rendre la personnalité de ces deux petits employés assez pathétiques, devrait intéresser plus d’un metteur en scène. Reste à trouver des comédiens , de la trempe d’un François Morel ou d’un Olivier Saladin  ( des Deschiens) par exemple,  capables d’incarner toute cette sottise humaine.
  Petite remarque au passage:les éditions de l’Harmattan devraient faire appel à un relecteur: le texte est bourré de fautes de frappe…Et c’est dommage.

Philippe du Vignal

Editions de L’Harmattan, 11 euros.
 


Archive pour 21 décembre, 2010

Bouvard et Pécuchet

  Bouvard et Pécuchet, Le livre de l’inquiétude, adaptation théâtrale d’après Bouvard et Pécuchet  de Gustave Flaubert par  Brigitte Remer.

9782296128422j.jpg  Comme le dit dans la préface Eduardo Manet, qui lit ce roman de nos jours, à part les élèves des classes secondaires et universitaires? Et il  ajoute, non sans ironie: sauf si le programme l’exige… Effectivement, le texte  reste très ancré dans une époque qui n’est plus du tout la nôtre, malgré des dialogues savoureux qu’avait si bien mis en scène en 1989, le réalisateur Jean-Daniel Verhaeghe avec  Jean-Pierre Marielle et Jean Carmet.
    Ce roman, qui n’en est pas vraiment un,  est l’histoire de Bouvard et Pécuchet qui s’étaient rencontrés un jour de plein été près du canal Saint-Martin et s’étaient vite liés d’amitié. Drôle de couple que ces deux petits employés, copistes, un peu Laurel et Hardy, pas très finauds, dont la vie terne va basculer tout d’un coup: Bouvard  fait un héritage inattendu d’un oncle qui était en fait son véritable père, ce qui va lui permettre de vivre confortablement d’une rente le restant de sa vie!
Il décide alors d’embarquer Pécuchet dans une drôle d’aventure: l’achat d’une ferme dans le Calvados qu’ils vont exploiter , un peu comme Rimbaud et  Verlaine. Comme ils ne connaissent rien à l’agriculture et sont quand même assez prétentieux, ils vont aller d’échec en échec, de désillusion en désillusion, que ce soit pour l’élevage, la culture des melons,les arbres fruitiers, la plantation d’arbres comme Le lilas des Indes ou l’Eucalyptus inadaptés au climat, ou la mise en conserve, la distillation …avec un alambic qui explose! Naïfs, ils ne connaissent aucune limite et vont être la risée des paysans du coin! Ils vont même  jouer aux médecins en prescrivant des traitements farfelus.

   Ce qui ne les empêche pas de discuter sans arrêt politique, sentiments amoureux, spiritisme, religion,éducation et même esthétique: « Le beau est le beau et le sublime est le très beau  » déclare péremptoirement Bouvard.Ils comprendront,  mais un peu tard, que leur grande bêtise continuera à leur jouer des tours, s’ils ne jettent pas l’éponge et ils  décident alors d’aller retrouver leur travail de copiste…
Brigitte Remer s’est emparée du meilleur de ces dialogues et les a installés en dix courts chapitres, à partir du moment où ils se retrouvent à Chavignolles, et elle a bien su rendre le côté baba-cool avant la lettre de ces deux  Parisiens qui se sont aventurés dans un univers  qui n’est pas le leur et qui va leur révéler leur profonde bêtise. Flaubert lui avait déjà mâché le travail en écrivant des dialogues qui demandent un auditoire pour être  perçus à leur juste mesure. Mais elle a su resserrer les boulons d’un texte parfois un peu bavard comme le remarque Eduardo Manet, et les dialogues finement ciselés, deviennent souvent très durs,  à la limite de l’absurde. Et la dernière scène semble déjà préfigurer  En attendant Godot.

  Cette adaptation, qui s’attache à rendre la personnalité de ces deux petits employés assez pathétiques, devrait intéresser plus d’un metteur en scène. Reste à trouver des comédiens , de la trempe d’un François Morel ou d’un Olivier Saladin  ( des Deschiens) par exemple,  capables d’incarner toute cette sottise humaine.
  Petite remarque au passage:les éditions de l’Harmattan devraient faire appel à un relecteur: le texte est bourré de fautes de frappe…Et c’est dommage.

Philippe du Vignal

Editions de L’Harmattan, 11 euros.
 

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