Grand Ecart
Grand Ecart de Stephen Belder, traduction de Lucie Tiberghien mise en scène Benoit Lavigne.
La pièce traduite de l’auteur américain Stephen Belder ( qui est aussi scénariste de cinéma et de télévision) avait été créée à Broadway en 2004 sous le titre de Match. Avant qu’elle ne quitte l’affiche parisienne, cela valait quand même le coup d’y aller voir, histoire de ne pas oublier nos lecteurs de province ou comme on dit maintenant, des régions.
Toby joué par Thierry Lhermitte est un chorégraphe américain reconnu , maintenant âgé qui a vécu les utopies artistiques et la libération sexuelle des années 60-70. Il a un genou en mauvais état et et ne danse plus, même s’il continue à donner des cours. Il reçoit chez lui Lisa ( Valérie Karsenti), et son mari Mike ( François Feroleto).
Elle est venue lui demander les informations dont elle a besoin ; elle prépare en effet une thèse sur la chorégraphie classique aux Etats-Unis; en fait, on va vite s’apercevoir que sa visite a un tout autre but et qu’elle est davantage intéressée par la sexualité et les mœurs des années 60-70 , et en particulier par la vie personnelle de Toby..
Sans dévoiler le véritable motif de cette rencontre qui constitue le nœud central de la pièce, du dialogue entre ces trois personnages, vont naître des réflexions sur la difficulté de combiner un engagement artistique de danseur et un engagement personnel dans sa vie privée. Faut-il vraiment réussir sa vie d’artiste au détriment de sa vie d’homme ? Benoit Lavigne qui avait mis en scène non sans talent Baby Doll de Tenessee Williams( voir Le Théâtre du Blog ) nous transporte sans effort dans un appartement new yorkais de vieux célibataire, et a su diriger ses comédiens, tout en leur laissant une belle liberté de jeu.
Thierry Lhermitte bien entouré, est tout à fait convaincant dans ce rôle d’artiste un peu désabusé et pas très à l’aise, qui est peut être passé à côté de sa vie. Tsilla Chelton, son professeur de théâtre – et celle des comédiens du Théâtre du Splendid- peut être fière de son élève qui a, à son actif, plus d’une centaine de films ( dont le célébrissime Le Père Noël est une ordure ) et qui revient au théâtre ; la pièce n’est peut-être pas aussi merveilleuse et inspirée qu’il le prétend mais, en tout cas,il réussit à incarner ce chorégraphe âgé avec beaucoup de vérité et de nuances.
La pièce semble avoir été quelque peu rabotée pour tenir les quelques soixante dix minutes accordées avant la seconde pièce de la soirée mais bon, le spectacle est tout à fait visible!
Jean Couturier
Théâtre de la Madeleine à 19 heures jusqu’au 31 décembre ; la soirée de réveillon pour les meilleures places est à 62 euros ou si vous préférez le carré Or, c’est 77 euros ( soit un euro environ la minute) : voilà vous êtes prévenus mais la pièce part en tournée un peu partout en France….
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