L’Or

L’Or de Blaise Cendrars adaptation de Xavier Simonin, accompagné  par les harmonicas de Jean-Jacques Milteau

 

Quelle merveilleuse histoire que celle de L’Or, une épopée racontée par Blaise Cendrars à travers une écriture fiévreuse, à la fois flamboyante et lancinante, qu’interprète pour la scène avec beaucoup d’allant et de conviction secrète Xavier Simonin.
Comme l’écrit Cendrars lui-même, c’est « l’histoire du général Suter qui a conquis la Californie aux Etats-Unis mais  qui, milliardaire, a été ruiné par la découverte des mines d’or sur ses terres… » Ce aventurier suisse quitte, un beau jour de 1834 , femme et enfants pour traverser l’Atlantique et le sauvage continent américain. À cette  époque, les émigrés débarquent jour et nuit, et dans chaque bateau, dans chaque cargaison humaine, « il y a au moins un lor.jpgreprésentant de la forte race des aventuriers ».
Suter est de ceux-là, le premier à s’installer et faire fortune en Californie mais, en 1848, il verra ses terres pillées et dévastées par les chercheurs d’or sans qu’il puisse intervenir. La découverte de pépites d’or dans le lit du Sacramento en Californie va être à l’origine de la « ruée vers l’or ». Aventuriers et agriculteurs ou éleveurs ruinés se déplacent en foule.
Et l’importante immigration va s’emballer  mais  son sort est régi par la lutte pour la vie et la loi du plus fort. Cette marée humaine rapace, entre maux et plaisirs, contribue à la naissance de villes, entre autres, San Francisco. La soif de l’or fut dans l’histoire la cause de plus terribles injustices et de massacres effroyables. La grande et fière allure de Suter, redingote et chapeau au vent, se déploie dans une grâce combative et constructive jusqu’à entamer, dans son grand âge , un mouvement inverse de décadence et de déchéance, en maintenant sa grâce et sa dignité , toujours.
Aux côtés de Xavier Simonin, le musicien Jean-Jacques Milteau s’adonne à sa spécialité d’instrumentiste country et blues via des harmonicas de toutes tailles, des objets précieux qu’il manipule avec le soin du connaisseur. Il s’inspire avec talent de ces musiques pour créer ces ambiances de l’Ouest américain du XIXe siècle qui ne cesse de faire rêver le public.
Sur le plateau, une sorte d’échelle de fer qui se perd dans les airs, une métaphore de l’échelle du marin qui regarde l’horizon ou bien la coursive d’un atelier laborieux du Nouveau Monde. Les deux artistes tout en nuance se complètent pleinement, dans la mesure et le respect l’un de l’autre et du public forcément, pour raconter cette fièvre de la « réussite » qui brûle l’être sans jamais l’épargner. Un très joli moment de littérature, de musique et de théâtre.

Véronique Hotte

L’Or, d’après Blaise Cendrars ; mise en scène de Xavier Simonin. Du 12 janvier au 20 février 2011, du mercredi au samedi à 20h45, dimanche à 16h au Théâtre Daniel Sorano, 16 rue Charles Pathé 94300 Vincennes. Les 4, 5, 6 et 11, 12, 13 mars 2011 au Théâtre de Saint-Maur.

 

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