Salomé
Salomé, d’Oscar Wilde, mise en scène de Jérémie Le Louët.
Les Évangiles de Marc et de Matthieu nous racontent comment Hérode, tétrarque de Galilée, invita Salomé, la fille de sa femme Hérodias, à danser pour lui. En échange de quoi, elle pourra lui demander ce qu’elle veut, fût-ce la moitié de son royaume. C’est finalement la tête du prophète Jean-Baptiste (ou Iokanaan) qu’elle réclame, au grand dam du tétrarque. En 1893, Oscar Wilde retranscrit l’histoire dans une pièce de théâtre, Salomé, qui inspirera plus tard un opéra à Richard Strauss.
Lourde de tension et de désir, cette Salomé n’est pas très bien rendue par Jérémie Le Louët et sa compagnie des Dramaticules. Parce que la pièce est proche de l’opéra, Jérémie Le Louët invite ses acteurs à ne pas se laisser enfermer dans « le sens littéral des mots » mais à utiliser la technique du « parlé-chanté ».
Pourtant rien de tel n’atteint nos oreilles durant la représentation. Il y a une emphase excessive chez certains personnages (le jeune syrien, joué par Julien Buchy et le page d’Hérodias, joué par David Maison), qui contraste volontairement avec le ton plus populaire des autres, parmi lesquels le roi et la reine eux-mêmes.
C’est peut-être en effet dans le décalage que résident les intentions du metteur en scène. On sent dans le jeu de Jérémie Le Louët qui joue Hérode, une volonté de rendre l’excès du personnage de façon comique ou pathétique. Cette idée semble également dicter le jeu des autres acteurs, notamment Katarzyna Krotki ( Hérodias) et Anthony Courret et Jonathan Frajenberg, les deux gardes. Quant à Noémie Guedj( Salomé), elle prend souvent des intonations de petite fille… Seule la voix du prophète Iokanaan (Stéphane Mercoyrol) résonne dans la salle avec une force menaçante. La scénographie est aussi fondée sur le décalage : draps noirs en fond de scène, milliers de pétales de roses sur le sol qui annoncent une pièce à connotation tragique. Mais ensuite, l’ on dresse, une grande table de festin ,qui bloque l’espace et qui casse un peu la première harmonie de couleurs.. .
Quant à la musique, elle est , soit illustrative, soit insérée à des moments incongrus, et la fameuse danse des sept voiles se trouve réduite à un déhanchement de Salomé montée sur la table qui chante avec une voix d’homme dans une ambiance disco… De quoi décevoir le spectateur… Le décalage ne fonctionne pas et les rires sont rares dans la salle. Rien ne semble assumé jusqu’au bout et des dissonances pèsent sur la pièce, comme le jeu excessif de l’éventail d’Hérodias qui apparaît plus comme un refuge pour l’actrice qu’autre chose, ou l’échange des rôles entre la fille et la mère à la fin, ou encore les coiffeuses devant lesquelles vont s’asseoir les acteurs censés être en coulisse, stéréotype très mode…
Le grotesque échoue et le résultat est finalement peu convaincant.
Élise Blanc
Théâtre de l’ouest Parisien.
Spectacle vu le 10 février 2011 au Théâtre de l’Ouest Parisien et ensuite,le 18 mars 2011 au Théâtre de Saint-Maur à 20h30 ;le 22 mars 2011 à l’ATP à l’Auditorium Théâtre de Poitiers, à 20h30.