De humanis humoribus

De humanis humoribus de Marie-Laure Desbordes, Caroline Ducrest et Boris Benezit, mise en scène de Jean-Denis Monory.

 C’estne étrange et fascinante démonstration que propose la Compagnie de Mars. « De humanis humoribus » signifie littéralement « des humeurs humaines ». Les humeurs, ce sont ces « quatre substances liquides abreuvant tous les corps animaux et qu’on croit être causes de divers tempéraments, qui sont le flegme, le sang, la bile, la mélancolie » (Dictionnaire de Furetière).  Equitablement réparties, ces substances garantiraient donc un bon tempérament. Sinon, l’homme est soit sanguin, c’est-à-dire d’humeur « gaie, enjouée, complaisante, volage, amoureuse », soit d’humeur bilieuse, il est « colérique, emporté », soit encore d’humeur mélancolique, « chagrine, inquiète, triste, noire, bizarre… » soit enfin d’humeur flegmatique, « douce, posée, froide ». A chacune de ces humeurs, correspond une saison de l’année, un élément, et une étape de la vie humaine : l’enfance, la jeunesse, l’âge adulte et l’âge de la vieillesse.
Barry (interprété par Jean-Denis Monory), l’opérateur (c’est-à-dire le médecin charlatan) et inspiré de la pièce de Florent Dancourt, s’appuie sur le dictionnaire de Furetière pour nous définir, une à une, ces quatre humeurs, qui sont ensuite chacune, illustrées par la danse et la musique.
On se retrouve tout à coup plongé dans l’univers baroque des 16e et 17e siècles. La déclamation suit les principes de l’époque: langage  musical et soutenu par une gestuelle codifiée, parfaitement maîtrisée par les comédiens. Cet art de jouer redonne vie au texte et nous rend plus savoureux les passages farcesques, proches de la comedia dell’arte, par exemple, quand Marie-Laure Desbordes, irrésistible dans le rôle du valet Jodelet, se trouve  poursuivie par son maître avant de revenir une pipette géante enfoncée dans le fondement.
Le répertoire musical est choisi avec soin, tout comme les instruments : un clavecin, une viole de gambe, un violone et un colascione; les musiciens ne sont pas en reste : Léonore Darnaud, Boris Bénézit, Federico Yacubsohn, Baptiste Reboul et Nicolas Deprez portent des masques pour interpréter chacune des humeurs dans de savoureux jeux de scène soutenus par la musique . La danseuse : Caroline Ducrest nous illumine de grâce dans un scintillant costume, avec une chorégraphie du répertoire baroque…
Le spectacle nous emmène donc près de quatre siècles en arrière, à la seule lueur des bougies, et dans le décor magique d’une salle toute en bois au parfum si particulier. Parole, musique et danse s’harmonisent pour faire défiler les quatre âges de la vie humaine dans leur tourbillon d’émotions. Et l’on n’oublie pas la leçon métaphysique derrière le cours d’anatomie : un crâne difforme posé sur le sol près d’un fauteuil nous rappelle les célèbres vanités.
L’ensemble est très rythmé, comme les mises en scène de J-D. Monory, qui avait déjà brillamment monté les Femmes Savantes,  dans ce même théâtre ,il y a quelques mois. On rit, on médite, on s’éblouit, on frémit, dans une succession de tableaux qui ne cesse jamais de nous surprendre.
Courez vous régaler de baroque, si vous le pouvez, vous ne serez pas déçus !

Elise Blanc

Jusqu’au 20 février au Théâtre de l’Epée de bois, à 21h.

 


http://www.dailymotion.com/video/x331ss


Archive pour 18 février, 2011

De humanis humoribus

De humanis humoribus de Marie-Laure Desbordes, Caroline Ducrest et Boris Benezit, mise en scène de Jean-Denis Monory.

 C’estne étrange et fascinante démonstration que propose la Compagnie de Mars. « De humanis humoribus » signifie littéralement « des humeurs humaines ». Les humeurs, ce sont ces « quatre substances liquides abreuvant tous les corps animaux et qu’on croit être causes de divers tempéraments, qui sont le flegme, le sang, la bile, la mélancolie » (Dictionnaire de Furetière).  Equitablement réparties, ces substances garantiraient donc un bon tempérament. Sinon, l’homme est soit sanguin, c’est-à-dire d’humeur « gaie, enjouée, complaisante, volage, amoureuse », soit d’humeur bilieuse, il est « colérique, emporté », soit encore d’humeur mélancolique, « chagrine, inquiète, triste, noire, bizarre… » soit enfin d’humeur flegmatique, « douce, posée, froide ». A chacune de ces humeurs, correspond une saison de l’année, un élément, et une étape de la vie humaine : l’enfance, la jeunesse, l’âge adulte et l’âge de la vieillesse.
Barry (interprété par Jean-Denis Monory), l’opérateur (c’est-à-dire le médecin charlatan) et inspiré de la pièce de Florent Dancourt, s’appuie sur le dictionnaire de Furetière pour nous définir, une à une, ces quatre humeurs, qui sont ensuite chacune, illustrées par la danse et la musique.
On se retrouve tout à coup plongé dans l’univers baroque des 16e et 17e siècles. La déclamation suit les principes de l’époque: langage  musical et soutenu par une gestuelle codifiée, parfaitement maîtrisée par les comédiens. Cet art de jouer redonne vie au texte et nous rend plus savoureux les passages farcesques, proches de la comedia dell’arte, par exemple, quand Marie-Laure Desbordes, irrésistible dans le rôle du valet Jodelet, se trouve  poursuivie par son maître avant de revenir une pipette géante enfoncée dans le fondement.
Le répertoire musical est choisi avec soin, tout comme les instruments : un clavecin, une viole de gambe, un violone et un colascione; les musiciens ne sont pas en reste : Léonore Darnaud, Boris Bénézit, Federico Yacubsohn, Baptiste Reboul et Nicolas Deprez portent des masques pour interpréter chacune des humeurs dans de savoureux jeux de scène soutenus par la musique . La danseuse : Caroline Ducrest nous illumine de grâce dans un scintillant costume, avec une chorégraphie du répertoire baroque…
Le spectacle nous emmène donc près de quatre siècles en arrière, à la seule lueur des bougies, et dans le décor magique d’une salle toute en bois au parfum si particulier. Parole, musique et danse s’harmonisent pour faire défiler les quatre âges de la vie humaine dans leur tourbillon d’émotions. Et l’on n’oublie pas la leçon métaphysique derrière le cours d’anatomie : un crâne difforme posé sur le sol près d’un fauteuil nous rappelle les célèbres vanités.
L’ensemble est très rythmé, comme les mises en scène de J-D. Monory, qui avait déjà brillamment monté les Femmes Savantes,  dans ce même théâtre ,il y a quelques mois. On rit, on médite, on s’éblouit, on frémit, dans une succession de tableaux qui ne cesse jamais de nous surprendre.
Courez vous régaler de baroque, si vous le pouvez, vous ne serez pas déçus !

Elise Blanc

Jusqu’au 20 février au Théâtre de l’Epée de bois, à 21h.

 


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