FOUCAULT 71 feuilleton théâtral en 3 épisodes à voir séparément ou dans la foulée, par Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis et Lucie Nicolas, musique de Fred Costa.
C’est le premier épisode de ce feuilleton théâtral insolite, conçu voilà plus de deux ans par ce dynamique groupe de pétroleuses, qui rend sa dimension politique oubliée au Théâtre de l’Aquarium des années 70 créé par Jacques Nichet, Bernard Faivre, Didier Bezace, Thierry Bosc et Karen Rencurel…Le hall est bourré d’un public jeune qui fait la queue et feuillette les livres de la petite librairie. Ces cinq jeunes femmes ont été frappées par la résonance des textes de Foucault avec notre actualité, par leur capacité à questionner notre réel. Elles endossent bizarrement les rôles très majoritairement masculins au sein de différentes luttes. Celle du G.I.P. groupe d’information sur les prisons, celle des protagonistes du comité Djellali, créé sous l’égide du Secours Rouge à la Goutte d’or, pour protester contre le racisme et l’assassinat d’un jeune homme. On découvre des scandales oubliés comme l’affaire Jaubert, un journaliste tabassé violemment par la police alors qu’il tentait de porter secours à un passant blessé au bord d’une manifestation. Certaines dérives des « Maos » sont évoquées rapidement, l’engagement d’intellectuels comme Gilles Deleuze, Pierre Vidal-Naquet, comme des appuis réels. D’autres engagements comme ceux de Catherine von Bulow, Brigitte Fontaine ou Genet absent des manifestations, sont abordés de façon ironique.
Il y a une belle rage de jouer et de porter une parole libertaire chez ce collectif d’actrices engagées, issues pourtant pour la plupart du Conservatoire national d’art dramatique qui privilégie les carrières individuelles. Elles abordent les défis de porter les paroles de véritables engagements collectifs largement oubliés de nos jours, avec une simplicité, une vigueur et un naturel confondants. Pas de décor, quelques projections et slogans, des banderoles, des tables et des chaises.
On avait pu les voir au festival Impatiences organisé par l’Odéon.
*******************************************************************************************************************
FOUCAULT 71, Collectif F 71 Conception, mise en scène et interprétation Sabrina Baldassara, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas
Qui suis-je maintenant ? C’est le dernier épisode de ce feuilleton théâtral entrepris depuis 2004 par le dynamique collectif féminin F 71 d’après l’œuvre de Michel Foucault. Celui-ci est issu de La vie de hommes infâmes : « Qu’a-t-on fait historiquement des fous, des pauvres, des malades ? Pourquoi enferme-t-on certaines catégories de malades ?…À quel type de pouvoir avons-nous affaire…Comment peut-on devenir sujet moral de son action ? ».
Nous sommes dans le hall joliment rénové du Théâtre de l’Aquarium, une actrice surgit, et interpelle le public devant une grande affiche évoquant l’errance d’un pauvre abandonné, fuyant sa famille. On crève cette affiche qui barre l’entrée du théâtre, pour s’asseoir dans la salle. Et derrière un transparent, on voit une succession d’images sur la vie de paysans dans les bois au XVIIe et au XVIIIe siècle. Puis, en pleine lumière, les filles en tenues de foot vertes lancent des dénonciations de vagabondages, des suppliques adressées au roi par le mari contre sa femme adultère et dépensière, un père contre son fils désobéissant, la recherche d’une fille prostituée mineure…
Enfin il y a une furieuse séance de projections d’une série de textes, accompagnées comme le reste du spectacle, par Fred Costa. Il y aurait eu un bug technique qu’on n’a pas tous remarqué. Ce spectacle encore un peu brouillon donne cependant envie de voir les deux premiers épisodes sortis depuis plusieurs mois.
Edith Rappoport
Théâtre de l’Aquarium jusqu’au 6 février T: 01 43 74 99 61
http://theatredelaquarium.tumblr.com