LUISA MILLER
LUISA MILLER opéra de Giuseppe Verdi, livret de Salvatore Cammarano, d’après Kabale und liebe de Friedrich Schiller, direction musicale de Daniel Oren, mise en scène de Gilbert Deflo.
Luisa Miller , composé par Verdi, au lendemain de la révolution de 1948, est son troisième opéra inspiré de Schiller qui répondait à une commande du théâtre San Carlo de Naples. Le livret de Cammarano avait dû être remanié pour cause de censure… Luisa Miller fille de paysan s’est éprise de Rodolfo qui partage son amour et qui veut l’épouser sans lui révéler sa véritable identité. Il est en effet le fils du comte Walter, seigneur local, qui veut le contraindre à épouser sa cousine, la duchesse Federica. Mais Rodolfo se rebelle contre les ordres paternels, veut rester fidèle à Luisa et menace de révéler la contrainte dont son père s’est rendu coupable.
Mais Wurm, sinistre personnage amoureux de Luisa qui le repousse, invente un stratagème pour briser le couple. Il la menace d’exécuter son père arrêté pour rébellion contre son souverain et la force à écrire une lettre affirmant qu’elle a séduit Rodolfo, dont elle aurait connu la véritable identité. Elle s’exécute et Rodolfo qui vient s’enquérir de l’authenticité de la lettre qu’elle confirme, mais qui a juré de libérer son père, lui fait boire un poison. Elle meurt dans une déchirante scène d’amour, après avoir révélé le traquenard dont elle est victime.
On se laisse emporter par la musique de Verdi, mais on reste stupéfait devant une mise en scène raide et poussiéreuse ( les chanteurs plantés comme des piquets dans un décor du XIX ème siècle)! On croirait relire Heidi jeune fille.
Cet opéra sur la trahison et la mise en échec d’un amour pour cause de mésalliance a pourtant un véritable dimension politique. On peut pleurer l’opéra populaire dont rêvait Jean Vilar et regretter le départ de Gérard Mortier qui programmait des mises en scène contemporaines.
Edith Rappoport
Opéra Bastille13, 17, 20, 24, et 29 mars

Théâtre et rock’n’roll. Si le mélange semble à priori improbable, il n’est pourtant pas insoluble. La preuve ? Please kill me, l’éclatant et très réussi spectacle proposé par Mathieu Bauer et son groupe Sentimental Bourreau Pendant près d’une heure et demie que l’on ne sent pas passer, c’est tout un pan de l’histoire du rock’n’roll qui défile sous nos yeux, celui des années 60 et 70.
Autre spectacle du Théâtre des Lucioles, cette mise en scène de la première pièce de Lucy Caldwell, jeune dramaturge irlandaise, nous enferme dans un huis-clos familial traversé par un drame; une tentative de suicide de la fille aînée qui était partie faire ses études à Londres. Son père, sa mère et ses deux jeunes soeurs, Poppy et Clover, attendent son retour dans leur maison de Belfast.
Deux femmes entrent sur le plateau, l’une d’elles attaque: » Tu m’as trahie/ tu as pris mes mots/tu les as tournés/tu les as retournés/tu les as vidés/tu les as aplatis ». Et voilà, c’est parti, elles vont s’affronter autour des mots et du sort qu’on leur fait. Ce sont eux les personnages principaux. Deux femmes s’affrontent donc dans une joute de mots comme en Irlande dans les pubs, une joute qui s’arrête lorsque l’un des adversaires ne trouve plus rien à dire face à l’autre qui a le dernier mot.