LES RETROUVAILLES

LES RETROUVAILLES d’Arthur Adamov, mise en scène de Gabriel Garran.


  fr12997566411923.jpgGabriel Garran garde un côté juvénile, et malicieux malgré plus de 80 printemps et presque autant de mises en scène. Au Théâtre de la Commune d’Aubervilliers, il avait monté Off limits d’Adamov en 1969. Il revient avec bonheur à cet auteur important au Théâtre de la Tempête qui avait accueilli Si l’été revenait, toujours du même Adamov, beau spectacle monté par Michel Berto en 1971.
Les retrouvailles, (1953), ce sont celles d’Edgar, jeune étudiant en rupture de ban, qui rate son train sur la route du retour chez sa mère, où sa redoutable fiancée l’attend. Il est recueilli par deux femmes, une couturière déjà mûre et Louise, pétillante secrétaire qui s’entiche de lui, et qui veut l’aider à continuer ses études en lui trouvant un travail à mi-temps dans une librairie.
Malgré toutes ces attentions, il se ferme, ne parvient pas à se concentrer, rejette violemment toutes les attentions dont il est l’objet.   Il parvient seulement à coudre et livrer des blouses pour son hôtesse. Sa valise qu’il garde précieusement finira par s’ouvrir pour laisser échapper des chiffons de papier. Buté, hostile, refusant toutes les attentions, il ne se laisse aller qu’à l’apparition d’une jeune fille lointaine, et  lui déclare son amour.

Ce jeu de rêves entre les machines, le bruit de la machine à coudre, celui la machine à écrire de Louise, le bruit du train qui l’écrase quand elle s’absente pour fuir Edgar,  se déroule sous l’œil d’une horloge de gare qui tourne à l’envers et sous le regard d’Adamov, un regard étonnant et profond dont la photo surplombe le plateau. Il disait “ Quand je pense qu’on n’a jamais eu l’idée de retirer aux parents le soin de leur progéniture…Écrire, c’est l’horreur, ne pas écrire, c’est la terreur !”.
Adamov, qui s’est donné la mort en 1970,  est  sans doute un auteur aussi important que Beckett ou Ionesco, mais bien rarement joué. Un débat passionnant avec Gabriel Garran et René Gaudy, auteur d’un livre sur Adamov publié chez Stock , suivait la représentation.

Edith Rappoport.

 

Jusqu’au 10 avril 2011 au Théâtre de la Tempête, du mardi au samedi à 20 h, Tél. 01 43 28 36 36.
Lucien Attoun qui avait édité le livre de René Gaudy accueillera une autre rencontre autour d’Adamov à Théâtre Ouvert le 4 avril à 19 h. 

 


Archive pour 17 mars, 2011

La Cagnotte

La Cagnotte, de Eugène Labiche, mise en scène par Laurence Andreini.

 

   lacagnottedeeugenelabiche604image1fr1285159003l515.jpgUne comédie avec le cynisme qu’il faut, comme on les aime, habilement rendue par la compagnie Théâtre Amazone. On connaît l’histoire: des petits bourgeois de la Ferté-sous-Jouarre décident d’aller à Paris « manger » la cagnotte qu’ils ont réunie après toute une année de parties de cartes quotidiennes. Mais on ne quitte pas sa province impunément, et leur voyage se change vite en course poursuite très Labiche qui les emmènera dans les endroits les plus obscurs de la capitale. Personne ne sortira indemne de cette spirale infernale : les quiproquos se multiplient et mettent au jour la véritable nature des uns et des autres et découvrent toutes les cachotteries, jusqu’à ce que l’idiot de l’histoire, le petit clerc de notaire bousculé par tous, sauve la situation.

Dans la salle au sol de ciment, des caillebotis modulent habilement le voyage des personnages. Sous nos yeux défilent donc le salon bourgeois, le restaurant parisien, le poste de police, le cabinet de l’entremetteur et finalement le bâtiment en rénovation, tandis que le reste de l’espace se retrouve plongé dans la neutralité . Le bruit d’un mécanisme d’horloge, celle qui ornait tous les salons bourgeois, active le début de la pièce qui se déroulera avec une logique implacable, dont Labiche est passé maître dramaturge. Laurence Andréini nous présente un spectacle parfaitement rodé, où scènes et parties chantées s’enchaînent dans une partition sans faute, et où les acteurs s’accordent à merveille dans le petit monde de Labiche.

Ils ont, si l’on peut dire, la tête et le jeu de l’emploi : Michel Baumann est très juste en Champbourcy, le père, le « commandant » de toute la troupe, qui regroupe sa sœur Léonida (Isabelle Védie), sa fille Blanche (Carole Fages), Cordenbois le pharmacien (Éric Bergeonneau), Colladan (Christian Caro) un riche fermier dont on croise le fils rebelle (Cyril Dubreuil), Jean-Marc Lallement est tour à tour Félix, le petit clerc de notaire, et Béchut, le commissaire, deux rôles antagonistes qu’il rend avec une belle présence comique, Damien Henno est un serveur et un assistant irrésistible de souplesse, comme Benoit Marchand, qui joue l’entremetteur.

Des acteurs bien dirigés qui incarnent remarquablement leurs personnages, une scénographie bien adaptée au monde de Labiche, et une mise en scène réglée comme du papier à musique mais aussi pleine d’idées originales et surprenantes… Le spectacle a tout pour plaire et pour faire rire. Et pourtant, comme dans la copie d’un trop bon élève, quelque chose manque. Peut-être les spectateurs sont-ils un peu fatigués par l’heure tardive pour être tout à fait réceptifs…

 Élise Blanc.

 

Théâtre de l’Épée de Bois, Cartoucherie de Vincennes jusqu’au 20 mars.

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