3e PANORAMA DES CHANTIERS DE LA FAI AR
3e PANORAMA DES CHANTIERS DE LA FAI AR
C’est le dernier grand exercice pour les apprentis de la Formation avancée des arts de la rue, au terme de 18 mois de travail en France et à l’étranger, accompagnés par des professionnels de domaines artistiques et de la médiation.
La cité des arts de la rue dont on avait pu voir la préfiguration au sein du quartier populaire des Aygalades en 2006 est en voie d’achèvement, Générik vapeur et d’autres compagnies y sont déjà installées, ainsi que la dynamique association Karwan diffusant sur tout le département des spectacles de rue et de cirque.
Michel Crespin, le père fondateur de cette cité, inventeur de la FAIAR rayonne, au terme de de trente années de travail initiées dans une caravane à la Ferme du Buisson, a mené à bien un fantastique développement des arts de la rue, autrefois méprisés. Pendant quatre jours, la FAIAR avait missionné quinze auditeurs et trois observateurs, universitaires, artistes et journalistes, venus de France, d’Allemagne et de Suisse pour porter un regard critique sur les projets personnels de création de quinze apprentis.
Après une présentation orale des projets, on pouvait assister à des Reflets, courtes séquences de 20 minutes. Le dernier jour, dans le cadre d’un retour sur ce panorama des chantiers, la parole était donnée aux apprentis, au public et aux observateurs.
-DANS LA MESURE DU POSSIBLE : Elsa Vanzande, 27 ans, membre du collectif Ici-Même de Grenoble, terminait une exposition sur les villes, considérées comme des terrains de jeu et d’expériences. Plusieurs maquettes étaient affichées dans un grand hangar, et elle nous éclairait par un bizarre discours scientifique sur ses recherches des centres de gravité des villes, en l’occurrence celle de Marseille.
-RE-VOLT : Mathieu Gasparini, 32 ans issu de Transe Express de Crest, organisait une “déambulation manifestive pour comédiens et mégaphones” pas très convaincante, qu’il présentait comme un plaidoyer vivant pour la poésie entre agit-prop, expérimentations sonores, slam, harangues et confession. Il ne suffit pas de brailler dans des micros pour faire surgir une émotion, surtout dans la rue…
-MÉTRIE-MOTILE :Anne Corte, 27 ans, plasticienne, se présente comme “un oiseau migrateur à tendance tractopelle, formée à l’usage du stylo”. C’est le projet le plus insolite, le plus prometteur auquel il ait été donné d’assister de la journée. Nous sommes installés sur une passerelle transparente de l’Alcazar, surplombant une rue piétonne où des passages insolites se répètent. Un femme qui bat son compagnon, une autre chargée de bananes qui s’échappent de son sac, et qui a du mal à les rassembler, un groupe de vieux marche très, très lentement. Quetzacoalt apparaît sur la fin. Un chien galope entre les passants pendant que son maître rassemble les bananes sur une table. Il y a du Jacques Tati et beaucoup d’humanité là-dedans.
-RETOUR : Cyril Lévi-Provençal, 53 ans, acteur voyageur nous emmène sur une plage, pour le voyage d’Ulysse échoué, qui rassemble des débris pour construire une embarcation fragile. Il s’éloigne avec ses compagnons au rythme du Bateau ivre. On aimerait en entendre plus long.
-RUE DES CITÉS : Laetitia Cordier, 29 ans, graphiste. Elle nous emmène dans un voyage solitaire dans la Cité des Aygalades. Guidé par des silhouettes blanches peintes sur le murs de la route puis du stade, on est hélé par un guide qui nous envoie chez Roger, sympathique patron d’un bar associatif qu’il gère bénévolement avec sa femme dans un sous-sol sans fenêtre des HLM. Il nous offre à boire, parle de la cité, où les habitants se sont organisés, un potager, des jeux pour les enfants, ce bar conquis de haute lutte. C’est une belle aventure humaine où des milieux qui s’ignoraient se rencontrent enfin.
Edith Rappoport
Cité des arts de la rue Marseille