3e PANORAMA DES CHANTIERS DE LA FAI AR

3e PANORAMA DES CHANTIERS DE LA FAI AR 

artsdelaruemars2011.jpgC’est le dernier grand exercice pour les apprentis de la Formation avancée des arts de la rue, au terme de 18 mois de travail en France et à l’étranger, accompagnés par des professionnels de domaines artistiques  et  de la médiation.
La cité des arts de la rue dont on avait pu voir la préfiguration au sein du quartier populaire des Aygalades en 2006 est en voie d’achèvement, Générik vapeur et d’autres compagnies y sont déjà installées, ainsi que la dynamique association Karwan diffusant sur tout le département des spectacles de rue et de cirque.
Michel Crespin, le père fondateur de cette cité, inventeur de la FAIAR rayonne, au terme de de trente années de travail initiées dans une caravane à la Ferme du Buisson,  a mené à bien un fantastique développement des arts de la rue, autrefois méprisés. Pendant quatre jours, la FAIAR avait missionné  quinze  auditeurs et trois observateurs, universitaires, artistes et journalistes, venus de France, d’Allemagne et de Suisse pour porter un regard critique sur les projets personnels de création de quinze  apprentis.
Après une présentation orale des projets, on pouvait assister à des Reflets, courtes séquences de 20 minutes. Le dernier jour, dans le cadre d’un retour sur ce panorama des chantiers, la parole était donnée aux apprentis, au public et aux observateurs.
-DANS LA MESURE DU POSSIBLE : Elsa Vanzande, 27 ans, membre du collectif Ici-Même de Grenoble, terminait une exposition sur les villes, considérées comme des terrains de jeu et d’expériences. Plusieurs maquettes étaient affichées dans un grand hangar, et  elle nous éclairait par un bizarre discours scientifique sur ses recherches des centres de gravité des villes, en l’occurrence celle de Marseille.
-RE-VOLT : Mathieu Gasparini, 32 ans issu de Transe Express de Crest, organisait une “déambulation manifestive pour comédiens et mégaphones” pas très convaincante, qu’il présentait comme un plaidoyer vivant pour la poésie entre agit-prop, expérimentations sonores, slam, harangues et confession. Il ne suffit pas de brailler dans des micros pour faire surgir une émotion, surtout dans la rue…
-MÉTRIE-MOTILE :Anne Corte, 27 ans, plasticienne, se présente comme “un oiseau migrateur à tendance tractopelle, formée à l’usage du stylo”. C’est le projet le plus insolite, le plus prometteur auquel il ait été donné d’assister de la journée. Nous sommes installés sur une passerelle transparente de l’Alcazar, surplombant une rue piétonne où des passages insolites se répètent. Un femme qui bat son compagnon, une autre chargée de bananes qui s’échappent de son sac, et qui  a du mal à les rassembler, un groupe de vieux marche très, très lentement. Quetzacoalt apparaît sur la fin. Un chien galope entre les passants pendant que son maître rassemble les bananes sur une table. Il y a du Jacques Tati et beaucoup d’humanité là-dedans.
-RETOUR : Cyril Lévi-Provençal, 53 ans, acteur voyageur nous emmène sur une plage, pour le voyage d’Ulysse échoué, qui rassemble des débris pour construire une embarcation fragile. Il s’éloigne avec ses compagnons au rythme du Bateau ivre. On aimerait en entendre plus long.
-RUE DES CITÉS : Laetitia Cordier, 29 ans, graphiste. Elle nous emmène dans un voyage solitaire dans la Cité des Aygalades. Guidé par des silhouettes blanches peintes sur le murs de la route puis du stade, on est hélé par un guide qui nous envoie chez Roger, sympathique patron d’un bar associatif qu’il gère bénévolement avec sa femme dans un sous-sol sans fenêtre des HLM. Il nous offre à boire, parle de la cité, où les habitants se sont organisés, un potager, des jeux pour les enfants, ce bar conquis de haute lutte. C’est une belle aventure humaine où des milieux qui s’ignoraient se rencontrent enfin.

 

Edith Rappoport

 

Cité des arts de la rue Marseille 

 

 


Archive pour 20 mars, 2011

UN CHEVALIER À LA HAVANE

UN CHEVALIER À LA HAVANE , film de Serge Sandor, d’après un spectacle créé à la Havane en novembre 2009.

Serge Sandor, auteur, metteur en scène prolixe et généreux, a toujours emprunté des voies singulières dans des milieux réputés difficiles. Il a réalisé des spectacles dans des prisons au Mexique, a monté avec des “gens dans l’errance” Les bas fonds de Gorki au Théâtre national de Chaillot et Le Concile d’amour au Théâtre de la Tempête. Il a aussi conçu Gueule de mariée, un spectacle pour bars, et Une comète à Cuba présenté au Théâtre du Chaudron. Spectacles d’une belle originalité mais  il en a réalisé beaucoup d’autres. Le chevalier de Paris, film présenté à l’ambassade de Cuba, fruit de deux années de travail avec 200 patients est étrangement porteur d’une indicible joie carnavalesque. “On n’est pas malades, on est fous, dit l’un d’eux !”
On y voit des gens broyés par la vie qui retrouvent une dignité et une fierté d’être ainsi valorisés, au terme de longues semaines d’ateliers, quant ils incarnent  des personnages qui  ont existé  dans la vie de ce Chevalier de Paris. José Maria Lopez Lledin, né en Espagne en 1899, termina ses jours à l’hôpital psychiatrique Ordaz, nouveau Don Quichotte généreux et affable, errant pendant des années dans les rues de la Havane.
Le film qui retrace le différentes étapes du travail, n’est pas une captation du spectacle, on y voit les ateliers, le défilé carnavalesque dans les rues de Regla et surtout des témoignages toniques de ces patients dont certains sont internés depuis 40 ans.

Edith Rappoport

Spectacle créé par Serge Sandor, à l’Hôpital psychiatrique Bernabe Ordaz, sur l’avenue du Prado et au Teatro Fausto, à Regla et au Théâtre municipal de Regla avec 200 patients psychiatriques.

Un livre bilingue sur cette expérience passionnante conduite avec Indira Valdès Ramos,  Serge Sandor, Cristina Diaz Erofeeva et Tatiana Bitir a été publié par les éditions du cygne, 124 pages, 12 €, www.lescygnes.fr

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