L’Art du rire

 L’Art du rire de et par Jos Houben.

On avait connu Jos Houben  chez Aperghis comme chez Peter Brook dans Fragments de Beckett; en fait, cet Art du rire a été peaufiné depuis longtemps sous la forme de  cette vraie/fausse conférence sur le rire et le comique. Sur la grande scène du Rond-Point, une table de bistrot avec deux chaises Thonet, avec dessus , un chapeau, une bouteille d’eau et un verre: c’est tout. Il entre par la salle, pantalon et chemise gris et annonce tout de suite  qu’il il va parler de l’art du rire.
Pourquoi rit-on? Comment rit-on?  de quoi rit-on? énonce-t-il avec un sérieux imperturbable… Quelle est la gestuelle du rire dans notre vie quotidienne de citadins ordinaires confrontés au principe absolu de la verticalité, au déséquilibre et à la chute, au peu de maîtrise que nous avons de notre propre corps?
Bergson avait déjà théoriquement répondu: nous rions quand il y a répétition, quand la mécanique prend le pas sur l’humain. Et Jos Houben  le démontre,  exemples à l’appui, avec peu de mots mais avec  une  merveilleuse gestuelle: il montre la norme et l’équilibre, même instable mais aussi le déséquilibre et le ridicule accompli de la chute, seul ou avec un complice venu du public.
Jos Houben a une façon, exemplaire et bien à lui,  de parler de la verticalité du corps. Pourquoi, dit-il aussi, la Tour Eiffel en impose-t-elle tellement , alors que la Tour de Pise  provoque une certaine pitié? Les exercices sont à la fois fins, intelligents et brillants et provoquent instantanément le rire du public dans une salle qui reste un peu éclairée: géniale trouvaille!
Le public est ainsi davantage en confiance et l’ancien élève du grand Lecoq,devenu enseignant dans cette même école, et aussi membre du fameux Théâtre de complicité londonien,  a une gestuelle irréprochable  et un sens du burlesque qui fait souvent penser à celui de Buster Keaton,  dans la façon qu’il a de mouvoir son corps. Jos Houben est à la fois magnifique dans sa générosité et dans l’intelligence qu’il a du plateau. Avec, pour finir quelques citations, dont une du grand  Wittgenstein. C’est d’une rare élégance de céder ainsi la place aux mots!
En une heure, on a ri  comme rarement-que demande le peuple? -avec, en plus l’impression de sortir de là,  un peu moins bête qu’en y entrant… Vraiment exceptionnel.

Philippe du Vignal

Théâtre du Rond-Point jusqu’au 10 avril à 18 h 30.

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