LÉGENDES DE LA FORÊT VIENNOISE
LÉGENDES DE LA FORÊT VIENNOISE ,pièce populaire en trois parties d’Odon Von Horvarth, mise en scène Alexandre Zloto, traduction de Heinz Schwartzinger
Odon von Horvarth, dramaturge hongrois de langue allemande, né au début du siècle a écrit de grandes œuvres, Sladek, soldat de l’armée noire, Casimir et Caroline et Les légendes de la forêt viennoise entre 1927 et 1932. Cette pièce lui vaudra le prix Kleist; il publiera aussi Un fils de notre temps, mais frappé d’exil par les nazis, il sera victime d’une branche tombée d’un arbre à la suite d’une tornade sur les Champs-Élysées à Paris en 1938. Depuis quelques années l’ensemble de son œuvre connaît une nouvelle vie grâce aux traductions de Heinz Schwartzinger et à des mises en scène contemporaines , comme celles d’André Engel, Sylvain Maurice et Jacques Osinski.
Alexandre Zloto qui anime avec passion les Premiers pas des Enfants de troupe engendrés sous la houlette d’Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes depuis huit ans, présente une version dynamique de cette œuvre phare, révélatrice des déviances d’une époque lourde de menaces. Marianne, jeune fille charmante qui aide son père devenu veuf à tenir une boutique de jouets, est demandée en mariage par son voisin, Oscar, un riche boucher. Son père, ravi de l’aubaine décide aussitôt de fiancer sa fille et de conclure les noces au plus vite. Mais, au cours de la cérémonie des fiançailles, Marianne tombe dans les bras d’Alfred, parieur aux courses insouciant qui vient de quitter Valérie, buraliste un peu mûre portée sur la gaudriole. Marianne et Alfred sont réduits à la misère dans une chambre sordide avec un enfant sur les bras, le bébé est confié à la grand-mère à la campagne, mais la féroce arrière-grand-mère qui ne supporte pas le déshonneur d’une naissance hors mariage, le laisse mourir de froid.
Oscar le riche boucher qui aime toujours sa promise, accepte de l’épouser pour la sortir des griffes d’un cabaret où elle doit gagner sa vie. Au moment de la grande réconciliation familiale, toute la famille venant chercher le petit Léopold à la campagne doit se rendre à l’évidence, tout est bien qui finit bien, l’honneur est sauf puisque l’enfant du péché n’est plus.
L’accueil du public est mis en scène dans les grandes traditions du Théâtre du Soleil dans leur salle de répétitions, guirlande lumineuse portant le titre du spectacle, nous sommes accueillis au bar autour de leurs grandes tables rondes que les comédiens débarrassent en rythme au début du spectacle, les arbres de la forêt surgissent tout à coup du sol du plateau. Le texte est porteur des menaces qui vont surgir du nazisme qui monte “les femmes, elles n’ont pas d’âme, c’est juste de la viande (…) vous croyez que je les aime, moi les juifs (…) Papa dit qu’une femme indépendante, ça mène tout droit au bolchévisme…” !
Interprété par une douzaine de comédiens d’une vraie troupe, ce spectacle est un vrai régal.
Edith Rappoport
Jusqu’au 17 avril, à 20 h Cartoucherie 01 43 74 24 08, www.taftheatre.fr
La 8e édition du Festival Premiers pas aura lieu sous chapiteau à la Cartoucherie du 6 mai au 26 juin www.premiers-pas.fr, à ne pas manquer
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