Le 65 ème Festival d’Avignon est sur les rails..

Le 65 ème Festival d’Avignon est sur les rails…

 

    jv.jpgLa cérémonie rituelle qui rassemble une bonne partie de la profession a eu lieu cette année au Théâtre de la Cité Universitaire. Avec les deux directeurs: Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui sont à la tête de la prestigieuse institution depuis 2003,  après la mémorable annulation due au conflit des intermittents du spectacle-eh! Oui- déjà-. Ils ont vu leur mandat renouvelé  cette année  et , comme par le passé, ils ont  organisé le festival avec un ou deux artistes dits associés, cette année, c’est le chorégraphe Boris Charmatz, par ailleurs directeur du centre chorégraphique national  de Rennes auquel il a donné pour titre: Musée de la danse   Malgré une édition pas très réussie en 2005 qui partait un peu dans tous les sens, Hortense Archambault  et Vincent Baudriller  ont réussi à redresser la barre à temps et à donner une autre image du Festival qui  est désormais moins ancré sur  le théâtre/théâtre  et davantage sur la danse, la performance aux limites du dramatique et sur les arts plastiques.
Avec de vrais succès comme celui d’Angelica Liddell l’an passé ( voir Le Théâtre du Blog).Charmatz a un but  et l’a clairement exprimé: « rassembler en un seul mouvement  le patrimoine et le spectaculaire, la recherche et la création, l’éducation et la fête, l’ouverture à des artistes singuliers et le désir de faire œuvre collective ». Vincent  Baudriller a souligné qu’il a eu ce  même état d’esprit pour cette 65 ème édition. Ce qui , à vrai dire , ne mange pas tellement pas de pain… Quel  directeur de festival ne  souscrirait pas à ce désir d’unanimisme? Reste  à savoir comment procéder et les deux directeurs sont assez intelligents et perspicaces pour savoir qu’il n’y  a pas de recette miracle dans ce domaine. Le seul véritable casse-tête reste, et depuis bien  des  années ,
- mais les deux directeurs sont restés assez discrets là dessus- à savoir comment rajeunir le public du plus ancien et du plus célèbre festival de Théâtre du monde, avec , comme partout, un budget serré, ce qui signifie  coproductions obligatoires et salles bien remplies,  si l’on veut arriver à s’en sortir financièrement.  C’est un peu la quadrature du cercle…
D’autant plus que le festival off , beaucoup plus orienté sur le théâtre dramatique,a depuis longtemps fait preuve de son dynamisme et attire nettement plus les jeunes qui laissent sans beaucoup d’hésitation, et pas seulement pour des raisons  économiques, le  » in » à leurs parents et grands-parents…  Il y a cette année, et le choix de Boris Charmatz est significatif, un  virage encore plus net vers une programmation orientée vers la danse. Avec des événements et des noms reconnus: Anne Teresa de Keersmaker, avec une création au lever du jour et pendant quatre heures  dans la Cour d’Honneur,  mais aussi des pièces de Meg Stuart , de Rachid Ouramdane et,  bien sûr, de Boris Charmatz.
Côté théâtre, on sent ce même désir de concilier  classiques et thèmes historiques connus avec un souffle contemporain en faisant appel à  des metteurs en scène là aussi  très reconnus: un long  spectacle regroupant à la Carrière Boulbon qui est un peu l’Epidaure d’Avignon:  Antigone, Electre et Les Trachiniennes de Sophocle par  Wouajd Mouawad, qui a été régulièrement invité au Festival, Guy Cassiers avec un spectacle sur Gilles de Rais et Jeanne d’Arc. Et, en faisant quelques paris,comme celui d ‘Au moins  j’aurais laissé un beau cadavre, d’après dHamlet dans la Cour d’Honneur par Vincent Macaigne, jeune metteur en scène qui avait monté il y a deux ans à Chaillot,  Idiot d’après Dostoievski, en jouant sur  l’excès et en adoptant une mise en scène un peu facile et racoleuse à souhait : seaux de peinture jetés sur scène, rock dur  et  voix amplifiées jusqu’à la saturation quatre heures durant  (voir Le Théâtre du Blog) mais avec de jeunes et bons acteurs dont  Servane Ducorps, Thibault Lacroix et Pascal Réneric que l’on retrouvera ici.
Il y a aura aussi Arthur Nauziciel, directeur du C.D.N d’Orléans qui avait créé il y a deux ans  un Jules César de Shakespeare de belle facture et qui montera  un spectacle sur Jan Karski, héros du ghetto de Varsovie. Et, de nouveau,  la tout à fait remarquable metteuse en scène espagnole Angelica Liddell (voir encore Le Théâtre du Blog)  avec un spectacle d’elle:  Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme : un projet d’alphabétisation. Si c’est du même tonneau que son spectacle de l’an dernier, cela peut être tout à fait remarquable…
Côté grand public; il y aura, entre autres, Jeanne Moreau et Etienne Daho  qui chanteront  une seule fois (le 18 juillet) Le Condamné à mort de Jean Genet. Et Juliette Binoche et Nicolas Bouchaud dans une Mademoiselle Julie  de Strindberg mis en scène par Frédéric Fisbach.Les metteurs en scène allemands  de la Schaubühne Katie Mitchll ey Léo Warner présenteront aussi  Kristin, d’après Mademoiselle Julie.
Et Patrice Chéreau, qui n’était pas venu en Avignon depuis 88 avec  Hamlet ,  montera  Je suis le vent de Jon Fosse. Et Patrick Pineau  dirigera à la Carrière Boulbon la fameuse et brillante pièce de Nicolas Erdman Le Suicidé.
On fêtera aussi le quarantième anniversaire de Théâtre Ouvert que Lucien Attoun proposa à Jean Vilar.Nous ne pouvons  tout citer de ce festival prometteur où  plus nombreuses sont les têtes d’affiche et les professionnels reconnus depuis longtemps. que  les  jeunes pousses… Mais comment faire autrement en ces temps de crise?  Donc, pas trop de risques mais la quasi-certitude de quelques bons moments que Le Théâtre du Blog couvrira dans toute la mesure du possible.
Il est d’usage d’annoncer aussi à  cette conférence de presse l’artiste invité de l’année suivante: ce sera Simon Mac Burney, le directeur anglais du Théâtre de complicité.  Quant à l’avenir du Festival, il y a trop d’intérêts en jeu  à la fois nationaux et municipaux pour qu’il disparaisse mais le successeur de Vincent Baudriller et Hortense Archambault  sûrement le directeur d’un grand théâtre  devra  changer sûrement  de cap, et resserrer une programmation un peu tentaculaire et rendre le Festival plus accessible ; la danse  et les arts plastiques contemporains ne sont sans doute pas une panacée ( on l’a vu à Chaillot qui ne sort pas vraiment grandi de  la programmation de ces dernières années!)
Nous vous donnerons en avril, mai et juin quelques aperçus plus complets sur les metteurs en scène et chorégraphes invités au Festival.

 

Philippe du Vignal

 

Vous pouvez retrouver toutes les informations détaillées sur la programmation : www.festival-avignon.com


Archive pour 6 avril, 2011

Le 65 ème Festival d’Avignon est sur les rails..

Le 65 ème Festival d’Avignon est sur les rails…

 

    jv.jpgLa cérémonie rituelle qui rassemble une bonne partie de la profession a eu lieu cette année au Théâtre de la Cité Universitaire. Avec les deux directeurs: Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui sont à la tête de la prestigieuse institution depuis 2003,  après la mémorable annulation due au conflit des intermittents du spectacle-eh! Oui- déjà-. Ils ont vu leur mandat renouvelé  cette année  et , comme par le passé, ils ont  organisé le festival avec un ou deux artistes dits associés, cette année, c’est le chorégraphe Boris Charmatz, par ailleurs directeur du centre chorégraphique national  de Rennes auquel il a donné pour titre: Musée de la danse   Malgré une édition pas très réussie en 2005 qui partait un peu dans tous les sens, Hortense Archambault  et Vincent Baudriller  ont réussi à redresser la barre à temps et à donner une autre image du Festival qui  est désormais moins ancré sur  le théâtre/théâtre  et davantage sur la danse, la performance aux limites du dramatique et sur les arts plastiques.
Avec de vrais succès comme celui d’Angelica Liddell l’an passé ( voir Le Théâtre du Blog).Charmatz a un but  et l’a clairement exprimé: « rassembler en un seul mouvement  le patrimoine et le spectaculaire, la recherche et la création, l’éducation et la fête, l’ouverture à des artistes singuliers et le désir de faire œuvre collective ». Vincent  Baudriller a souligné qu’il a eu ce  même état d’esprit pour cette 65 ème édition. Ce qui , à vrai dire , ne mange pas tellement pas de pain… Quel  directeur de festival ne  souscrirait pas à ce désir d’unanimisme? Reste  à savoir comment procéder et les deux directeurs sont assez intelligents et perspicaces pour savoir qu’il n’y  a pas de recette miracle dans ce domaine. Le seul véritable casse-tête reste, et depuis bien  des  années ,
- mais les deux directeurs sont restés assez discrets là dessus- à savoir comment rajeunir le public du plus ancien et du plus célèbre festival de Théâtre du monde, avec , comme partout, un budget serré, ce qui signifie  coproductions obligatoires et salles bien remplies,  si l’on veut arriver à s’en sortir financièrement.  C’est un peu la quadrature du cercle…
D’autant plus que le festival off , beaucoup plus orienté sur le théâtre dramatique,a depuis longtemps fait preuve de son dynamisme et attire nettement plus les jeunes qui laissent sans beaucoup d’hésitation, et pas seulement pour des raisons  économiques, le  » in » à leurs parents et grands-parents…  Il y a cette année, et le choix de Boris Charmatz est significatif, un  virage encore plus net vers une programmation orientée vers la danse. Avec des événements et des noms reconnus: Anne Teresa de Keersmaker, avec une création au lever du jour et pendant quatre heures  dans la Cour d’Honneur,  mais aussi des pièces de Meg Stuart , de Rachid Ouramdane et,  bien sûr, de Boris Charmatz.
Côté théâtre, on sent ce même désir de concilier  classiques et thèmes historiques connus avec un souffle contemporain en faisant appel à  des metteurs en scène là aussi  très reconnus: un long  spectacle regroupant à la Carrière Boulbon qui est un peu l’Epidaure d’Avignon:  Antigone, Electre et Les Trachiniennes de Sophocle par  Wouajd Mouawad, qui a été régulièrement invité au Festival, Guy Cassiers avec un spectacle sur Gilles de Rais et Jeanne d’Arc. Et, en faisant quelques paris,comme celui d ‘Au moins  j’aurais laissé un beau cadavre, d’après dHamlet dans la Cour d’Honneur par Vincent Macaigne, jeune metteur en scène qui avait monté il y a deux ans à Chaillot,  Idiot d’après Dostoievski, en jouant sur  l’excès et en adoptant une mise en scène un peu facile et racoleuse à souhait : seaux de peinture jetés sur scène, rock dur  et  voix amplifiées jusqu’à la saturation quatre heures durant  (voir Le Théâtre du Blog) mais avec de jeunes et bons acteurs dont  Servane Ducorps, Thibault Lacroix et Pascal Réneric que l’on retrouvera ici.
Il y a aura aussi Arthur Nauziciel, directeur du C.D.N d’Orléans qui avait créé il y a deux ans  un Jules César de Shakespeare de belle facture et qui montera  un spectacle sur Jan Karski, héros du ghetto de Varsovie. Et, de nouveau,  la tout à fait remarquable metteuse en scène espagnole Angelica Liddell (voir encore Le Théâtre du Blog)  avec un spectacle d’elle:  Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme : un projet d’alphabétisation. Si c’est du même tonneau que son spectacle de l’an dernier, cela peut être tout à fait remarquable…
Côté grand public; il y aura, entre autres, Jeanne Moreau et Etienne Daho  qui chanteront  une seule fois (le 18 juillet) Le Condamné à mort de Jean Genet. Et Juliette Binoche et Nicolas Bouchaud dans une Mademoiselle Julie  de Strindberg mis en scène par Frédéric Fisbach.Les metteurs en scène allemands  de la Schaubühne Katie Mitchll ey Léo Warner présenteront aussi  Kristin, d’après Mademoiselle Julie.
Et Patrice Chéreau, qui n’était pas venu en Avignon depuis 88 avec  Hamlet ,  montera  Je suis le vent de Jon Fosse. Et Patrick Pineau  dirigera à la Carrière Boulbon la fameuse et brillante pièce de Nicolas Erdman Le Suicidé.
On fêtera aussi le quarantième anniversaire de Théâtre Ouvert que Lucien Attoun proposa à Jean Vilar.Nous ne pouvons  tout citer de ce festival prometteur où  plus nombreuses sont les têtes d’affiche et les professionnels reconnus depuis longtemps. que  les  jeunes pousses… Mais comment faire autrement en ces temps de crise?  Donc, pas trop de risques mais la quasi-certitude de quelques bons moments que Le Théâtre du Blog couvrira dans toute la mesure du possible.
Il est d’usage d’annoncer aussi à  cette conférence de presse l’artiste invité de l’année suivante: ce sera Simon Mac Burney, le directeur anglais du Théâtre de complicité.  Quant à l’avenir du Festival, il y a trop d’intérêts en jeu  à la fois nationaux et municipaux pour qu’il disparaisse mais le successeur de Vincent Baudriller et Hortense Archambault  sûrement le directeur d’un grand théâtre  devra  changer sûrement  de cap, et resserrer une programmation un peu tentaculaire et rendre le Festival plus accessible ; la danse  et les arts plastiques contemporains ne sont sans doute pas une panacée ( on l’a vu à Chaillot qui ne sort pas vraiment grandi de  la programmation de ces dernières années!)
Nous vous donnerons en avril, mai et juin quelques aperçus plus complets sur les metteurs en scène et chorégraphes invités au Festival.

 

Philippe du Vignal

 

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