Adieu Poupée
Adieu Poupée par la Cie Bal, interprétée par Jeanne Mordoj sur un texte de François Cervantès et une mise en scène de Julie Denisse
Jeanne Mordoj est une interprète bien connue des spectateurs de cirque de création, voire de ceux qui fréquentaient les festivals de rue il y a une bonne dizaine d’années.
Avec sa compagnie Bal, nous savons depuis le milieu des années 2000 que c’est aussi une formidable auteure, comme en témoigne L’ Éloge du Poil en 2007 ( voir le Théâtre du Blog) son avant-dernier spectacle.
Elle revient à La Villette avec créé, il y a une petite année, cet Adieu Poupée, avec toutes les promesses que les spectacle précédents.
Seule sur un plateau en forme de « L » autour duquel les gradins sont disposés, une scénographie aussi belle qu’étrange, voire inquiétante, présente un amas de poupées de chiffon, les murs sont jonchés de ces poupées de taille et de couleurs différentes et de plus grosses, tels des mannequins, sont suspendues, flottantes dans l’air.
Une femme seule, une femme-enfant ou un petit-bout-de-femme ? Qui sait ? Elle est en rupture. Elle semble vouloir se départir des oripeaux de l’enfance, sortir d’un univers enfantin (imaginaire ou bien réel, nous ne le saurons pas) pour rejoindre le monde des adultes que nous, membres du public, nous incarnons devant elle. C’est donc un spectacle sur la métamorphose d’une enfant en femme, sur la solitude aussi, qui nous est proposé, dans lequel jeux corporels (avec quelques clins d’œil à ses diverses spécialités circassiennes, guère davantage) et profération d’un texte théâtral se succèdent, avec un bel attachement à faire vivre une scénographie comme véritable objet plastique.
On retiendra la capacité de Jeanne Mordoj à habiter un personnage improbable, à la frontière entre l’étrange et le monstrueux. On saluera le travail plastique. Mais on oubliera sans doute un propos amené trop vite pour être crédible : on n’a pas le temps de comprendre son attachement au « monde d’avant » que la rupture est déjà achevée. Quant au texte, et c’est rare chez François Cervantès, il révèle une langue et un propos peu dignes d’intérêt: Jeanne Murdoj, sauf dans le monologue final, ne le porte pas à la hauteur de son jeu non-verbal.
Cette pièce assez courte mérite toutefois le détour pour la précision et l’étrangeté de son univers brossé et afin de découvrir ou de redécouvrir cette artiste déroutante, et indéniablement talentueuse.
Jérôme Robert
Du mer. 13 au sam. 16 avril à 19h - WIP Villette
Dans le cadre du Festival Hautes Tensions mené par le Parc de La VillettePour en savoir plus sur les modalités pratiques :http://www.villette.com/agenda/hautes-tensions-2011.htm