Le petit musée de la catastrophe
Le petit musée de la catastrophe, mise en scène Bruno Boussagol.
Pour le 25e anniversaire de la catastrophe nucléaire du réacteur n° 4 de Tchernobyl,correspondant à deux cent fois la bombe d’Hiroshima, la comédienne Véronique Boutroux nous fait visiter un petit musée, constitué de souvenirs qu’elle a rapportés d’Ukraine, dans la galerie du Lavoir Moderne Parisien.
Des photographies, la plupart d’habitants de la région, mais aussi quelques objets qui ont été exposés aux radiations. Une chaussure qui a foulé le sol de la place où « le césium bat à sept millions de coups par seconde », une bougie sur une tranche de pain, symbole d’un village évacué lors d’une cérémonie du souvenir, une icône représentant cette tragédie provoquée par l’ambition humaine et qui fige ensemble pour la première fois des morts et des vivants, des liquidateurs, ces hommes qui sont intervenus après l’accident, et qui sont vénérés dans l’oubli…
On voyage entre ces vestiges, suggestions d’un petit monde dévasté par l’invisible : « Ici la ténèbre brille mais nous ne la voyons pas ». Et, d’une voix douce, Véronique Boutroux nous entraîne dans les villages d’Ukraine, nous étourdit tout en poésie dans une cascade de chiffres plus inquiétants les uns que les autres:.mais malgré l’intimité favorisée par le cercle très restreint des spectateurs, impossible de croiser son regard, la comédienne, au visage triste, s’efface devant ces évocations.On partage un instant la vie de ces ukrainiens bercés pour si longtemps par le malheur, à l’image de Vassia, un liquidateur : » Ses mains signent et dansent, dit-elle, ce que nous n’avons pas vécu « .
L’ensemble, sinistre, prend un sens tout particulier à la lumière des catastrophes qui ont frappé le Japon…
Élise Blanc
Au Lavoir Moderne Parisien, jusqu’au 14 mai.