La Langue coupée en 2

 La Langue coupée en 2, écriture et mise en scène de Pierre Fourny.

Pierre Fourny,  il y a presque quelque trente ans déjà,  avait créé le groupe A.L.I.S. avec sa comparse Dominique Soria, où, grâce à d’ habiles détournements de morceaux d’affiches publicitaires-images et textes- il parvenait , avec l’aide de projections, à créer un univers poétique de grande qualité,  au croisement des arts plastiques, de la danse, et de la
alis1.jpg performance, et du théâtre.
Depuis 99, Pierre Fourny  s’est plutôt dirigé vers ce qu’il nomme  » La Poésie à  2 mi-mots » qui consiste à produire des couples, voire des groupes de mots dont chacun est constitué de la moitié supérieure ou inférieure d’un autre mot. Chaque lettre, coupée horizontalement par le milieu, comme il le démontre avec beaucoup de savoir-faire et de sensibilité, a exigé é
videmment de créer une police de caractères spécifique. Ce qui doit normalement permettre de combiner le bas et le haut de chaque lettre avec le maximum d’autres lettres de façon à créer un autre mot .  Vous suivez?
Et notre homme a même profité de l’informatique pour créer un logiciel capable de l’aider à fabriquer cette fameuse  « police coupable »,  à condition qu’elle soit écrite en caractères latins.  «   Le résultat, dit-il,  débouche sur des listes de mots qui doivent être analysées pour en extraire les pépites qu’elles contiennent : des associations poétiques, humoristiques, parfois saignantes, déplacées ou valorisantes. L’arbitraire de la forme des lettres par rapport aux sons qu’elles désignent déploie ainsi un potentiel jamais imaginé et inimaginable … Une sorte de réaction en chaîne dans un accélérateur de particules poétiques, aux effets certes limités à la matière verbale, donc pas totalement dénués d’une certaine puissance ».
Des mots se cachent dans les mots, sous les mots, ajoute-t-il avec un sourire amusé. C’est ce qu’il a expliqué en une sorte de vraie/fausse conférence dans le Foyer  du  Théâtre de l’Odéon. Seul sur un praticable,  avec juste un pupitre et un tableau de papier à feuilles tournantes pour argumenter sa démonstration; curieuse et belle coïncidence : à  sa gauche le portrait  en médaillon de Célimène et, à sa droite,  celui de Phèdre, deux dames qui, dans un genre différent,  n’ont pas la langue coupée en deux! Sur les fenêtres et sur les miroirs ,  une affichette prévient que  » La Direction  décline toute responsabilité quant à la teneur des propos de la conférence  à laquelle vous allez assister. » .Sans que l’on y croit plus que cette  allusion à Olivier Py qui pourrait de cette manière entraver la liberté d’expression….Pas grave…
Ensuite cette  » conférence »  commence donc  le plus sérieusement du monde par quelques explications à partir d’un beau schéma de  tête humaine avec fosses nasales, langue , lèvres, cordes vocales et des  38 signes phonétiques répertoriés, et Pierre Fourny remonte même au très fameux linéaire A crétois (1750-1450 av. J.C.) ; il explique cette vérité première souvent oubliée: pas de son
= pas d’écriture. Puis il se lance dans une démonstration assez délirante d’ empreintes de fers à  chevaux  dans la campagne de Fère-en-Tardenois ( autrefois fief de Paul Claudel),  où il a installé son atelier de production. Petite ville consacrée capitale mondiale de la Poésie à 2 mi-mots, dont la boîte à lettres de la mairie témoigne de cette consécration : le mot LETTRES  quand on soulève  le clapet supérieur  devient ECRITES…. Pas mal!
Puis on entre dans la phase de démonstration avec quelques exemples de cette construction verbale avec les mots: vase  de Soissons : vase coupé en deux = urne ,et Soissons coupé en deux= salopard, soit  urne de salopard. Autre exemple: coca-cola permet la création de trois mots :canabis, assassin, paranoïa ,ou encore Total qui donne , toujours par le même procédé : fioul, tueur, fécal.  Sans commentaires. Le tout est montré avec schémas en carton noir que Fourny  fait habilement glisser sur la table de démonstration. C’est aussi brillant, qu’intelligent  et drôle, et l’heure passe très vite, d’autant  plus que Pierre Fourny, avec une diction parfaite et beaucoup de sérénité ,ne perd pas une occasion de glisser quelques réflexions sur le langage et avoue à la fin que ses année universitaires où il avait commencé par étudier le  chinois littéraire l’ont sans doute bien aidé à s’intéresser aux mécanismes de la phonétique et du langage écrit.
Il finit par un bref récit de ses démêlés avec l’Institut National de le Protection Industrielle qui lui a refusé l’an passé ( Voir le Théâtre du Blog) d’homologuer la marque « La Police coupable » au motif que cette homologation   serait susceptible de « porter atteinte à l’ordre  public et aux bonnes mœurs ».  Surréaliste!
Si ce petit/grand spectacle passe du côté de chez vous, ne le ratez surtout pas.

 

Philippe du Vignal

 

Spectacle vu le 22 mars au Théâtre de l’Odéon. En tournée: www.alis-fr.com


Archive pour avril, 2011

Le 65 ème Festival d’Avignon est sur les rails..

Le 65 ème Festival d’Avignon est sur les rails…

 

    jv.jpgLa cérémonie rituelle qui rassemble une bonne partie de la profession a eu lieu cette année au Théâtre de la Cité Universitaire. Avec les deux directeurs: Hortense Archambault et Vincent Baudriller qui sont à la tête de la prestigieuse institution depuis 2003,  après la mémorable annulation due au conflit des intermittents du spectacle-eh! Oui- déjà-. Ils ont vu leur mandat renouvelé  cette année  et , comme par le passé, ils ont  organisé le festival avec un ou deux artistes dits associés, cette année, c’est le chorégraphe Boris Charmatz, par ailleurs directeur du centre chorégraphique national  de Rennes auquel il a donné pour titre: Musée de la danse   Malgré une édition pas très réussie en 2005 qui partait un peu dans tous les sens, Hortense Archambault  et Vincent Baudriller  ont réussi à redresser la barre à temps et à donner une autre image du Festival qui  est désormais moins ancré sur  le théâtre/théâtre  et davantage sur la danse, la performance aux limites du dramatique et sur les arts plastiques.
Avec de vrais succès comme celui d’Angelica Liddell l’an passé ( voir Le Théâtre du Blog).Charmatz a un but  et l’a clairement exprimé: « rassembler en un seul mouvement  le patrimoine et le spectaculaire, la recherche et la création, l’éducation et la fête, l’ouverture à des artistes singuliers et le désir de faire œuvre collective ». Vincent  Baudriller a souligné qu’il a eu ce  même état d’esprit pour cette 65 ème édition. Ce qui , à vrai dire , ne mange pas tellement pas de pain… Quel  directeur de festival ne  souscrirait pas à ce désir d’unanimisme? Reste  à savoir comment procéder et les deux directeurs sont assez intelligents et perspicaces pour savoir qu’il n’y  a pas de recette miracle dans ce domaine. Le seul véritable casse-tête reste, et depuis bien  des  années ,
- mais les deux directeurs sont restés assez discrets là dessus- à savoir comment rajeunir le public du plus ancien et du plus célèbre festival de Théâtre du monde, avec , comme partout, un budget serré, ce qui signifie  coproductions obligatoires et salles bien remplies,  si l’on veut arriver à s’en sortir financièrement.  C’est un peu la quadrature du cercle…
D’autant plus que le festival off , beaucoup plus orienté sur le théâtre dramatique,a depuis longtemps fait preuve de son dynamisme et attire nettement plus les jeunes qui laissent sans beaucoup d’hésitation, et pas seulement pour des raisons  économiques, le  » in » à leurs parents et grands-parents…  Il y a cette année, et le choix de Boris Charmatz est significatif, un  virage encore plus net vers une programmation orientée vers la danse. Avec des événements et des noms reconnus: Anne Teresa de Keersmaker, avec une création au lever du jour et pendant quatre heures  dans la Cour d’Honneur,  mais aussi des pièces de Meg Stuart , de Rachid Ouramdane et,  bien sûr, de Boris Charmatz.
Côté théâtre, on sent ce même désir de concilier  classiques et thèmes historiques connus avec un souffle contemporain en faisant appel à  des metteurs en scène là aussi  très reconnus: un long  spectacle regroupant à la Carrière Boulbon qui est un peu l’Epidaure d’Avignon:  Antigone, Electre et Les Trachiniennes de Sophocle par  Wouajd Mouawad, qui a été régulièrement invité au Festival, Guy Cassiers avec un spectacle sur Gilles de Rais et Jeanne d’Arc. Et, en faisant quelques paris,comme celui d ‘Au moins  j’aurais laissé un beau cadavre, d’après dHamlet dans la Cour d’Honneur par Vincent Macaigne, jeune metteur en scène qui avait monté il y a deux ans à Chaillot,  Idiot d’après Dostoievski, en jouant sur  l’excès et en adoptant une mise en scène un peu facile et racoleuse à souhait : seaux de peinture jetés sur scène, rock dur  et  voix amplifiées jusqu’à la saturation quatre heures durant  (voir Le Théâtre du Blog) mais avec de jeunes et bons acteurs dont  Servane Ducorps, Thibault Lacroix et Pascal Réneric que l’on retrouvera ici.
Il y a aura aussi Arthur Nauziciel, directeur du C.D.N d’Orléans qui avait créé il y a deux ans  un Jules César de Shakespeare de belle facture et qui montera  un spectacle sur Jan Karski, héros du ghetto de Varsovie. Et, de nouveau,  la tout à fait remarquable metteuse en scène espagnole Angelica Liddell (voir encore Le Théâtre du Blog)  avec un spectacle d’elle:  Maudit soit l’homme qui se confie en l’homme : un projet d’alphabétisation. Si c’est du même tonneau que son spectacle de l’an dernier, cela peut être tout à fait remarquable…
Côté grand public; il y aura, entre autres, Jeanne Moreau et Etienne Daho  qui chanteront  une seule fois (le 18 juillet) Le Condamné à mort de Jean Genet. Et Juliette Binoche et Nicolas Bouchaud dans une Mademoiselle Julie  de Strindberg mis en scène par Frédéric Fisbach.Les metteurs en scène allemands  de la Schaubühne Katie Mitchll ey Léo Warner présenteront aussi  Kristin, d’après Mademoiselle Julie.
Et Patrice Chéreau, qui n’était pas venu en Avignon depuis 88 avec  Hamlet ,  montera  Je suis le vent de Jon Fosse. Et Patrick Pineau  dirigera à la Carrière Boulbon la fameuse et brillante pièce de Nicolas Erdman Le Suicidé.
On fêtera aussi le quarantième anniversaire de Théâtre Ouvert que Lucien Attoun proposa à Jean Vilar.Nous ne pouvons  tout citer de ce festival prometteur où  plus nombreuses sont les têtes d’affiche et les professionnels reconnus depuis longtemps. que  les  jeunes pousses… Mais comment faire autrement en ces temps de crise?  Donc, pas trop de risques mais la quasi-certitude de quelques bons moments que Le Théâtre du Blog couvrira dans toute la mesure du possible.
Il est d’usage d’annoncer aussi à  cette conférence de presse l’artiste invité de l’année suivante: ce sera Simon Mac Burney, le directeur anglais du Théâtre de complicité.  Quant à l’avenir du Festival, il y a trop d’intérêts en jeu  à la fois nationaux et municipaux pour qu’il disparaisse mais le successeur de Vincent Baudriller et Hortense Archambault  sûrement le directeur d’un grand théâtre  devra  changer sûrement  de cap, et resserrer une programmation un peu tentaculaire et rendre le Festival plus accessible ; la danse  et les arts plastiques contemporains ne sont sans doute pas une panacée ( on l’a vu à Chaillot qui ne sort pas vraiment grandi de  la programmation de ces dernières années!)
Nous vous donnerons en avril, mai et juin quelques aperçus plus complets sur les metteurs en scène et chorégraphes invités au Festival.

 

Philippe du Vignal

 

Vous pouvez retrouver toutes les informations détaillées sur la programmation : www.festival-avignon.com

Prometheus Landscape II concept

Prometheus Landscape II concept, mise en scène et  scénographie de Jan Fabre. (en anglais surtitré).

    gtv11fabre01.jpgUne fois de plus, Jan Fabre aurait pu entretenir des discours polémiques sur  sa dernière création , d’autant qu’il y a un bref salut nazi au début .
Artiste provocateur, il a été invité régulièrement depuis 1990 au Théâtre de la Ville.   Cette fois, il adapte à sa façon le Prométhée d’Eschyle qui  raconte l’histoire de Prométhée volant le feu aux dieux pour le donner aux hommes et qui fut condamné à être enchaîné sur le mont Caucase, le foie dévoré par un aigle pour l’éternité.
Le spectacle a  déjà été joué en Europe et aux Etats Unis,  mais Jan Fabre semble avoir perdu de sa virulence…  Ce Prometheus landscape II concept débute, non sans humour, par une annonce rappelant aux spectateurs les consignes de sécurité en cas d’évacuation urgente: le feu comme les haches, seaux de sables et extincteurs pour le maîtriser  sont des éléments récurrents de cette scénographie. «  Où sont nos héros,… , nous voulons des héros » cette sentence de Jan Fabre est répétée une dizaine de fois avant que les dix danseurs/performeurs n’envahissent la scène.  Dont le centre est dominé en permanence dans une belle esthétique par un Prométhée ligoté et suspendu sur un fond où est projeté  le soleil ou  la lune. Mais il faudra attendre soixante quinze minutes avant  l’apparition  de mouvements de danse.  Auparavant, on assiste à un catalogue illustré de petites perversions sexuelles régulièrement éteintes par des projections de sables ou des jets d’extincteurs commandés par des personnages en habits religieux  hébraïques.
L’esthétique du spectacle est évidente, et Jan Fabre  démontre (non sans prétention !) son savoir-faire de la scène. Ces simulacres de violence ou de sexe sont bien joués et rôdés comme des jeux du cirque moderne, mais il  manque une véritable  émotion et une touche d’humour qui aurait  donné une autre dimension au spectacle….

Jean Couturier

Au Théâtre de la ville jusqu’au 8 avril, et  le 18 et 19 mai au CNDC d‘Angers

La Maison, d’après La Vie matérielle

La Maison, d’après La Vie matérielle, de Marguerite Duras, mise en scène Jeanne Champagne

  D’un bon pa60780.jpgs, au fil des résidences, Jeanne Champagne (artiste associée à la Scène nationale de Châteauroux) poursuit son chemin durassien, et construit sa trilogie intime avec L’Eden cinéma Écrire et La Maison.
Cette Maison est construite , si-on-peut-dire, à partir d’un chapitre de La Vie matérielle, dont Margurite Duras précise qu’il ne s’agit ni d’un roman, ni d’un journal, ni d’un essai, mais d’un « livre de lecture », à partir aussi  d’autres textes, intimes, d’autres bouts d’écriture comme des recettes de cuisine.
C’est qu’il s’ agit bien de cela : comment une auteure intimidante, au point que quelques facétieux inventent sa marionnette en Marguerite Duraille, parle (à Jerôme Beaujour, et, du coup, à nous) et écrit de la « vie matérielle ». Ici, M.D., comme elle se nomme parfois, s’installe sans complexes dans le féminin, le foyer, la maison, sans idée de parité mais assurément en toute liberté et égalité, assise fermement sur la différence et la séparation des sexes. « La maison, c’est la maison de famille, c’est pour y mettre les enfants et les hommes », phrase inaugurale du texte.
(voir l’article de Philippe du Vignal l’automne dernier dans le Théâtre du Blog).
Tania Torrens, comédienne fidèle à Jeanne Champagne, commence à préparer une soupe, car s’il n’y a pas de soupe « il n’y a rien », et , partout où elle a joué avant d’arriver au Lucernaire, le public mangeait la soupe après le spectacle, la pure et authentique soupe de légumes;  attablée à préparer une soupe, donc, elle va droit au texte, comme elle va droit à sa tâche. Passent alors le sérieux de M.D. dans ses observations : par exemple , elle  ne connaît aucun homme qui ait lu Une chambre à soi , les bonheurs matériels à faire la cuisine l’après-midi, quand les invités, les autres, sont allés se promener ou faire la sieste, mais aussi sa tendresse, son orgueil de matriarche et sa modestie de ménagère. Il y a chez elle l’idée que sa maison, c’est soi-même, et qu’il y a une métaphysique de l’intérieur.
Et ce texte spécial, si physique n’est pas si étranger que cela aux autres textes de M.D.:on y trouve le même souci d’exactitude, et, sous une autre forme, le même rapport au corps. On en vient à se dire, à l’inverse, qu’il existe une écriture des gestes féminins à la maison bien intéressante elle aussi. On sourit, on a passé un moment ensemble, comme dit M.D. dans sa préface. Mais ce moment a été trop court.

Christine Friedel

Au Lucernaire 18h30 01 45 44 57 34, jusqu’au 21 mai -

MON POUCHKINE

MON POUCHKINE  de Marina Tsvetaïeva, mise en scène de Guy Freixe.

Serco Aghian, dynamique animateur du Comité d’entreprise Renault, organise depuis dix ans un festival de printemps dédié cette année aux femmes, Femmes d’ici, femmes d’ailleurs. Guy Freixe présente ce bel hommage à Marina Tsvetaieva, grande poétesse qui a brûlé sa vie dans de somptueux poèmes au cœur de la révolution russe et achevé d’insupportables douleurs en se donnant la mort en 1941, après l’exécution de son mari Serge Efron, et la déportation de sa fille. Celle-ci a rassemblé les textes des Carnets de Marina, épaisse et passionnante plongée dans une vie fulgurante et amère qu’il faut lire.
Antonia Bosco, vêtue de noir, clame l’amour de Marina pour Pouchkine découvert dès l’ enfance dans une bourgeoisie aisée avant la révolution, sa statue, son opéra Eugène Onéguine, ses poèmes, ses souffrances qui lui permettent de transcender les siennes. Le piano fait résonner un verbe ciselé dont elle fait monter la passion contenue.
Un grand moment qui fait monter les larmes des spectateurs dans cette petite salle du CE, nous ne sommes qu’une vingtaine retenus par l’émotion, nous mettons plusieurs minutes avant de pouvoir sortir de la salle.

Edith Rappoport

C.E. de Renault, Villiers Saint Frédér

 

Le chercheur de traces

Le chercheur de traces, d’Imre Kertész, mise en scène Bernard Blochphotosderepetitions4danaucante.jpg

Difficile travail de la mémoire, perdue dans la célébration, la commémoration. Cet homme, « l’envoyé » revient sur les lieux d’un « indicible crime », à l’occasion d’un colloque. Sa mission : retrouver le chemin du passé, retrouver les preuves. Mission impossible : il se heurte à la culpabilité aimablement négationniste de son hôte, qui dit sans cesse « oui » et dont l’inconscient répond plus fort – non, non ! impossible de se rendre sur les lieux -. Il se heurte aux lieux mêmes, quand il finit par y parvenir, qui n’ont gardé du camp qu’herbes folles et fil de fer rouillé un portail construit pour le cinéma. Il se heurte aux saisons, à la tendresse compréhensive et étrangère de sa femme… Il se heurte aux retards de trains, aux accidents de voiture – toujours l’inconscient, le lapsus des gestes et des objets -, et pourtant il y va.
Ce qu’il trouve, c’est la vérité de l’auteur : on ne peut éviter de se perdre dans le vertige du trou de mémoire, et la force du passé est précisément de ne pas laisser les traces qu’on attend de lui, et la mémoire est faite de cette absence. Et Kertész   nous  dit  qu’il faut faire du témoignage œuvre d’écriture, de fiction, pour qu’enfin naisse la vérité.
« L’envoyé » se perd dans sa propre douleur, en infraction avec le présent ; les lieux vides ne lui disent rien et lui disent tout : cela a été. Ce sera le socle de son écriture et de sa vie.
Bernard Bloch signe une adaptation et une mise en scène de haute précision. Il a tiré de la nouvelle de Kertész, qui garde une part de récit (pris en charge impeccablement par Xavier Béja) une tragédie de l’espoir.
Ce « chœur », donc, dans l’orchestra, est relayé par des scènes et par des images filmées. La présence simultanée et parfaitement distincte des différents éléments du jeu – récit, jeu dramatique, film, son – est précisément ce qui donne son unité au spectacle. Cela semble paradoxal, et pourtant c’est ainsi : chaque élément, à sa place, à son moment, prend en charge les rencontres (sa femme, remarquable Evelyne Pelletier, et son hôte ambigu, Jacques Pieiller) et le chemin obstiné de l’  »envoyé  » (Philippe Dormoy, parfait sur scène et à l’écran) jusqu’à l’acte final de l’écriture.
Il fallait à Bernard Bloch une conscience profonde et claire de cette problématique de la mémoire pour la traiter avec une pareille maîtrise et une si éclatante simplicité. Il peut tout s’autoriser, jusqu’au jeu enfantin de l’auto, conduite en faisant « broum-broum » : on sourit, et loin de distraire du propos, ce sourire nous fait entre dans le trouble, dans l’angoisse des personnages.   C’est très fort, et ça vous marque longtemps.

Christine Friedel

 

Le spectacle a été créé en février 2011 au Centre Dramatique national  de Dijon et est jusqu’au 9 avril au Théâtre Berthelot à Montreuil (93), 01 41 72 10 35
En tournée en automne 2011 (Saint-Quentin-en-Yvelines, Mulhouse, Colmar…)

LÉGENDES DE LA FORÊT VIENNOISE

LÉGENDES DE LA FORÊT VIENNOISE ,pièce populaire en trois  parties d’Odon Von Horvarth, mise en scène Alexandre Zloto, traduction de Heinz Schwartzinger
Odon von Horvarth, dramaturge hongrois de langue allemande, né au début du siècle a écrit de grandes œuvres, Sladek, soldat de l’armée noire, Casimir et Caroline et Les légendes de la forêt viennoise entre 1927 et 1932. Cette  pièce lui vaudra le prix Kleist; il publiera aussi Un fils de notre temps, mais  frappé d’exil par les nazis, il sera victime d’une branche tombée d’un arbre à la suite d’une tornade sur les Champs-Élysées à Paris en 1938. Depuis quelques années l’ensemble de son œuvre connaît une nouvelle vie grâce aux traductions de Heinz Schwartzinger et à des mises en scène contemporaines , comme celles d’André Engel, Sylvain Maurice et Jacques Osinski.
Alexandre Zloto qui anime avec passion les Premiers pas des Enfants de troupe engendrés sous la houlette d’Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes depuis huit ans, présente une version dynamique de cette œuvre phare, révélatrice des déviances d’une époque lourde de menaces. Marianne, jeune fille charmante qui aide son père devenu veuf à tenir une boutique de jouets, est demandée en mariage par son voisin, Oscar, un riche boucher. Son père, ravi de l’aubaine décide aussitôt de fiancer sa fille et de conclure les noces au plus vite. Mais, au cours de la cérémonie des fiançailles, Marianne tombe dans les bras d’Alfred, parieur aux courses insouciant qui vient de quitter Valérie, buraliste un peu mûre portée sur la gaudriole. Marianne et Alfred sont réduits à la misère dans une chambre sordide avec un enfant sur les bras, le bébé est confié à la grand-mère à la campagne, mais la féroce arrière-grand-mère qui ne supporte pas le déshonneur d’une naissance hors mariage, le laisse mourir de froid.
Oscar le riche boucher qui aime toujours sa promise, accepte de l’épouser pour la sortir des griffes d’un cabaret où elle doit gagner sa vie. Au moment de la grande réconciliation familiale, toute la famille venant chercher le petit Léopold à la campagne doit se rendre à l’évidence, tout est bien qui finit bien, l’honneur est sauf puisque l’enfant du péché n’est plus.
L’accueil du public est mis en scène dans les grandes traditions du Théâtre du Soleil dans leur salle de répétitions, guirlande lumineuse portant le titre du spectacle, nous sommes accueillis au bar autour de leurs grandes tables rondes que les comédiens débarrassent en rythme au début du spectacle, les arbres de la forêt surgissent tout à coup du sol du plateau. Le texte est porteur des menaces qui vont surgir du nazisme qui monte “les femmes, elles n’ont pas d’âme, c’est juste de la viande (…) vous croyez que je les aime, moi les juifs (…) Papa dit qu’une femme indépendante, ça mène tout droit au bolchévisme…” !
Interprété par une douzaine de comédiens d’une vraie troupe, ce spectacle est un vrai régal.

Edith Rappoport

Jusqu’au 17 avril, à 20 h Cartoucherie 01 43 74 24 08, www.taftheatre.fr

La 8e édition du Festival Premiers pas aura lieu sous chapiteau à la Cartoucherie du 6 mai au 26 juin www.premiers-pas.fr, à ne pas manquer

http://www.dailymotion.com/video/xhsdqk

SAMANTHA À KINSHASA

SAMANTHA À KINSHASA , de Marie-Louise Bibish Mumbu, conception et mise en scène par Catherine Boskowitz, conception musicale et interprétation Alvie Bitemo et Benoist Bouvot

 

“Je ne demande pas au spectateur de comprendre quelque chose de Kinshasa, mais de jouer avec nous au théâtre qui raconte l’histoire d’une femme qui raconte une ville qui elle-même raconte quelque chose de notre monde” écrit Catherine Boskowitz grande arpenteuse et amoureuse de l’Afrique.
Elle a mis en scène ce texte brûlant de vie de Marie-Louise Bibish Mumbu, autrefois journaliste rencontrée lors d’un premier voyage à Kinshasa (pour la découverte de l’étonnante Halle de la Gombé animée alors par Jean-Michel Champault et le festival de l’acteur à l’Écurie Maloba en 2002).
Samantha/Bibish aime sa ville, sa folie, ses enfants des rues, sa vitalité, sa misère, sa richesse, sa démesure, mais elle rêve de la quitter, elle la quitte, elle en souffre. Alvie Bitemo chanteuse et comédienne, seule en scène aux côtés de Benoist Bouvot, technicien coiffé d’un casque assis à sa table, nous fait partager cet “exil de plus en plus long depuis que l’Europe s’amuse au Shengen”, elle s’invente “un pays sans frontières et sans viol pour une black vivant au black dans le monde de ses rêves, 15 m2”.
Belle, ironique, parfois déchaînée, elle joue, elle chante et nous fait partager ses passions : “la politique et l’homme de la rue, ce sont mes maîtres”…

Edith Rappoport

Tarmac de la Villette Jusqu’au 9 avril, du mardi au vendredi à 20 h, samedi à 16 h 01 40 35 93 95

 

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Le Conte d’hiver

Le Conte d’hiver de Shakespeare, mise en scène de Lilo Baur.

 

Lilo Baur impose au Théâtre des Abbesses un univers fantasque et fascinant qui rend fugitif l’espace, à l’image du temps dans l’œuvre de Shakespeare.

20100120lecontedhiver.jpgC’est Mamilius, le fils de Leontes, qui nous expose le conte : son père, le roi de Sicile, soupçonne sa femme de le tromper avec Polixenes, roi de Bohème, au point que, pris dans la spirale infernale de ses présomptions, il en vient à provoquer la mort de sa femme et de son fils, et à exposer sa fille tout juste née aux bêtes sauvages, avant que la culpabilité ne commence à le ronger. Commence alors, sous la bénédiction de Mr le Temps, la deuxième partie de la pièce, où voit fleurir cette jeune fille recueillie par des bergers, qui retourne presque par hasard sur ses propres terres en compagnie d’un fiancé qui n’est autre que le fils de Polixenes… Retrouvailles, réconciliations et réapparitions clôturent l’histoire.
Loin de donner l’illusion d’un lieu, la mise en scène et la scénographie s’appliquent à articuler des fulgurances. Lilo Baur joue les impressionnistes et fait se succéder des tableaux aux tons variés.. Dans la première partie, c’est un jeu savamment comique de paravents qui glissent sur le sol comme par enchantement et recréent l’espace à chaque instant. Tour à tour dévoilant et dissimulant, ils rendent palpables les suspicions, cette sourde agitation qui trouble l’esprit de Leontes avant d’envahir le palais sous ses ordres. La deuxième partie chante ensuite la Bohème, pays de bergers, de fêtes et de traditions, où paissent paisiblement des comédiens recouverts de peaux. Les fantaisies s’enchaînent donc, peut-être un peu trop d’ailleurs, et sans que le sens ou le rapport avec le texte soit toujours très clair…
L’euphorie retombe surtout pour le final, un peu sentencieux et trop attendu pour être dégusté. Malgré tout, on se laisse séduire par cet univers plein de surprises et de légèreté au milieu duquel se joue un drame, paraît-il. Car au fond c’est bien d’un jeu qu’il s’agit, un jeu théâtral et nourri d’artifices : les acteurs enchaînent les rôles, avec quelques accessoires qui changent de fonction . Le spectateur attentif remarque ainsi que le panier du bébé sera tour à tour panier, bassin sacré rempli d’eau bénite pour finir par servir de socle à la statue.
Outre l’effet d’une certaine approximation artificielle (c’est à dire artistique), cela fait également écho au sens même du texte, qui n’est jamais perçu par les personnages, malgré la récurrence des signes. La versatilité des comédiens aussi fait sens : ce n’est pas un hasard si Kostas Philippoglou joue à la fois Leontes, le père biologique de Perdita (Gaia Termopoli) et le berger qui sera son père adoptif : le ridicule et le grotesque sont ceux d’un tyran. Pascal Dujour subit doublement sa haine, sous les traits de Polixenes et d’Antigonus, tandis que Gabriel Chamé Buendia joue les fils (Mamilius et le clown qui sert de fils au berger) et enchaîne avec talent les scènes de pantomimes. Un autre qui triomphe de dérision, c’est Mich Ochowiak dans le rôle savoureux d’Autolycus. Pour Marie Payen, elle réussit le contraste entre la patiente Hermione et une bergère frivole. Ludovic Chazaud joue les conseillers et les amoureux (il est dans la deuxième partie Florizel, le fils de Polyxenes). Mention spéciale à Hélène Cattin, qui nous inonde de son énergie en Paulina puis en bergère, et à Ximo Solano, redoutable de justesse et de précision dans le rôle de Camillo.
Quelques bémols cependant : l’intensité sonore n’est pas toujours au rendez vous et le jeu des accents, s’il donne à chaque parti sa couleur, n’aide pas à rendre le texte audible. Cela pèse un peu à force, et souligne quelques longueurs… Au final, un spectacle qui fourmille (trop ?) d’idées et nous entraîne dans le merveilleux du conte.

 Élise Blanc

Théâtre des Abbesses  jusqu’au 10 avril 

 

 

 

 

 

Elf, la pompe Afrique

Elf, la pompe Afrique de  et par Nicolas Lambert.

     Le fameux procès Elf (17 marviewmultimediadocument.jpgs / 9 juillet 2003 11ème chambre du Tribunal correctionnel de Paris présidé par Michel Desplan) avait fait suite à l’instruction de la juge Eva Joly depuis 94 ( eh,oui! presque 20 ans) à propos  des subventions accordées au groupe textile Biedermman, puis aux magouilles de la société Elf. Cette instruction avait été menée avec la juge Laurence Vichnievsky, puis par Renaud van Ruymbeke.
  Rappelons les faits qui, pour les plus jeunes de nos lecteurs, doivent sembler appartenir au Moyen-Age! Et parfois assez compliqués à démêler. Donc, dans ce procès Elf, on va essayer de comprendre comment ont pu se produire, au sein de cette très puissante multi-nationale pétrolière, des abus de biens sociaux, l’ouverture de  comptes offshore, des  « aides » à un certain nombre de présidents africains, et, bien entendu,des  financements de  partis politiques français et… autres enrichissements personnels.   Avec, en vedette, trente sept prévenus dont les  principaux: Loïch Le Floch Prigent, P.DG. de Rhône-Poulenc, puis surtout d’Elf de 89 à 93, puis de G.D.F., et encore  de la S.N.C.F. , qui avait été renvoyé en prison en 2010 pour manquement à l’obligation d’indemniser la partie adverse. Il y a aussi  André Tarallo qui occupait chez Elf le poste capital de Directeur des Affaires générales et très copain avec Omar Bongo, le Président du Gabon, ou Denis Sassou N’Gessou , celui du Congo.
André Guelfi, créateur des bateaux-usines ( d’où son surnom Dédé la sardine), puis magnat de l’immobilier (propriétaire de plus 130 immeubles!) est, chez Elf, un intermédiaire rémunéré pour obtenir des contrats juteux un peu partout , en particulier avec les Russes. Et le dernier de cette  bande qui peut faire penser aux Pieds Nickelés, et non des moindres, c’est  Alfred Sirven, aujourd’hui décédé, vice- président d’Elf,  qui gère les relations sociales et arrose les syndicats.
Mais il a aussi un  pouvoir considérable  et des réseaux d’influences en Afrique, donc en concurrence avec Tarallo… Et  titulaire de 300 comptes bancaires la plupart en Suisse dont le Président a bien du mal à savoir à qui ils appartiennent et surtout à qui ils profitent… Bref, que du beau monde…

  Nicolas Lambert reprend le spectacle qu’il avait créé en 2005, et c’est un vrai régal; on se demande comment ce procès synthétisé en  presque deux heures trente avec quelques intermèdes chantés peut passer aussi vite. Nicolas Lambert avait assisté à toutes les audiences en se faisant passer pour un journaliste et  il en avait  relevé les dialogues entre le Président et chacun des prévenus . il a su avec beaucoup d’habileté   condenser l’essentiel de ces quatre mois d’audience de façon à nous en donner une idée la plus juste possible du procès  malgré la grande complexité du dossier.
    La justice a souvent été proche du théâtre et combien de pièces ont été tirées de procès! Mais exceptionnel: il y a ici un seul comédien en scène, et quel comédien! Derrière un pupitre, en l’occurrence un gros bidon bleu marqué Elf, Nicolas Lambert  joue tous les rôles avec une technique et une habileté de  premier ordre; d’abord, celui du Président Desplan, au regard foudroyant et aux répliques cinglantes, cherchant à démêler le vrai du faux avec une vigilance de tous les instants.
Attentif aux mots employés quand il s’agit d’évoquer la caisse noire d’Elf, que les prévenus voudraient bien appeler d’un autre nom, attentif aussi aux vrais comme aux faux mensonges, traquant sans pitié les confusions d’intérêt dans  cette affaire de détournements de fonds dans une très importante société française, au bénéfice de quelques-uns.

Avec une drôlerie très  acidulée quand même, le Président  cite le noms des comptes bancaires suisses: Tomate, Langouste, Minéral… (sic) Tarallo bavasse à n’en plus finir pour essayer d’esquiver la vérité et il faut toute la ténacité du Président pour contrer ses petites stratégies minables.
Guelfi fait semblant de n’être qu’un petit intermédiaire, mais Sirven est sans doute le plus inquiétant, le, plus machiavélique et laisse tomber quelques phrases menaçantes d’un maître-chanteur rompu à ce genres d’affaires, du genre: « Laissez tomber sinon je vais me mettre vraiment à parler et beaucoup de politiques français vont être éclaboussés. Quant à Loïch Le Floch-Prigent, cynique et suffisant, il sait se montrer d’une mauvaise foi patente, et  même quand il joue les repentis, reste méprisant envers une Justice qu’il croyait aux ordres.

   Les dialogues sont tout à fait authentiques et il faut parfois se pincer pour croire que ces dirigeants importants, avec décorations dont la Légion d’Honneur, aient cette arrogance et cet esprit de clan. L’on se dit parfois  qu’il doit y avoir d’autres affaires aussi incroyables  mais tapies dans l’ombre qui sévissent actuellement. C’est aussi drôle qu’amer et ces messieurs ont tous des phrases incroyables:  » Ce n’est pas moi qui ai le goût du luxe, c’est ma femme ».  » Pour des raisons africaines, j’étais aussi le conseil du Président Bongo » dit Tarallo.  » Ce qu’Eva Joly appelait la corruption, je l’appelle moi un travail ». Et toujours prêts à brouiller les pistes et à se rejeter les responsabilités.
  Nicolas Lambert a eu raison d’assumer tous les rôles; il faut le voir singeant Tarallo à la barre, ou mimant Le Floch-Prigent. C’est vraiment du grand art digne de la meilleure commedia dell’arte. A la fin, Nicolas Lambert quitte son rôle de Président quelques minutes pour constater , comme n’importe quel spectateur, l’étendue des dégâts, tant il est vrai que cette affaire comme il le dit, aurait pu faire sauter vingt fois la République. Comment un petit malfrat de banlieue pourrait-il en effet supporter cette injustice judiciaire?  Avec souvent de lourdes peines souvent pour un petit délit, et par ailleurs quelques années de détention et des amendes  pour ces gigantesques  détournements de fond.
  On repense à ce court spectacle de tribunal joué autrefois dans la rue  par les comédiens du Théâtre du Soleil  avec cette phrase qui disait déjà tout: « Qui vole un œuf, va en prison et qui vole des millions,n va au Palais-Bourbon ». Ne soyons pas dupes, cela existe dans toutes les démocraties mais la douce France est  quand même douée: tous les gouvernements  ont eu leur lot de scandales mais celui-ci, par le nombre et l’importance de ceux qui y ont trempé, a quelque chose d’inimitable quand il est mis en scène avec un art de l’acteur aussi  exceptionnel.
  Certes le temps a passé, mais pas tant que cela, et  reste, grâce à la magie du théâtre, une sacrée leçon d’histoire et de sociologie:  » Je comprends peu à peu qu’ils ne voient pas les  délits, écrit Eva Joly, parce qu’ils évoluent dans un autre monde, physique et mental ».
  Ici, c’est  magnifiquement dit et  illustré par Nicolas Lambert.

Philippe du Vignal

Le Grand Parquet 20 bis rue du Département, Paris ( XVIII ème)  Jusqu’au 3 avril. Et en tournée.
Le prochain spectacle de Nicolas Lambert: Avenir radieux, une fission française fera l’objet d’une lecture au grand Parquet le 26 avril à 20 heures et y sera créé en février 2012.

 

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