Semianyki

Semianyki de et par  Olga Eliseeva, Alexandre Gisarov, Marina Makhaeva, Kasyan Ryvkin, Elena Sadkova, Yulia Sergeeva.

    teatrsemianyki.jpgOn avait vu souvent  autrefois la compagnie Licedei,  troupe comique de très haut niveau fondée en 68. Semianyki ( la famille) est issu en fait d’un spectacle d’une promotion de l’ école fondée par cette même troupe, il y a une dizaine d’années. Spectacle que Gérard Gélas avait accueilli  dans son Théâtre du Chêne noir en 2005, et qui, depuis, a parcouru le monde.
C’est une tranche de vie d’une famille aussi improbable que burlesque: il y a le père, ridicule, habillé comme un clodo et  qui ne boit pas que de l’eau, la mère énorme bibendum qui attend un enfant , leur fille aînée,  leur fils , la cadette et le bébé ; ils ont des cheveux ébouriffés roux ou blancs, ou des couettes qui bougent toutes seules, et affublés de grosses lunettes …
Quelques éléments scéniques, comme sur le côté jardin, un piano droit  qui laisse échapper , de temps à autre, des corps de poupée, un lustre en dentelle  déchirée, un téléphone noir d’autrefois avec un fil interminable,  un tricycle d’enfant muni d’un pupitre d’orchestre… Et ce sont des musiques de bandonéon  et  d’Amérique du Sud entre autres mais aussi les Gymnopédies d’Eric Satie, qui servent de toile de fond à tout un univers burlesque qui se met en marche. Buster Keaton comme les Marx Brothers,   ne sont jamais loin dans ce monde déjanté où l’on joue sans cesse avec l’attente du spectateur.Les gags se succèdent à grande vitesse mais  généralement en plusieurs temps. C’est d’une drôlerie savamment mise au point: il y a chez ces comédiens comme une sorte de mécanique implacable qui détermine la moindre de leurs actions ,gestes ou déplacements mais dont la vraisemblance n’est paradoxalement jamais exclue: comique de situation, comique de répétition surtout quand toute la famille  fait  le même mouvement loufoque, inversion des positions,interférence inattendue  dans une série de gestes, erreurs fatales et chutes  dûes à la distraction, événements inattendus comme ces canards prêts à cuire qui tombent des cintres par dizaines, et dont l’un va bizarrement remonter seul du sol au petit lustre de dentelle où il restera accroché: les comédiens dirigés par Boris Petrusshamskiy  connaissent tous les numéros du registre clownesque; et ils le font avec une si formidable précision et en même temps, ce qui n’est pas incompatible, avec une telle  générosité, qu’ils nous embarquent sans difficulté dans leur univers.
Bien entendu, le public, en particulier le enfants, est  immédiatement séduit, et  marche au quart de tour. Les personnages que le six comédiens ont créés, occupent donc en fait tout le plateau dans cette série de gags souvent connus mais revisités avec beaucoup d’intelligence et et d’invention. Et c’est tout leur corps comme leur visage qui est constamment en mouvement dans un délire sans paroles: le seul mot prononcé par la mère est: allo, quand elle intercepte un coup de téléphone… destiné à un spectateur qu’elle fait venir sur scène. Ce qui est le plus étonnant dans le spectacle est la précision gestuelle -collective ou individuelle-des numéros qui se succèdent sans aucun temps mort., et jusqu’à la fin que
l’on ne vous dévoilera pas.-qui n’est ni très neuve ni très écologique- mais qui ravit le public; public auquel ils lui font souvent appel dans une merveilleuse complicité.
Certes, on  ne rit pas sans cesse  pendant cette heure quarante (ce n’est pas un défaut et ce serait impossible) et le spectacle a peut-être un peu de mal à démarrer mais on est tout le temps ébloui  par ce ballet d’êtres ridicules et qui ont conscience de l’être, par cette maîtrise incroyable du corps fort peu répandue chez nous et  dont on ne se lasse pas. Les comédiens de Semianyki, formés à bonne école, sont vraiment de grands artistes. Allez-y  sans réticence ; vous ne le regretterez pas; ce n’est pas tous les jours que l’on rit dans le théâtre  contemporain… Après  le sinistre et interminable  Noli me tangere, cela fait du bien!

Philippe du Vignal

Théâtre du Rond-Point  à 20 h 30, jusqu’au 2 juillet.
6 juin 2011 Festival de théâtre de Tomblaine puis d’août à octobre 2011, tournée en Amérique latine et en  novembre 2011 reprise de la tournée en France


Archive pour 6 mai, 2011

Semianyki

Semianyki de et par  Olga Eliseeva, Alexandre Gisarov, Marina Makhaeva, Kasyan Ryvkin, Elena Sadkova, Yulia Sergeeva.

    teatrsemianyki.jpgOn avait vu souvent  autrefois la compagnie Licedei,  troupe comique de très haut niveau fondée en 68. Semianyki ( la famille) est issu en fait d’un spectacle d’une promotion de l’ école fondée par cette même troupe, il y a une dizaine d’années. Spectacle que Gérard Gélas avait accueilli  dans son Théâtre du Chêne noir en 2005, et qui, depuis, a parcouru le monde.
C’est une tranche de vie d’une famille aussi improbable que burlesque: il y a le père, ridicule, habillé comme un clodo et  qui ne boit pas que de l’eau, la mère énorme bibendum qui attend un enfant , leur fille aînée,  leur fils , la cadette et le bébé ; ils ont des cheveux ébouriffés roux ou blancs, ou des couettes qui bougent toutes seules, et affublés de grosses lunettes …
Quelques éléments scéniques, comme sur le côté jardin, un piano droit  qui laisse échapper , de temps à autre, des corps de poupée, un lustre en dentelle  déchirée, un téléphone noir d’autrefois avec un fil interminable,  un tricycle d’enfant muni d’un pupitre d’orchestre… Et ce sont des musiques de bandonéon  et  d’Amérique du Sud entre autres mais aussi les Gymnopédies d’Eric Satie, qui servent de toile de fond à tout un univers burlesque qui se met en marche. Buster Keaton comme les Marx Brothers,   ne sont jamais loin dans ce monde déjanté où l’on joue sans cesse avec l’attente du spectateur.Les gags se succèdent à grande vitesse mais  généralement en plusieurs temps. C’est d’une drôlerie savamment mise au point: il y a chez ces comédiens comme une sorte de mécanique implacable qui détermine la moindre de leurs actions ,gestes ou déplacements mais dont la vraisemblance n’est paradoxalement jamais exclue: comique de situation, comique de répétition surtout quand toute la famille  fait  le même mouvement loufoque, inversion des positions,interférence inattendue  dans une série de gestes, erreurs fatales et chutes  dûes à la distraction, événements inattendus comme ces canards prêts à cuire qui tombent des cintres par dizaines, et dont l’un va bizarrement remonter seul du sol au petit lustre de dentelle où il restera accroché: les comédiens dirigés par Boris Petrusshamskiy  connaissent tous les numéros du registre clownesque; et ils le font avec une si formidable précision et en même temps, ce qui n’est pas incompatible, avec une telle  générosité, qu’ils nous embarquent sans difficulté dans leur univers.
Bien entendu, le public, en particulier le enfants, est  immédiatement séduit, et  marche au quart de tour. Les personnages que le six comédiens ont créés, occupent donc en fait tout le plateau dans cette série de gags souvent connus mais revisités avec beaucoup d’intelligence et et d’invention. Et c’est tout leur corps comme leur visage qui est constamment en mouvement dans un délire sans paroles: le seul mot prononcé par la mère est: allo, quand elle intercepte un coup de téléphone… destiné à un spectateur qu’elle fait venir sur scène. Ce qui est le plus étonnant dans le spectacle est la précision gestuelle -collective ou individuelle-des numéros qui se succèdent sans aucun temps mort., et jusqu’à la fin que
l’on ne vous dévoilera pas.-qui n’est ni très neuve ni très écologique- mais qui ravit le public; public auquel ils lui font souvent appel dans une merveilleuse complicité.
Certes, on  ne rit pas sans cesse  pendant cette heure quarante (ce n’est pas un défaut et ce serait impossible) et le spectacle a peut-être un peu de mal à démarrer mais on est tout le temps ébloui  par ce ballet d’êtres ridicules et qui ont conscience de l’être, par cette maîtrise incroyable du corps fort peu répandue chez nous et  dont on ne se lasse pas. Les comédiens de Semianyki, formés à bonne école, sont vraiment de grands artistes. Allez-y  sans réticence ; vous ne le regretterez pas; ce n’est pas tous les jours que l’on rit dans le théâtre  contemporain… Après  le sinistre et interminable  Noli me tangere, cela fait du bien!

Philippe du Vignal

Théâtre du Rond-Point  à 20 h 30, jusqu’au 2 juillet.
6 juin 2011 Festival de théâtre de Tomblaine puis d’août à octobre 2011, tournée en Amérique latine et en  novembre 2011 reprise de la tournée en France

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