MONGOL

MONGOL de Karin Serres, , mise en scène et scénographie, Pascale Daniel-Lacombe, Théâtre du Rivage.

 

mongol.jpgL’école, on le sait bien, n’est pas un espace de sérénité pour un enfant, ni même sa chambre maintenant, quand Internet y pénètre et prolonge les insultes et les vexations de la journée. Ludovic, parce qu’il ne suit pas le même rythme que ses camarades , s’attire leurs sarcasmes, leurs coups parfois. Un jour, dans le flot d’injures de la cour de récréation, il en entend une qu’il ne connaît pas: « Mongol ». Il cherche dans le dictionnaire, ce qui est nouveau pour lui, trouve: « Mongol, e, adj: de la Mongolie ». Sa curiosité est éveillée, il veut tout savoir de ces Mongols, il en adopte les coutumes, découvre Gengis Khan, ne mange plus que de la viande et du fromage, apprend leurs jurons, se rase la tête.
Autour de lui, à l’école comme à la maison, l’étonnement mais pas l’admiration, plutôt la perplexité. Ludovic est toujours seul avec sa différence. Jusqu’au jour où il se sent plus fort que ceux qui le méprisaient, qu’il ose s’affirmer et sauve une petite camarade qu’un cheval emportait au galop.Trois comédiens jouent les différents personnages qui font le quotidien de Ludovic- dans sa famille comme à l’école- se transforment habilement grâce à des demi masques. Face à eux, Ludovic , peu à peu change, s’affirme.
Le décor, simple et efficace, fait de panneaux qui sans cesse modifient l’espace, nous fait passer du dehors au dedans, de l’école à la maison, de la réalité au rêve. Une superbe image finale emporte Ludovic vers une autre vie.
Le Théâtre du Rivage qui vient de la Région Sud-Aquitaine, a fait, sur le beau texte de Karin Serres, un travail exigeant et sensible. Une équipe à suivre qui donne à voir et à entendre les textes passionnants qui s’écrivent aujourd’hui pour la jeunesse. Malgré une réserve qui n’a rien à voir avec le spectacle: encore une fois, le programme distribué aux spectateurs ne donne pas la distribution mais seulement la liste des comédiens. Dommage pour eux qui sont tous à citer.

Françoise du Chaxel
 

Au Théâtre de l’Est Parisien, dans le cadre de 1 2 3 Théâtre. T: 01 43 64 80 80, jusqu’au 13 mai, puis en tournée.

Editions Ecole des Loisirs


Archive pour 13 mai, 2011

Monstres

Monstres, de Ronan Chéneau, mise en scène de Babette Masson

Comment vit-il, celui qui n’attache pas de prix à la vie ?

harry25000.jpgPas de prix ? Ou plutôt si, un prix tarifé. Nous suivons, dans ce spectacle, concis et mystérieux, la cohabitation hasardeuse de trois tueurs à gages. Trois hommes. Trois générations. L’un cherche du travail et se propose comme stagiaire, l’autre fait son boulot, apparemment sans états d’âme, le troisième cherche à se faire tuer. Trois solitudes qui se croisent. Avec, en arrière fond, les fantasmes du policier et du film noir.
Le projet est né d’une commande passée à des auteurs sur des variations autour de trois monstres mythiques : King Long, Frankenstein, Dr Jekyll et Mr Hyde. Le collectif Label Brut a ainsi rencontré Ronan Chéneau, auteur. L’équipe s’est constituée, le spectacle a pris forme. Ronan Chéneau s’est nourri d’un constant travail de plateau avec la metteuse en scène, Babette Masson, et les comédiens. Cela se sent dans la construction car le récit avance à travers les ambiances, les images, les moments de jeux muets sur la musique, particulièrement réussis, portés par trois comédiens qui ont une impeccable maîtrise du corps, extrêmement expressifs, utilisant le rythme à merveille.
Il y a des fulgurances d’écriture, moins dans les dialogues, quasiment impossibles vu la nature des personnages, que dans les moments de monologues, en particulier dans les présentations successives qui, à travers le thème de la quête de soi, dépassent la situation et ouvrent sur de belles interrogations. Appels du jeune homme à qui la société d’aujourd’hui ne laisse aucune place, bouffées de souffrance cachée du « professionnel », rituel étrange du suicidaire qui ne manque pas d’humour.
Babette Masson, la metteuse en scène, a intelligemment imaginé un dispositif scénique qui, en fond de plateau, masque le haut des corps et permet la déréalisation du quotidien. Elle sait créer le mystère, faire vivre les objets, ouvrir l’imaginaire. La pièce se termine par une superbe image : un homme Golem enveloppé de papier aluminium, un jeu d’enfant qui a grandi, grossi jusqu’à devenir le monstre informe qui dépasse et menace la ville. L’osmose texte/ mise en scène, alors que l’auteur n’est pas le metteur en scène, est en soi une réussite, à saluer, vraiment. C’est une alliance fructueuse, hélas trop rare dans le paysage théâtral français.

Evelyne Loew

Créé au Carré-Scène Nationale de Château-Gontier, vu le 10 mai à Bourges-Maison de la Culture,puis en tournée en France.

http://www.labelbrut.fr/index.php

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