BRÛLER SA MAISON

BRÛLER SA MAISON d’Eugenio Barba. 

  En exergue, un poème d’Alexandre Blok souvent cité par Barba :

“Sur la route boueuse et noire
Le brouillard ne se lève pas
Un chariot grinçant transporte
Ma roulotte délavée, mon théâtre.
Brûler sa maison, est le cinquième volume consacré à l’étonnant parcours d’Eugenio Barba, à la tête de l’Odin Teatret depuis 1964, par Patrick Pezin, directeur de la collection Les voies de l’acteur. Pour ceux qui comme moi, ont eu la chance de le découvrir avec La maison du père au Théâtre de la Cité Internationale en 1971 *, puis de l’accueillir au Théâtre Paul Éluard de Choisy-le-Roi avec Cendres de Brecht en 1982, au Théâtre 71 de Malakoff en 1985 avec l’I.S.T.A., symposium international d’anthropologie théâtrale, enfin avec Talabot en 1989, c’est le témoignage passionnant d’un artiste d’une stature exceptionnelle qui a marqué son siècle à la tête du Tiers théâtre.
Eugenio Barba retrace l’épopée de l’Odin Teatret en onze chapitres très personnels sur son théâtre fondé en Norvège, puis installé à Holstebro, petite ville du Jutland danois avec ses “camarades” dont certains le suivent depuis 45 ans,” un théâtre hors normes”. “Souvent, dit-il, à l’origine d’un chemin menant à la création, il y a une blessure (…) cette blessure m’a poussé à rester proche du garçon que je fus et dont le temps m’a éloigné en me jetant dans un monde en mutation”…
Dans ces onze chapitres retraçant l’entrainement quotidien de la troupe, dès l’aube pendant toutes ces années, on peut découvrir les chemins tortueux empruntés par un chercheur acharné pour créer plus d’une vingtaine de spectacles souvent nés au terme de plusieurs années de travail, au sein du Laboratoire international du jeu de l’acteur. La maison du père, Cendres de Brecht, Come and the day will be ours, Talabot, Kaosmos, l’Évangile d’Oxyrhincus, Andersen’s dream… entre autres, ont été joués à travers le monde,  et certains ont eu les honneurs du Festival d’Automne des grandes heures, mais aucune institution ne l’a accueilli en France depuis vingt ans!
Seule Ariane Mnouchkine lui a ouvert les portes du Théâtre du Soleil voilà quatre ans . Eugenio Barba a réussi à se servir du théâtre “comme un cheval de Troie que les habitants accueilleraient en abattant leurs remparts”…  Comme Grotowski dont il avait  été l’assistant en Pologne avant de fonder l’Odin, il joue pour une élite de la sensibilité. “Je dialoguais avec des vivants qui m’étaient étrangers et avec les morts que j’aimais”…Ce parcours artistique d’un d’athlète voyageur mêle des témoignages personnels bouleversants sur son enfance et sa jeunesse à une recherche incessante et généreuse toujours vivante.
Dans sa dernière lettre à Nando Taviani, ami et conseiller de l’Odin, Eugenio Barba évoque “les maîtres fous du théâtre du XXe siècle (qui) restèrent tous près de leur origine en utilisant l’art de la fiction”. Eugenio Barba nous aide à vivre dans cette quête de son origine. Edith Rappoport

Editions de l’Entretemps Les voies de l’acteur, 278 pages www.entretemps.org


*  A l’invitation d’André-Louis Perinetti, directeur du Théâtre de la Cité internationale.

 

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