LES BONNES
LES BONNES de Jean Genet, mise en scène Armel Veilhan
Armel Veilhan vient de concrétiser le rêve d’un parcours surprenant,-il faut lire son roman autobiographique Un enfant dans l’hiver- en ouvrant son propre lieu, le Théâtre A, une petite salle immaculée nichée au bout de la rue du Coq français aux Lilas.
Les Bonnes sont interprétées avec vigueur par deux jeunes actrices qui jouent les humiliations imposées par la morgue et les attentions capricieuses de leur patronne, en son absence. Alternant les rôles de la maîtresse et de l’esclave, elles revêtent ses robes, se couchent dans son lit, jonchent le sol de fleurs, évoquent la dénonciation de l’amant à la police, par des lettres anonymes qu’elles ont rédigées.
Au retour de Madame désespérée par l’arrestation de son amant, elles se gardent bien de lui annoncer que celui-ci a téléphoné pour annoncer sa libération. Comblées de cadeaux d’anciens vêtements à elle -repris aussitôt dès que Madame apprend que son amant l’attend au Bilboquet et qu’elle part en taxi le rejoindre, elles se fondent dans l’attente d’une condamnation inéluctable.
On peut être déconcerté par l’âge de Madame en justaucorps de léopard et manteau de fourrure partie chercher son gigolo…Pour Armel Veilhan “Les Bonnes, c’est aussi les enfants que nous avons été et qui ont tous joué à se travestir. Ce travestissement, cette transformation, c’est bien la première chose que le théâtre m’ait proposé (…) L’écriture des Bonnes purge le noir théâtre de l’adolescence”. La trentaine de spectateurs entassés sur les minuscules gradins leur a fait une ovation.
Edith Rappoport
Théâtre A, Les Lilas(93)
www.theatrea.fr