Les Journaux de Nina Arsenault. (The Silicone Diaries)

Les Journaux de Nina Arsenault.  (The Silicone Diaries)  mise en scène de Brendon Healy.

 

      silicone224043thesiliconediaries.jpgPrésenté dans le cadre du Festival Magnetic North à Ottawa, qui est un espace  du nouveau théâtre  anglophone , Les Journaux de Nina Arsenault tient à la fois du monologue confessionnel et d’une démonstration scientifique qui suit les moindres traces du processus d’une  transformation  sexuelle.
Nina Arsenault , autrefois un homme, est devenu une femme d’une grande  beauté  et elle nous révèle tout, à travers un discours franc, intelligent sans le moindre désir d’épater le spectateur  peu habitué au monde des transexuels.  Ce qu’on nous invite en effet à regarder n’est  pas toujours agréable puisqu’il  retraçe les différentes interventions chirurgicales  et nous comprenons les graves risques qu’elle courait.
Nina est constamment  à la recherche de la beauté idéale, d’une hyperféminité qui met en évidence la nature purement reconstruite d’un corps dont on a dû extirper la chair masculine pour reconstruire la femme. La chair doit toujours coïncider  avec les attentes de « l’autre » monde mais la tragédie de cette recherche du plus beau corps possible devient l’obsession permanente de ceux qui veulent  mener une vie sans confusion identitaire.
Les vidéos, empruntées à  différentes salles d’opération,  témoignent de la réalité crue des  interventions. Le jeu est retenu mais séducteur.   La voix grave et douce de l’artiste  murmure  les explications; son corps se tortille pour nous montrer toutes les attitudes d’un objet  complètement refait. Elle parle souvent de la geisha, modèle évident de  la gestualité  destinée à  plaire, à  séduire, à évoquer  la grâce.
La reconstitution d’un corps entier  qui  porte en lui  un  rapport renouvelé  avec le monde,  affirme jusqu’à quel point ce  spectacle incarne l’essence même du théâtre. Nina, comme un  personnage de scène, est  une pure reconstruction.  Son  recours aux accessoires, au maquillage, aux  vêtements,  révèlent jusqu’à quel point la féminité ou  la masculinité ne sont que  signifiées, mise en place  par la publicité, par les idées stéréotypées et donc pas nécessairement reliées à l’être biologique.
Cependant, à  la fin du spectacle, Nina ne peut rentrer chez elle et quitter son costume.   Elle est devenue cet autre  dont elle ne peut plus se défaire.  Ce corps est  à la fois un objet de grand luxe qu’on exhibe et une  prison qui ne pardonne pas.   Et le spectacle qui met  parfois mal  à l’aise. Les moments  où Nina pleure la mort d’une amie, nous entrainent  vers un pathos qui n’a pas de  place dans un spectacle qui  cherche plutôt  le regard attentif  des spectateurs.
Il s’agit surtout de faire comprendre la nature de ce  voyage « transgenre » mené par ce  « shemale/femmemâle » et peut-être aussi l’occasion de remettre en question la notion du  « voyeur »  associé habituellement  à une réalité  qu’on est censé cachée des regards trop curieux.
Un moment de théâtre étonnant et, malgré tout, émouvant.

 

Alvina Ruprecht

 

Spectacle présenté par la troupe Buddies  in Bad Times de Toronto à la Salle académique de l’Université d’Ottawa.


Archive pour 12 juin, 2011

Les Journaux de Nina Arsenault. (The Silicone Diaries)

Les Journaux de Nina Arsenault.  (The Silicone Diaries)  mise en scène de Brendon Healy.

 

      silicone224043thesiliconediaries.jpgPrésenté dans le cadre du Festival Magnetic North à Ottawa, qui est un espace  du nouveau théâtre  anglophone , Les Journaux de Nina Arsenault tient à la fois du monologue confessionnel et d’une démonstration scientifique qui suit les moindres traces du processus d’une  transformation  sexuelle.
Nina Arsenault , autrefois un homme, est devenu une femme d’une grande  beauté  et elle nous révèle tout, à travers un discours franc, intelligent sans le moindre désir d’épater le spectateur  peu habitué au monde des transexuels.  Ce qu’on nous invite en effet à regarder n’est  pas toujours agréable puisqu’il  retraçe les différentes interventions chirurgicales  et nous comprenons les graves risques qu’elle courait.
Nina est constamment  à la recherche de la beauté idéale, d’une hyperféminité qui met en évidence la nature purement reconstruite d’un corps dont on a dû extirper la chair masculine pour reconstruire la femme. La chair doit toujours coïncider  avec les attentes de « l’autre » monde mais la tragédie de cette recherche du plus beau corps possible devient l’obsession permanente de ceux qui veulent  mener une vie sans confusion identitaire.
Les vidéos, empruntées à  différentes salles d’opération,  témoignent de la réalité crue des  interventions. Le jeu est retenu mais séducteur.   La voix grave et douce de l’artiste  murmure  les explications; son corps se tortille pour nous montrer toutes les attitudes d’un objet  complètement refait. Elle parle souvent de la geisha, modèle évident de  la gestualité  destinée à  plaire, à  séduire, à évoquer  la grâce.
La reconstitution d’un corps entier  qui  porte en lui  un  rapport renouvelé  avec le monde,  affirme jusqu’à quel point ce  spectacle incarne l’essence même du théâtre. Nina, comme un  personnage de scène, est  une pure reconstruction.  Son  recours aux accessoires, au maquillage, aux  vêtements,  révèlent jusqu’à quel point la féminité ou  la masculinité ne sont que  signifiées, mise en place  par la publicité, par les idées stéréotypées et donc pas nécessairement reliées à l’être biologique.
Cependant, à  la fin du spectacle, Nina ne peut rentrer chez elle et quitter son costume.   Elle est devenue cet autre  dont elle ne peut plus se défaire.  Ce corps est  à la fois un objet de grand luxe qu’on exhibe et une  prison qui ne pardonne pas.   Et le spectacle qui met  parfois mal  à l’aise. Les moments  où Nina pleure la mort d’une amie, nous entrainent  vers un pathos qui n’a pas de  place dans un spectacle qui  cherche plutôt  le regard attentif  des spectateurs.
Il s’agit surtout de faire comprendre la nature de ce  voyage « transgenre » mené par ce  « shemale/femmemâle » et peut-être aussi l’occasion de remettre en question la notion du  « voyeur »  associé habituellement  à une réalité  qu’on est censé cachée des regards trop curieux.
Un moment de théâtre étonnant et, malgré tout, émouvant.

 

Alvina Ruprecht

 

Spectacle présenté par la troupe Buddies  in Bad Times de Toronto à la Salle académique de l’Université d’Ottawa.

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