La Plainte de l’Impératrice

La Plainte de l’Impératrice,  film de Pina Bausch.

 

bauschlaplaintedelimpratrice.jpgAlors que se poursuit chaque soir la  chasse  aux billets devant le théâtre de la Ville pour le dernier spectacle de la compagnie dans une ferveur irrationnelle, le public  a pu découvrir, après  Pina  de Wim Wenders, l’unique film réalisé par  Pina Bausch entre 1987 et 1988.
Depuis 32 ans, Le Théâtre  de la Ville  a eu une  fidèle collaboration avec la chorégraphe, décédée il y a juste deux ans. Cette œuvre correspond à la première période de la troupe marquée par les créations de Café Muller, Le Sacre du Printemps, Bandonéon, 1980 et Nelken. Filmé sans artifice esthétique, avec une succession de séquences sans liens réel évident et avec parfois des longueurs, ce qui a déstabilisé certains spectateurs, le film nous remémore tous les éléments fondamentaux des chorégraphies de Pina Bausch.: la solitude et l’incommunicabilité des êtres, les rêves brisés sont  là bien sûr, tout comme les éléments de la nature, des arbres, la forêt, la terre, la pluie et la neige. Des plans rapprochés donnent une autre dimension au vécu de ses danseurs que l’on a l’habitude de voir avec la distance de la scène.
Nous découvrons aussi des plans de Wuppertal avec son  métro suspendu. La tonalité de ce film est sombre et il est difficile d’y retrouver ces touches d’humour qui ont agrémenté certains de ses spectacles, sauf peut être dans une scène d’un dîner en tête à tête entre Dominique Mercy et une  jeune femme qui perd ,à chacune de ses paroles,  le haut de sa robe.
pinafilm.jpgLes femmes, même dans des situations les plus surréalistes, portent des  talons hauts et des robes de soirées. L’importance des musiques traditionnelles est à souligner, dont les rythmes n’ont cessé d’induire une pulsation propre à la danse de Pina Bausch. Il est vrai que c’est sans doute la chorégraphe qui a été le plus étudiée dans le monde entier, et chaque mot semble réducteur pour définir son travail. Ce film se termine par un solo d’une personne âgée qui danse pour elle-même, comme un clin d’œil à son mythique Kontakthof qui date aussi de 1988….

Jean Couturier

 

Coffret : livre et DVD L’Arche Editeur, Paris Juin 2011


Archive pour 6 juillet, 2011

Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Journées de juin; classe de Philippe Duclos, Traverses 1.

Conservatoire national supérieur d’art dramatique, Journées de juin; classe de Philippe Duclos, Traverses 1. ( Première partie)

 

Les déjà nombreuses présentations de travaux d’école et les festivals de jeunes compagnies  se sont encore multipliés ces dernières années, à tel point qu’il  est évidemment difficile de rendre compte et  de tout voir, surtout quand il s’agit d’une école importante comme le Conservatoire avec quelque huit séances…. La présentation des travaux de la classe de Nada Strancar nous avait laissé sur notre faim, dans la mesure où l’on ne savait pas trop qui était responsable de cette pseudo- mise en scène de L’Impresario de Smyrne.
Mais il en va tout autrement de ces Traverses menées par  Philippe Duclos  qu’ on  connaît évidemment comme acteur mais qui  est aussi maintenant professeur,  appelé par Daniel Mesguich. Non qu’il ait auparavant mesuré et bien pesé les difficultés de l’entreprise.Enseigner  est déjà une chose pas facile et quand il s’agit du théâtre et  de l’acte dramatique, cela devient parfois un pari un peu fou et il l’a dit très lucidement:  » il y avait  chez moi  la volonté de continuer à apprendre, de s’agrandir. De se sentir plus large. J’avais un ami qui est mort qui s’appelait Gérald Robard, un très grand acteur, qui m’a demandé de le remplacer dans son cours qu’il animait avec Aurélien Recoing. Je l’ai fait pendant un ou deux mois. Mais je ne me sentais pas vraiment prêt à l’époque. Je n’ai pas eu envie de continuer. Et puis deux ou trois ans après, Madeleine Marion, qui avait animé des ateliers dans l’école d’Antoine Vitez, puis avait continué son activité pédagogique, devait se faire remplacer, car elle partait en tournée. Ce sont les élèves, entre eux, qui ont fait appel à moi.
Ce qui m’a étonné (agréablement). Je me suis dit « tiens, cela veux donc dire que je représente, en tant qu’acteur, un petit peu quelque chose pour eux ». J’ai donc remplacé Madeleine Marion pendant un mois. Cela a été dur au début, mais cela s’est bien passé. C’était il y a quinze ans et je n’ai pas arrêté ».
Mais Philippe Duclos,  a beaucoup d’humilité, s’est demandé ,comme tous ceux qui se sont décidés à franchir le pas  de l’enseignement du théâtre, quel droit il avait de de parler ainsi devant des gens :  » C’était déjà une violence, pour moi… Bien sûr, je savais beaucoup de choses, cela faisait quinze ans que j’étais acteur… Mais tant que l’on a pas commencé à parler, on ne sait pas ce qu’on sait. Et l’épreuve même qui consiste à parler devant les autres est considérable et décisive. Je dirais même que c’est une épreuve de paternité. Ce n’est pas un hasard pour moi si cela s’est fait alors que j’avais un enfant. C’est réellement se mettre à la place, symbolique, du père; c’est-à-dire accepter ce partage des rôles, accepter que l’on a quelque chose à transmettre (tout en sachant qu’on ne sait pas très bien ce que l’on transmet…), en accepter la place symbolique. Cela m’a transformé. Cela m’a donné tout simplement une parole que je n’avais pas, cela m’a obligé à faire une réflexion que je n’avais jamais menée et que je continue de mener aujourd’hui ».
La première partie de ces Traverses  qui avait lieu dans la salle Louis Jouvet – nous n’avons pu voir la seconde- était d’un niveau remarquable. Philippe Duclos est revenu au bon vieux système des scènes. Avec beaucoup d’humilité, sans fioritures, avec juste ce qu’il faut d’éléments scéniques et en prenant comme base un très solide  travail sur le texte. Ce sont des exercices,  et revendiqués comme tels, et c’est justement cela qui est formidable. Visiblement Philippe Duclos a appris à ses élèves à comprendre une pièce ( et pas seulement à  en  débiter les répliques ),  à regarder,  à être silencieux et à l’écoute de son partenaire, à prendre la mesure du plateau,  et à s’y déplacer: bref, à habiter l’espace et le temps, ce qui est sans  doute le plus fondamental dans la formation de  jeunes comédiens- que l’on a le temps de voir suffisamment dans des rôles importants- faire ce qui sera leur futur métier avec respect, grâce, sensibilité et intelligence…Et cela fait du bien! A travers quatre scènes tirées du Tramway nommé Désir de Tennesse Williams , Hot house d’Harold Pinter, La Princesse Maleine de Mateterlink , et Hamlet de Skakespeare. Nous avons ainsi pu repérer en particulier Etienne Durot et Romain Francisco dans Hot house et Charlotte Van Bervesselès dans La Princesse Maleine et dans Ophélie
.  Petite note à benêts, comme disait le philosophe Olivier Revault d’Allonnes: serait-il possible que quelqu’un au Conservatoire relise les petites feuilles-programmes et élimine fautes de frappe et d’orthographe. Cela fait un peu et même beaucoup désordre, et il n’ a là aucune excuse possible:  c’est un respect que l’on doit à tous ceux qui ont œuvré à ces journées de juin et à la langue française…

 

Philippe du Vignal

 

Présentation vue le 1 er juillet à 15 heures

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