Les enfants des Vermiraux
Les Enfant de Vermiraux de Serge Sandor, à partir d’extraits de La révolte des enfants de Vermiraux d’Emmanuelle Jouë et Marie-Laure Las Vergnas.
Serge Sandor, auteur-metteur en scène prolixe et généreux, a toujours emprunté des voies et aussi des voix singulières (voir Cassandre n° 86 p. 58). Il a séjourné plusieurs mois dans le Morvan pour mettre en scène l’effrayante histoire de la révolte des enfants de Vermiraux, une maison d’enfants de Quarré-les-tombes, à proximité d’Avalllon, fondée en 1882 par l’Institut sanitaire de l’Yonne pour “le redressement intellectuel des anormaux, nerveux arriérés et rachitiques”, établissement privé depuis 1905 qui se doit de faire des bénéfices.
La direction de cet institut rogne donc sur le nourriture et les vêtements des enfants battus, violés, volés, qui, parfois, se suicident, ou s’évadent, et finissent un jour par se révolter. Le 22 juillet 1911, le tribunal d’Avallon rend un jugement historique en condamnant à de la prison ferme les gérants de cet institut… qui n’en feront pas beaucoup ou pas du tout.
Serge Sandor s’est emparé de ce drame, et en a fait une chronique vivante avec 70 enfants, six détenus de la prison de Joux-la-ville, la chorale de Quarré -les-tombes et des musiciens morvandiaux La première partie ( au marché couvert) montre des enfants muets en galoches et blouse, et les responsables de la maison en train de s’empiffrer en recevant une dame pincée venue de Paris, les enfants de l’école de danse en tutus dans un petit ballet et la chorale locale. Un journaliste chronique les faits avec l’aide de sa femme qui l’appelle sans cesse à partager le repas qu’elle a préparé. Nous partons en procession à travers les belles rues de cette ville ancienne, derrière un attelage de chevaux, jusqu’au tribunal récemment fermé par Rachida Dati.
Une partie de la foule y pénètre pour assister à la reconstitution du procès, pendant qu’un acteur nous relate ce qui se passe à l’intérieur. Nous pénétrons à notre tour dans le tribunal pour assister aux minutes du procès. Les dirigeants de l’institution se défendent avec une morgue ignoble, leur avocate plaide le mensonge, et les enfants présents restent sans voix.
Il y a une véritable théâtralité dans ce procès insolite, d’autant plus grande quand on apprend que le personnel judiciaire, du magistrat aux avocats, est interprété avec une belle présence par des détenus de la prison.
Edith Rappoport
Marché couvert d’Avallon