Le tireur occidental

Le Tireur occidental de William Pellier, mise en scène de Michel Cochet


Il y a un parfum d’Afrique fantôme dans ce solo dynamique interprété avec une belle force par Xavier Beja, trônant sur un haut tabouret, entouré des masques étranges. Rodolphe, théologie passionné, part bardé de carnets, de cahiers, de plumes bien taillées pour  un voyage de quatre semaines, soit  7394 kilomètres en train, à la rencontre du tireur occidental, qui tire sur tout ce qui bouge.
Devant eux “l’étendue désertique de l’inoccident”, (…) un paysage d’os et de crânes” ! Le tireur finit par blesser un Raj-jik qui survit, l’abattra et finira par le remplacer au service de l’ethnologue. Ils partent tous les deux à la rencontre de la tribu, mais l’inéluctable disparition surviendra.

Edith Rappoport

Gare au théâtre/ Nous n’irons pas à Avignon le  10 juillet à 20 h 15, Théâtre en Fusion corinne_merle@orange.fr


Archive pour 9 juillet, 2011

Courtes

Festival d’Avignon

 

Courtes de Jean-Claude Grumberg ,mise en scène d’Antoine Chalard.

 

courtes3.jpgC’est aussi Antoine Chalard qui a mis en scène cet ensemble de courtes scènes extraites  de Les Courtes où Grumberg, avec un humour féroce, s’en prend à la bêtise humaine, excellent terreau pour la  xénophobie et l’antisémitisme. C’est d’abord Une Vie de On, largement autobiographique, où l’on voit un homme qui reste obsédé par la tragédie qui a cruellement frappé tant de familles dont la famille de l’auteur. Dans Michu, un petit homme gris et inoffensif n’en finit pas de se plaindre des humiliations que lui fait subir son collègue de bureau. Grumberg frappe avec justesse là où cela  fait mal: le jugement souvent expéditif que nous portons sur autrui à partir de quelques apparences… jusqu’à culpabiliser la victime.
Les Rouquins met en scène un homme et une femme, tout comme il faut, couleur passe-muraille qui vivent dans un monde qui ne supporte pas les roux. Et le couple, pris dans le même engrenage social que dans la scène précédente, va commencer, l’un subissant l’influence de l’autre, à craindre de sentir fort … comme, disent-ils, les roux !La parabole est là aussi bien claire: c’est ainsi que naît par bêtise, la haine de l’autre et la peur de lui ressembler.
Et le spectacle se termine par la meilleure de  ces Courtes: Pied de lampe où un un homme se rend dans une boutique de lampadaires et d’abat-jours ; il formule aussitôt sa demande au commerçant abasourdi. Il voudrait en effet voir transformée son épouse en lampe avec abat-jour rose. Refus poli du commerçant qui finira devant la ténacité du client par se laisser convaincre, et l’on verra la pauvre épouse emportée comme un objet dans l’arrière-boutique pour en ressortir, comme une sculpture,  à genoux sur un praticable à roulettes, coiffée d’un abat-jour rose. C’est d’un burlesque plus que grinçant quand on se souvient de l’utilisation des corps humains, une fois gazés dans les camps d’extermination.    Chacun de ces Courtes est suivie de quelques répliques de gens qui sortent d’un spectacle qui brillent d’un antisémitisme aussi sournois que virulent.La mise en scène d’Antoine Chalard est précise, peut-être un peu trop et évite de justesse le côté parfois démonstratif de  ces Courtes qui ne sont pas toutes aussi fortes que la dernière.
Le spectacle est donc inégal, sans doute aussi  à cause d’un rythme un peu cahotant mais les choses devraient vite s’ améliorer, d’autant que les trois comédiens, dont le metteur en scène et Laurent Malburet qui jouent aussi dans Le Petit Violon,  et Marie-Pierre Perez font un très bon travail, notamment dans tout ce qui est gestuel.

 

Philiippe du Vignal

 

Théâtre de l’Alizé à 18 heures.

Le petit Violon

Festival d’Avignon


Le petit Violon de Jean-Claude Grumberg, d’après un conte de Charles Dickens, mise en scène d’Antoine Chalard. Spectacle tout public à partir de 5 ans.


201101petitviolonmeaux20.jpg    Cela y est: le in comme le off d’Avignon ont vraiment commencé; nous serons six  critiques du Théâtre du Blog :  Elise Blanc, Jean Couturier, Christine Friedel, Véronique Hotte, Edith Rappoport  et moi-même  à essayer de vous rendre compte  au maximum  de l’édition de ce festival et de vous en signaler les moments forts. Le plus tout jeune événement international ( 65 ans ) affiche une excellente santé, malgré les vieilles querelles et polémiques qui resurgissent avant l’arrivée d’Olivier Py à sa direction. Et malgré la crise économique, les réservations  d’hotel comme de spectacles vont bon train, même si le public ne rajeunit guère…
   Avec quelques têtes d’affiche: Jeanne Moreau et Etienne Daho, Angelica Liddell ( voir le Théâtre du Blog de 2011), Wajdi Mouawad, Guy Cassiers, Chéreau avec I am the Wind ( voir notre article de juin dernier) , et dans le off:  beaucoup de solos comme entre autres de Richard Bohringer, Sophia Aram , Didier Porte viré pour la deuxième fois de France Inter…
  Pour commencer un spectacle tout public . C’est  une histoire  simple empruntée à Dickens et  qui tient de la fable. Léo est un jeune et pauvre camelot;  installé dans une roulotte, il  vend des assiettes et de petits ustensiles de cuisine. Il a un ami, un géant qui travaille dans le cirque de Monsieur Univers. Ensemble, ils vont décidé d’enlever la petite Sarah, une enfant sourde et muette que martyrise Monsieur Univers qui la trouve incapable de rien faire. Léo va donc s’occuper d’elle avec beaucoup de générosité et de tendresse. Il lui apprend à jouer du violon, et avec des dessins , arrive à communiquer avec elle et à lui donner une éducation, en ne la considérant pas du tout  comme handicapée. D’autant plus qu’elle  se montre très douée pour l’acrobatie.
   Puis, Sarah grandira, deviendra une belle jeune fille, et, parce que c’est comme ça, parce que c’est la vie, elle tombera amoureuse d’un beau jeune homme et quittera Léo qui en sera évidemment bien triste. Il enlèvera alors de son enseigne de camelot la petite pancarte qui ajoutait à Léo : et Sarah et il n’aura plus de nouvelles d’elle… Jusqu’au jour où, miracle, voici Sarah qui réapparaît, avec son amoureux et  leur petite fille…
  Le spectacle créé en 2009 et qui avait eu le prix du off cette année là,  bien rôdé, est parcouru par des mélodies au violon de Paganini- parfois un peu trop envahissantes- et joué par quatre comédiens au métier solide, Alexandra Nicolaïdis, David Laborie, Antoine Chalard et Laurent Malburet qui réussissent à nous emmener très vite dans l’univers de  Dickens revu par Grumberg; Antoine Chalard a conçu une mise en scène intelligente et peine de nuances à l’opposé de tout réalisme, et c’était  la meilleure solution pour traduire toute la poésie de cette pièce qui dit beaucoup de choses auxquelles les les enfants  peuvent être tout fait sensibles,  comme la pauvreté de Léo le camelot, l’exclusion  provoquée par son handicap que subit Sarah au quotidien, l’exclusion aussi du géant qui ne sera jamais comme les autres, le droit à différence, l’ordre moral, l’amitié sans failles qui le lie à Léo, les accusations calomnieuses, la séparation avec ceux que l’on aime.
Et comme, pour une fois,  ce qui est rare dans les spectacles tout public, la scénographie d’ Emmanuel Briand est tout à fait intelligente et pleine d’idées, avec cette petite roulotte qui se transforme selon la face tournée vers le public en cirque, tribunal ou prison… dont les barreaux sont juste représentés par une projection. On ne dira jamais assez combien est important l’aspect plastique-formes, couleurss et lumières- d’un spectacle destiné en priorité aux enfants.
   Il y a aussi de beaux masques pour les personnages du géant,  de Monsieur Univers et deux gendarmes, et des marionnettes signés Galina Molotov et Vladimir Kantor  d’excellente facture.Comme souvent chez Grumberg, il y a d’excellents moments et d’autres plus …inégaux. Mais nous avons vu la générale donc sans pratiquement de public, et c’est un  test de qualité. Là,  pas de doute possible: dans les 1.400 spectacles du festival off ( si, si!  C’est du moins ce qui est indiqué !), et dont un petite proportion est tout public, ce Petit violon mérite de figurer en haut de la liste des spectacles à recommander.
   La suite à demain…


Philippe du Vignal

Théâtre de  l’Alizé,  15 rue du 58ème Régiment d’Infanterie, Avignon (à deux cent mètres de la gare contre les remparts à droite dos à la gare) t: 04-90-14-68-70

 

 

 

 

 

 

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