Courtes

Festival d’Avignon

 

Courtes de Jean-Claude Grumberg ,mise en scène d’Antoine Chalard.

 

courtes3.jpgC’est aussi Antoine Chalard qui a mis en scène cet ensemble de courtes scènes extraites  de Les Courtes où Grumberg, avec un humour féroce, s’en prend à la bêtise humaine, excellent terreau pour la  xénophobie et l’antisémitisme. C’est d’abord Une Vie de On, largement autobiographique, où l’on voit un homme qui reste obsédé par la tragédie qui a cruellement frappé tant de familles dont la famille de l’auteur. Dans Michu, un petit homme gris et inoffensif n’en finit pas de se plaindre des humiliations que lui fait subir son collègue de bureau. Grumberg frappe avec justesse là où cela  fait mal: le jugement souvent expéditif que nous portons sur autrui à partir de quelques apparences… jusqu’à culpabiliser la victime.
Les Rouquins met en scène un homme et une femme, tout comme il faut, couleur passe-muraille qui vivent dans un monde qui ne supporte pas les roux. Et le couple, pris dans le même engrenage social que dans la scène précédente, va commencer, l’un subissant l’influence de l’autre, à craindre de sentir fort … comme, disent-ils, les roux !La parabole est là aussi bien claire: c’est ainsi que naît par bêtise, la haine de l’autre et la peur de lui ressembler.
Et le spectacle se termine par la meilleure de  ces Courtes: Pied de lampe où un un homme se rend dans une boutique de lampadaires et d’abat-jours ; il formule aussitôt sa demande au commerçant abasourdi. Il voudrait en effet voir transformée son épouse en lampe avec abat-jour rose. Refus poli du commerçant qui finira devant la ténacité du client par se laisser convaincre, et l’on verra la pauvre épouse emportée comme un objet dans l’arrière-boutique pour en ressortir, comme une sculpture,  à genoux sur un praticable à roulettes, coiffée d’un abat-jour rose. C’est d’un burlesque plus que grinçant quand on se souvient de l’utilisation des corps humains, une fois gazés dans les camps d’extermination.    Chacun de ces Courtes est suivie de quelques répliques de gens qui sortent d’un spectacle qui brillent d’un antisémitisme aussi sournois que virulent.La mise en scène d’Antoine Chalard est précise, peut-être un peu trop et évite de justesse le côté parfois démonstratif de  ces Courtes qui ne sont pas toutes aussi fortes que la dernière.
Le spectacle est donc inégal, sans doute aussi  à cause d’un rythme un peu cahotant mais les choses devraient vite s’ améliorer, d’autant que les trois comédiens, dont le metteur en scène et Laurent Malburet qui jouent aussi dans Le Petit Violon,  et Marie-Pierre Perez font un très bon travail, notamment dans tout ce qui est gestuel.

 

Philiippe du Vignal

 

Théâtre de l’Alizé à 18 heures.

 

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