Les enfants d’Icare

Les Enfants d’Icare, texte et mise en scène de Bruno Thircuir, scénographie de François Gourgues, musique de François Mimoun
Bruno Thicuir parcourt le monde dans son beau camion théâtre, il a ramené de ses voyages en Birmanie, en Afrique et en Europe, ce conte philosophique, pour enfants et plus grands, qui dénonce le monde de robots dont nous sommes les héritiers. Nous sommes accueillis dans un espace onirique et fabuleux, peuplé de marionnettes étranges, splendide univers d’art brut.
Un acteur birman imposant nous offre des gâteaux, de l’eau, un africain sur le plateau du camion est occupé à sculpter la tête d’un enfant en argile, une femme imposante perchée sur des cothurnes, inquiétante ombre féminine, les aide aux manipulations. L’enfant grandit, on nous conte la fable de l’un de ses rêves, celui de traverser la mer, que le roi de l’île voisine veut l’aider à réaliser. Il ordonne donc à ses sujets de construire un pont immense, mais une fois tous les arbres de la forêt abattus, le pont s’avère trop court et le roi qui ne sait pas nager, se noie dans la mer après l’avoir essayé. “Il ne faut jamais réaliser les rêves des enfants!”. L’enfant grandit, se fait enfermer dans une usine où il travaille comme un robot, finit par rêver de s’échapper avec sa voisine une petite Japonaise, qui part faire le tour du monde.
Les trois acteurs manipulent à vue la tête de l’enfant d’argile, déroulent des images surprenantes, l’enfant et sa voisine surgiront de leurs marionnettes robots. Un univers de rêve pour dénoncer ce qui nous engloutit !

Edith Rappoport

Villeneuve en scène, la Vigne, jusqu’ au 27 juillet, www.villeneuve en scène.com


Archive pour 10 juillet, 2011

Anatoli

Festival d’Avignon

Anatoli,  récital d’Angélique Ionatos et Katerina Forti


Ce récital est  une belle plongée dans le monde des poètes grecs et du monde entier. Angélique Ionatos n’a rien perdu de sa vigueur lyrique qui nous avait fascinés dès 1985, et sa complicité musicale avec la jeune Katerina Forti lui donne une nouvelle dimension.
Autour des poèmes d’0dysseus Elythis, de Baudelaire et de beaucoup d’autres, qu’elle traduit en les présentant, qu’elle chante, se lève la force vivante d’une Grèce indestructible, loin des remugles de la finance internationale.

Edith Rappoport 

Théâtre du Petit Louvre, à  18 h 25 jusqu’au 31 juillet.

Jan Karski

 

Festival d’Avignon

Jan Karski ( Mon nom est une fiction) d’après Jan Karski , roman de Yannick Haenel, mise en scène d’Arthur Nauziciel.

 

 nauzycielkarski21024x682.jpgOn se souvient peut-être de la petite tempête médiatique qui avait suivi la parution du livre en 2010, quand Claude Lanzmann, le réalisateur de Shoah (1985) l’avait vertement critiqué. Yannick Haenel y  fait revivre ce catholique polonais, de son vrai nom : Jan Kozielewski, mort en 2010, après avoir été fait citoyen américain. » Je suis un catholique juif « , disait celui qui, mobilisé en 39-il avait 25 ans- fut fait prisonnier par les Russes, mais qui réussit à s’évader et à entrer dans la résistance polonaise; il fut ensuite torturé par les nazis, mais s’échappera encore.
Karski eut alors comme mission du gouvernement polonais en exil d’aller avertir les Anglais puis les Américains, des atrocités qui se passaient  dans son pays. Pour en témoigner, il pénétra dans  le ghetto de Varsovie  où ses habitants essayaient de survivre dans des conditions atroces: peur, froid, famine, et cadavres nus (les familles récupéraient leurs vêtements!) qui encombraient les trottoirs!
Ensuite Karski, grâce à des complicités et en soudoyant des gardiens lettoniens qui lui prêtèrent un uniforme, réussit à aller dans un camp d’extermination. Et les images d’enfer sur terre qu’il y  vit le poursuivirent à jamais. Restait à apporter son témoignage aux plus hautes instances de l’Etat américain (dont F. D. Roosevelt): politiques, religieuses, médiatiques, hauts responsables juifs compris,  qui se refusèrent à le croire, alors que, prétend Haenel, ils étaient, grâce à leurs services secrets, bien informés de la situation mais  s’intéresser vraiment au  sort de ces malheureux juifs de Pologne et des autres pays occidentaux, leur aurait singulièrement compliqué la vie…
Comme le dit Haenel, ils pouvaient remercier Hitler de  les avoir exterminés au lieu de les expulser, sinon ils auraient dû les accueillir comme réfugiés, ce qu’ils ne voulaient pas  et,  par ailleurs, ils n’avaient pas du tout l’intention de se fâcher avec Staline, le bon petit père des peuples  qui n’hésita pas, entre autres, à faire exécuter quelque 12.000 officiers polonais. Mais le roman de Haenel n’a pas eu le don de satisfaire les historiens spécialistes de la Shoah…
C’est donc cette tragédie que raconte le livre en trois parties: d’abord les paroles de Karski quand Lanzmann l’avait fait parler dans Shoah. Le second chapitre est un résumé de l’ouvrage de Jan Karski, Story of a secret state, qui fut traduit en français dès 48. Quant au dernier chapitre écrit par Haenel qui en revendique absolument l’écriture, il reprend certains éléments de la vie de Jan Karski, déjà racontés par E. Thomas Wood et Stanislaw M. Jankowski. Ce qui n’a pas du tout plus à Claude Lanzmann…
Arthur Nauziciel dit simplement et il a sans doute raison que ce roman « ne raconte pas la shoah mais apporte un témoignage ». Comme le  dit Hanna Arendt:  » Cela ne devait pas arriver. Il est arrivé quelque chose avec quoi nous ne pouvons nous réconcilier. C’est ce que Yannick Hanenel dit d’une façon qui m’a touché et que j’ai envie à mon tour de faire entendre. A mon sens, c’est dans la transgression que propose cet auteur qu’on pourra réinventer quelque chose qui permettre une nouvelle transmission ».
Arthur Nauziciel à 40 ans déjà, s’en inquiète d’autant plus qu’il  sait  de quoi il parle, puisque certains des membres de sa famille furent des victimes de la Shoah et que son grand-père fut l’un des rescapés de Birkenau… Reste à savoir comment on peut s’y prendre théâtralement parlant. Arthur Nauziciel a suivi le plan du roman et a construit sa mise en scène en trois temps: sur la scène nue, juste une photo en gros plan du visage de la statue de la Liberté, et à cour, deux fauteuils, une table basse et une caméra d’époque aux pieds de bois. C’est Nauziciel qui raconte d’abord  l’entretien entre Haenel et  Lanzmann, et c’est aussi agaçant que,quand un(e) ami(e) vous détaille en prenant son temps le dernier film qu’il/elle a adoré… Mais la vérité oblige à dire que Nauziciel est comme absent et pas du tout convaincant… ce qui mine le spectacle dès le début.
Pourquoi ne pas avoir présenté alors un extrait de Shoah? Lanzmann a-t-il refusé? La seconde partie est un récit en voix off,  dit par Marthe Keller, des atrocités commises par les nazis sur les juifs polonais. Sur fond de plan du ghetto-l’image est sans cesse déplacée-conçue par le vidéaste polonais Miroslaw Blaka. Cela fait un peu beaucoup art conceptuel et n’a pas bien sa place ici. Le récit est poignant dans sa sobriété et dans sa précision mais quand même bien long. Quant à  la dernière partie , c’est  un-trop long-monologue dit par Laurent Poitrenaux qui, dans une sorte de ressassement, reprend le récit des atrocités et de l’extermination radicale sans état d’âme, programmés et perpétrés par des officiers allemands  telles que les a imaginées Haenel. Cela se passe dans un lieu que l’on peut identifier comme un couloir de la Maison Blanche absolument sinistre, juste éclairé par un lustre et des appliques: on ne comprend pas très bien pourquoi les portes des bureaux ne sont pas verticales, sans doute à cause de le pente du plateau? Mais bon…
Il faut ici saluer l’interprétation et la performance de Laurent Poitrenaux qui incarne Jan Karski avec beaucoup de nuances. A la fin, Alexandra Gilbert arrive en peignoir; c’ est  comme une image de l’épouse juive de Karski-dont la famille avait péri dans les camps de la mort- et que Karski avait rencontré  en la  voyant dans un spectacle à Broadway; elle danse un solo presque au sol.
Mais presque trois heures,  dont la moitié aurait pu sans aucun dommage collatéral nous être épargnée,s e seront écoulées depuis le début du spectacle! qui, de plus, commence en retard. Disons que, si l’on est sensible à la démarche de Nauziciel, il a quand même eu tendance à se faire plaisir, et  sa dramaturgie, simple démarquage du roman, reste faiblarde; désolé, il aurait fallu un peu plus d’imagination… Et, dans cette troisième partie, le décor imposant de  ce couloir -de la Maison Blanche?-était-il vraiment nécessaire?
Sur un thème proche , Jacques Livchine, avec Terezin, une évocation du fameux camp d’artistes juifs, avait beaucoup mieux réussi son coup, et avec peu de moyens… Alors à voir? Faites comme vous le sentez. Pas mal de gens sont sortis de la salle pas très pleine mais les applaudissements étaient sincères. Très franchement, Arthur Nauziciel avait fait mieux avec Ordet,  ou Julius Caesar l’an passé… On comprend que le public ne se  précipite pas… alors que le spectacle a débuté déjà depuis quelques jours.

 

Philippe du Vignal

 

 Opéra-Théâtre, jusqu’au 16 juillet. A 18 heures ; le 14 juillet à 15 heures. Tél. : 04-90-14-14-14.

 

Le roman  de Yannick
Haenel est publié che Gallimard « Folio », 192 p., 5,70 €

 24 heures pour Jean Vilar

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