Venus
Festival d’ Avignon
Vénus de Suzan-Lori Parks, mise en scène de Cristèle Alves Meira.
Cristèle Alves Meira, a fait des débuts remarqués avec Les Nègres de Jean Genet en 2007, et la réalisation de films documentaires au Cap Vert, en Angola et au Nord du Portugal. En 2010, avec Les Arts en Sac, groupe d’artistes venant des arts graphiques, visuels et scéniques, Cristèle Alves Meira décide de monter Vénus, qui raconte la terrible histoire de Saartjie Baartman, “la Vénus Hottentote”, jeune femme Sud-Africaine du Cap, exhibée comme une bête de foire à Londres et à Paris au début du XIXe siècle.
La pièce de Suzan-Lori Parks, bien construite, fait alterner des chroniques documentaires et judiciaires, à la fois sobres et effrayants, avec des tableaux vivants proches du mélodrame mais traités avec un certain humour et bien joués, en particulier par Jina Djemba, (Vénus). Elle exhibe sa beauté pulpeuse, poitrine somptueuse dont les tétons sont coiffés de noir, énorme postérieur en cuivre, le sexe coiffé d’une ceinture qu’on dirait de chasteté.
Entre les scènes, c’est elle qui relate avec détachement les chroniques judiciaires.Les effrayants complices de cette exploitation éhontée au moment de l’abolition de l’esclavage sont des Européens. Trompée, violée, battue, volée, infectée par ses amants, Vénus finira disséquée par le dernier, un docteur qui lui avait donné la chaude-pisse. Toute la distribution a une grande tenue, en particulier, Jonathan Genet qui interprète successivement: le frère du premier amant au Cap, la mère montreuse de phénomènes, et le camarade d’école.
Edith Rappoport
Chapelle du Verbe incarné jusqu’au 31 juillet à 18 h 50 www.verbeincarné.fr et au Théâtre de l’Athénée, du 20 septembre au 8 octobre.