La Star des oublis
La Star des oublis d‘Ivane Daoudi mise en scène de Jean-Damien Barbin
.Ivane Daoudi est un auteur dont le nom ne dit rien aux jeunes générations. Elle avait écrit une dizaine de pièces, (qui ne furent pas beaucoup jouées mais dont l’une pourtant Le Chant du départ fut montée au Théâtre de la Ville par Jean-Pierre Vincent), avant de disparaître en 1994 à 48 ans. Elle écrivit aussi pour le cinéma et la télévision.Jean-Damien Barbin met en scène cette Star des oublis autrefois mise en scène aussi par Hélène Vincent. Il s’agit de deux jeunes femmes assises dans un cinéma après la projection de Shangai Express de Joseph Von Sternberg; elle sont seules dans le noir. Il semble qu’elles ne se connaissent pas mais elles sont très vite comme aimantées l’une par l’autre. Elles sont profondément seules, c’est sans doute ce qui les réunit aussitôt, et rêvent de partir pour un ailleurs, pour un voyage de rêve- lequel elles ne le savent pas trop- mais un ailleurs qui passe aussi par la séduction immédiate des corps.
Ada est violente et dure, profondément séductrice jusqu’à la perversion, et Cherry affiche le désir infini de se laisser séduire, même si elle sait probablement qu’elle en sera la victime consentante. Cela se passe dans une chambre d’ hôtel juste figurée par un praticable où l’on accède par un escalier de quelques marches qui se déploient et par un grand éventail de plastique rouge dans le fond. Juste ce qu’il faut pour évoquer cet univers glauque où elle sont plongées toutes les deux. dans ce cas, plus la passion se développe, plus règne l’envie irrésistible de tuer l’autre comme suprême accomplissement du destin. Aucune autre issue, on le pressent, une fois leur passion amoureuse portée au zéntih et consommée. Ce qui évidemment ne tardera pas…
Jean-Damien Barbin-par ailleurs professeur au Conservatoire a dirigé ses deux comédiennes à leur demande avec une maîtrise et une précision remarquable, jusque dans les silences..En évacuant tout réalisme, et c’est bien ainsi. Daphné Barbin et Alexandra Cahen ont une présence scénique indéniable et sont parvenues à rendre crédible cette rencontre amoureuse qui tournera au meurtre qui tient presque d’ un rituel. Il faut évidemment être sensible à l’univers d’Ivane Daoudi, ce que nous ne sommes pas beaucoup. Reste un travail d’interprétation et de mise en scène de grande qualité assez rare dans le off pour être signalé.
Philippe du Vignal
Théâtre La Luna à 12h 35, 1 rue Séverine jusqu’au 31 juillet.