Estil un homme?
Festival d’Avignon
Est-il un homme? adaptation théâtrale et traduction française de Primo Levi, jeu, lumière et mise en scène de Mario Dragunsky.
Une errance dans les rues, au hasard de la fourmilière du festival off , nous a menée aux portes de ce temple protestant et a ravivé les souvenirs de cette lecture de Primo Levi et de l’extraordinaire force de vie qui en émanait. Mario Dragunsky incarne Primo Levi et les différents protagonistes de cette traversée de l’enfer concentrationnaire, mais on est toujours déçu par la concrétisation théâtrale des livres qu’on a beaucoup aimés.
Mario Dragunski use et abuse des noirs entre chaque séquence et, malgré un décor soigné, on ne retrouve pas les images surgies de la lecture intérieure. Il n’oublie pas néanmoins que c’est grâce à la lecture de L’Enfer de Dante que Primo Levi à pu survivre, et sa libération du camp ,après la mort d’un de ses compagnons de souffrance, fait naître à la fin une belle émotion.
Edith Rappoport
Temple Saint Martial jusqu’au 31 juillet t: 06 17 34 15 31
Chère Madame,
Merci de votre présence et votre critique.
Même si ça ne change rien pour vous, peremettez-moi de vous répondre.
Premièrement il y une erreur dans le titre : ce n’est pas mon texte, mais la version théâtrale faite par Primo Levi et Pieralberto Marché en 1967 et traduite en français par Primo Levi lui-même. C’est lui qui l’a appelée en français « Est-il un homme ». C’est lui qui a choisi les extraits présentés qui sont tous tirés du livre. Il n’y a pas un seul mot de moi. Tout est de Primo Levi.
Vous ne l’avez peut-être pas remarqué mais il n’y pas de vrais « noirs » pendant le spectacle, sauf celui de la fin. LEs autres sont des faux noirs. Il y a toujours une lumière qui souligne l’unité du récté malgré le sauts dans le temps. Car en 1 heure vingt Primo Levi raconte un an de camp.
Nous sommes en démocratie et on ne peut pas plaire à tout le monde, bien sûr. Mais sachez que nous avons déjà joué pour plus de 3000 collégiens et lycéens qui, tout comme vous, avez lu le livre et que non seulement ils n’ont pas été déçus, mais, pour la plupart, éblouis et enchantés (nous avons des centaines des témoignages). Nous avons joué pour des déportés et des ils et petits fils de déportés qui nous témoigné aussi de leurs reconnaissance et de la pertinance de notre interprétation, qu’ils ont trouvé juste, sobre, émouvante, intelligente, sans pathos…
Le même jour que vous une spectatrice, qui connaissaez bien le livre aussi, écrivait ça :
Contre l’oubli – 10/10
« oublier le passé, c’est se condamner à le revivre » écrivait primo levi. « est-il un homme » est une relecture extrêmement émouvante et précise du témoignage de primo levi et de sa survie dans l’enfer concentrationnaire entre 1943 et 1945. le spectacle à l’espace saint martial évoque avec une grande puissance toutes les étapes de la douleur de la déportation ainsi que la tentative de déshumanisation à laquelle levi a tenté de résister de toutes ses forces. la mise en scène est parfaite et l’acteur remarquable. c’était indispensable pour un thème aussi important.primo levi matricule 174517 est rentré chez lui en 1945, mais la souffrance l’a accompagné toute sa vie et dans ses écrits jusqu’à son suicide le 11/04/1987. rendons hommage à son courage et, afin de ne jamais oublier, il faut absolument assister à la prochaine magnifique représentation de « est-il un homme ? »
Et le JDD publiait ça :
Mario Dragunsky a la physionomie de son rôle. Il joue Primo Levi, cet Italien raflé par la milice fasciste pour sa judéité à la fin 43 et déporté à Auschwitz en février 44 avec 649 autres « pièces » selon le terme usité par les nazis. Il fit partie des 20 survivants de ce convoi et a raconté dans un livre autobiographique exceptionnel – Si c’est un homme – le processus de déshumanisation, la bestialité quotidienne et l’incroyable extermination de la Shoah… Après des hésitations, Primo Levi en collaboration avec Pieralberto Marché en a écrit une adaptation théâtrale baptisée Est-il un homme? en sachant lui conserver la force de frappe du récit initial. C’est elle que Mario Dragunsky interprète avec une sincérité si évidente qu’il installe véritablement sur scène le cauchemar à portée de voix, à portée de chair.
Les qualificatifs manquent souvent pour évoquer la réalité de la vie ou plutôt des mille morts de ces camps. On parle d’indicible. Mais précisément, Primo Levi est parvenu à faire entendre la souffrance, le martyre de ses compagnons en lui donnant des mots. Il n’y a pas chez lui d’exceptionnelles atrocités dont les nazis ont pourtant dressé quotidiennement et avec une absurde rigueur bureaucratique un infernal catalogue. Il s’est attaché à montrer l’essentiel: le déni de la qualité d’homme. La race autoproclamée supérieure avait réduit « l’ennemi » à l’état de chose.
La représentation proposée par Mario Dragunsky est ce que l’on appelle une petite forme: économie de moyens et seul interprète. Le comédien-metteur en scène assure ainsi tous les rôles, passe des détenus aux bourreaux, incarne la peur, la soumission, le mépris avec une efficacité remarquable. La sobriété des décors et accessoires ne constituent pas un handicap mais au contraire une qualité. Ils ne font pas écran à la violence et à l’horreur des faits rapportés. Mario Dragunsky fait ainsi coup double: il signe un bel objet théâtral à l’utilité incontestable. Courez l’entendre!
Est-il un homme? Espace Théâtre Saint-Martial, 2 rue Henri Fabre, Avignon. 06 17 34 15 31. A 15.50. Jusqu’au 31 juillet.
Jean-Luc Bertet – Le Journal du Dimanche
lundi 11 juillet 2011
Vous remerciant encore d’avoir prit le chemin du théâtre où je joue te d’avoir écrit sur ce que j’ai fait, vous salue bien cordialement,
Mario Dragunsky